Médicaments génériques : la possible vente de Biogaran à des repreneurs indiens alarme le gouvernement

Le ministre délégué chargé de l'Industrie, Roland Lescure, a expliqué jeudi que l'Etat « suit et est très vigilant » sur une vente éventuelle de Biogaran, laboratoire de génériques et filiale du groupe Servier, qui détient un tiers du marché français. La mise en vente de Biogaran a été confirmée par le journal Les Echos mercredi.
Le laboratoire pharmaceutique Servier vend ses activités génériques. (photo d'illustration)
Le laboratoire pharmaceutique Servier vend ses activités génériques. (photo d'illustration) (Crédits : Reuters)

Biogaran, laboratoire de génériques et filiale du groupe Servier, est à vendre. La mise en vente a été enclenchée par Servier dès 2023, a assuré mercredi le journal Les Echos, confirmant une information donnée en décembre par la revue L'Informé. Parmi les quatre candidats en lice pour le rachat de Biogaran figurent deux génériqueurs indiens.

Le ministre délégué chargé de l'Industrie, Roland Lescure a expliqué ce jeudi 18 avril que l'Etat « suit et est très vigilant » sur une vente éventuelle de Biogaran, qui détient un tiers du marché français.

« Si un investisseur étranger souhaite acheter Biogaran, nous nous laissons la possibilité d'activer la procédure dite IEF (investissement étranger en France, NDLR) », a précisé le ministre devant la presse lors d'un déplacement dans la Sarthe, pour inaugurer une usine de gants à usage unique à Bessé-sur-Braye. Cette procédure permet de « contrôler les investissements réalisés par des entreprises étrangères en France dans des secteurs stratégiques ».

L'Etat veut « assurer notre souveraineté sanitaire »

Tandis que les rumeurs de vente de Biogaran, acteur majeur des génériques en France, enflent, Roland Lescure a affirmé la volonté de l'Etat de déterminer « les conditions nécessaires et proportionnées afin d'assurer notre souveraineté sanitaire ».

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Interrogé en février sur les rumeurs d'une éventuelle cession de sa filiale française Biogaran, le directeur financier de Servier, Pascal Lemaire, avait pourtant indiqué que Biogaran était « un très bel actif qui ne demande qu'à être développé ». Début avril, Servier avait fait savoir qu'il « ne commente pas les rumeurs ».

Dans un contexte de pénuries croissantes sur les médicaments, les fabricants de médicaments génériques, produits essentiels mais peu rentables, souffrent d'un modèle économique à bout de souffle, les tarifs fixés par les autorités sanitaires françaises étant selon eux parmi les plus faibles d'Europe.

Servier dans le rouge en 2022/2023

Le groupe pharmaceutique, deuxième laboratoire français, est ainsi repassé dans le rouge sur l'exercice 2022/2023, une perte principalement liée à sa condamnation par la cour d'appel du 20 décembre 2023 sur le dossier Mediator. Le groupe a enregistré une perte nette de 623 millions d'euros, après un bénéfice de 192 millions sur l'exercice 2021/22.

La décision de justice de décembre « génère une perte de 450 millions », a indiqué Pascal Lemaire, directeur financier lors de la présentation des résultats annuels. Lors de sa condamnation en appel, Servier a écopé d'une amende de plus de 9 millions d'euros et devra rembourser plus de 415 millions d'euros à la Sécurité sociale et aux mutuelles.

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Il a été reconnu coupable de tromperie aggravée, homicides et blessures involontaires, obtention frauduleuse d'autorisation administrative et escroquerie pour avoir commercialisé le Mediator, un antidiabétique utilisé comme coupe-faim à l'origine d'un des plus retentissants scandales de santé publique en France.

Le reste de sa perte sur l'exercice 2022/23 s'explique par le paiement « en anticipation » de versements complémentaires à Agios Pharmaceuticals, une biotech américaine qui lui a vendu en 2020 sa division oncologie. Ces versements sont dûs au titre du « succès clinique » de l'anticancéreux vorasidenib.

Le laboratoire s'est dit mercredi toutefois « confiant » dans sa capacité à atteindre ses objectifs pour 2025 : un chiffre d'affaires de 6 milliards d'euros et un excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 1,3 milliard d'euros.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 19/04/2024 à 9:08
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"Tout ces marchands de remèdes ! Ces marchands de santé ! Moi j'enverrais des faiseurs de maladies !" Nietzsche ^^

à écrit le 18/04/2024 à 21:43
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[ L'Etat veut "assurer notre souveraineté sanitaire" ] Vive la souveraineté française Made in China...

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