"Les feux du Nouveau Monde brillent pour Rosneft..."

Sur le papier, l'accord entre Rosneft et ExxonMobil est attrayant. Mais, à Moscou, on pointe les difficultés à surmonter pour que cette alliance puisse produire les résultats escomptés.
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Huit ans après avoir raté l'acquisition de 40 % de Yukos, ExxonMobil signe un accord stratégique avec Rosneft, la compagnie qui a dépecé Yukos. ExxonMobil se lance dans les traces de BP, qui a échoué au printemps dans un projet similaire. Vladimir Poutine, toujours prompt à se mettre en avant lorsqu'il s'agit de commenter de tels accords dans le secteur des hydrocarbures, laissant Dmitri Medvedev jouer les utilités, avancerait le chiffre mirobolant de 500 milliards de dollars d'investissements au titre de l'alliance conclue entre Rosneft et ExxonMobil.

« Les feux du Nouveau Monde brillent pour Rosneft », titre le quotidien « Kommersant ». Sur le papier, les deux groupes ont beaucoup à gagner de l'alliance, souligne-t-on dans la presse russe : ExxonMobil a besoin d'augmenter ses réserves, Rosneft de développer son potentiel technologique. Mais entre Russes et Américains, il reste à abattre un mur de défiance érigé par des décennies de rivalité à tous les niveaux. Valery Nesterov, spécialiste des hydrocarbures chez Troïka Dialov, s'interroge sur la manière dont le Congrès américain va accueillir la nouvelle, sachant combien le lobby pro-Yukos y reste influent. « Il n'y aura certainement pas moins de chahut dû à l'affaire Yukos que pendant le précédent accord entre BP et Rosneft. » Qui plus est, Nesterov met en doute que « Rosneft soit convié par ExxonMobil pour participer à des projets pétroliers étrangers simples, immédiatement très rentables et dénués de risques ».

Plus optimiste, Alexandre Razoubaïev, analyste chez Gallion Kapital, pense que la diplomatie russe s'est adoucie dans l'optique du partenariat avec les Américains : « Si le ministère des Affaires étrangères n'avait pas eu un comportement aussi mesuré, si nous nous étions fâchés avec Washington à propos de Kadhafi, cette transaction aurait eu peu de chance d'aboutir. » Le fait que la major russe soit détenue aujourd'hui à 75 % par le Kremlin garantit à Exxon un accès privilégié voire exclusif aux licences dans la zone arctique.

Par ailleurs, Moscou a, dès le lendemain de la signature, lancé des perquisitions dans les locaux moscovites de son malheureux prédécesseur, BP. Exxon sait désormais à quoi s'en tenir.

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