La santé, et plus particulièrement celle du futur, est clairement un axe stratégique pour Sigma qui a évolué en juin dernier vers le statut de « société à mission » pour notamment relever les défis à venir en matière d'innovation. Installé à La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique) depuis 1972, cet éditeur de logiciels en propre accompagne ce secteur sur des besoins d'externalisations de systèmes d'information.

« Le challenge de la santé du futur ? C'est la gestion des données. Il faut être en capacité de gérer en masse cette donnée, de la sécuriser, face à la multiplication des attaques informatiques, et de renforcer l'anonymisation des données de santé », souligne Frédéric Taesch, directeur des opérations pour les activités digitales au sein du groupe selon qui le numérique est déjà un outil indispensable à l'efficacité des établissements de santé. Et d'ajouter : « Tout l'enjeu de la santé de demain va être de créer des modèles informatiques fiables à partir de données (cliniques, biologiques...) provenant de différentes sources. »

Santé : 6 millions d'euros de chiffre d'affaires

Équipée de trois centres d'hébergement de données en région nantaise (La Chapelle-sur-Erdre, Carquefou, Orvault), cette ESN travaille sur l'infogérance (hébergement et stockage de données...) des établissements de santé depuis 2005. Elle est d'ailleurs l'une des premières à avoir été agréée (c'était en 2012) pour gérer les systèmes d'information des acteurs comme les hôpitaux ou cliniques privés et héberger les solutions d'éditeurs dans le secteur de la santé. L'entreprise porte également des réflexions fortes sur la data et la médecine « augmentée » et accompagne entre autres la modernisation informatique des fonctions supports (logistique, RH, finance ...).

Chez Sigma, le secteur de la santé représente six millions d'euros de chiffre d'affaires (75 millions d'euros de chiffre d'affaires au global) avec une équipe dédiée d'une dizaine de personnes (sur un effectif total de plus de 700 collaborateurs répartis sur cinq implantations à Nantes (siège social), Paris, Lyon, Strasbourg et Toulouse). Elle compte dans ce domaine 60 clients parmi lesquels des entreprises de technologie médicales (B.Braun...), des éditeurs de logiciels pour le médico-social (Ageval, BlueKanGo...), des Ehpad (Le Noble Age ....), des spécialistes du soin à domicile (Santé Cie) mais aussi des hôpitaux publics et des groupes de cliniques privées (Groupe ELSAN, CHU de Nantes, Groupe 3H).

Faire avancer la recherche

Déterminer le traitement le mieux adapté à chaque patient est un enjeu tant en matière de recherche que de soin. À l'ère de la recherche augmentée, Sigma mène dans ce domaine des collaborations avec des structures privées comme publiques, engagées dans les mutations de la santé. Par exemple, l'entreprise s'est associée au projet national KTD-Innov porté par les chercheurs du CHU de Nantes. « Ce projet qui a démarré en 2022 pour s'achever début 2024 vise à améliorer la compatibilité de la greffe de reins. » En analysant l'ensemble des données de santé récoltées par les chercheurs, l'entreprise participe au développement d'une application informatique qui vise, in fine, à améliorer le suivi des patients ayant bénéficié d'une transplantation rénale.

Depuis une dizaine de jours, l'entreprise participe également au programme baptisé « PRIMUS » (Projection in Multiple sclerosis) avec les équipes du CHU de Rennes, en partenariat avec le CHU de Nantes et un consortium de chercheurs, notamment internationaux, dans le cadre de l'appel à projets « Recherche hospitalo-universitaire en santé » (AAP RHU). Objectif : travailler sur l'amélioration de la prise en compte de la sclérose en plaque. « Nous aidons les chercheurs à gérer leurs données pour être le plus efficient et efficace possible dans les traitements qui sont à mettre en œuvre », explique Frédéric Taesch. Dans le cadre de ce projet qui sera mené sur l'année 2024, le but est de développer un outil d'aide à la décision médicale basé sur des algorithmes issus de l'intelligence artificielle et de mettre à disposition des neurologues les scenarii d'évolution de la maladie selon les choix thérapeutiques possibles. En somme, trouver le bon traitement pour le bon patient, au bon moment.

La digitalisation du parcours santé

Pour Sigma, la santé du futur doit répondre à un autre enjeu : favoriser plus de proximité entre les patients et les établissements de santé grâce au numérique et ainsi replacer le patient au cœur du dispositif de santé. « Si la recherche augmentée est importante, il ne faut pas oublier le patient qui veut avoir facilement accès à des documents et prendre des rendez-vous. Cela passe par la digitalisation de son parcours santé », explique Frédéric Taesch. A ce titre, Sigma est intervenu dans le développement de MyParcours, une application mobile qui vise à faciliter le parcours des patients et des aidants avant, pendant et après leur séjour en établissement de santé.

L'intelligence artificielle peut aussi apporter une fluidification dans la gestion des hôpitaux déjà sous tension. « Nous accompagnons actuellement une entreprise nantaise sur la refonte d'une application dédiée à la gestion des lits et des flux dans les hôpitaux, notamment, à destination des services d'urgence et de blocs opératoires afin que les personnels de santé puissent se recentrer sur leurs métiers. »

Entrepôt de données de santé : autre enjeu fort

Si le domaine de la recherche est un des axes de développement chez Sigma, il y a un autre sujet sur lequel l'entreprise se dit très investie : l'entrepôt de données de santé (EDS) qui révolutionne le secteur. Une solution technologique promise à un bel avenir, avec des développements en matière d'intelligence artificielle et d'analyse prédictive pour anticiper les besoins en soins et améliorer la prise en charge des patients. Un avenir auquel Sigma compte bien participer tout en prenant garde de ne pas exclure les personnes éloignées du numérique.