Clarisse Maillet, une femme de fer à la tête d'Aérométal

PORTRAIT. À 52 ans, la directrice générale d’Aérométal codirige l’entreprise qui recycle et valorise des métaux nobles issus des rebuts des industries médicale, aéronautique, spatiale, et nucléaire. Située à Gergy en Saône-et-Loire, la PME emploie près de 20 salariés. Depuis son arrivée, son chiffre d’affaires est passé de 1,8 million d’euros à 14 millions d’euros.
Clarisse Maillet, directrice générale d’Aérométal.
Clarisse Maillet, directrice générale d’Aérométal. (Crédits : DR)

Félicitée pour sa réussite professionnelle dans le secteur de l'industrie, Clarisse Maillet, modeste, ne peut s'empêcher de mentionner tout de suite une réussite collective. « Sans nos salariés, l'entreprise n'est rien ! ». Et pourtant, depuis qu'elle a pris en 2008 les rênes de l'entreprise spécialisée dans le recyclage de métaux purs avec son associé Davy Beloeil -le fils du fondateur-, Aérométal a surmonté les crises. L'entreprise est en croissance continue. Et pour cause : elle est passée de 5 à 20 salariés, tout en multipliant par cinq son chiffre d'affaires. Une performance qui a valu à l'entrepreneuse de faire partie, en 2019, du palmarès national Women Equity qui retient les 50 meilleures performances de femmes dirigeantes en termes de croissance et de rentabilité.

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 « J'ai eu la chance de rencontrer le fondateur d'Aérométal qui m'a tout de suite fait confiance lorsque j'y suis rentrée à 26 ans », confie Clarisse Maillet.

Créée en 1993, l'entreprise fonctionnait alors de manière plutôt artisanale, focalisée sur le recyclage de l'acier inoxydable, et un peu de métaux nobles. La première grande crise rencontrée par la PME est arrivée en 2008 avec la crise des subprimes, faisant chuter le cours des métaux et le chiffre d'affaires d'Aérométal. Durant toute crise, il y a des opportunités... Et quand le fondateur a décidé de passer la main, ce fut pour Clarisse Maillet, l'occasion de prendre les rênes de l'entreprise et d'envisager une diversification des activités.

« Avec mon associé, nous l'avons transformée pour atteindre une dimension industrielle. J'ai mis en place la structure administrative et sociale et lui, la structure commerciale et technique, précise la dirigeante. Le créateur de la société nous a laissé carte blanche. Il a su voir que nous avions une capacité à développer cette société. »

« Je voulais être Dominique »

La culture de l'entreprise ? Clarisse Maillet est tombée dans la marmite dès son plus jeune âge. Toute sa famille, originaire du Portugal, habitait un étage au-dessus d'une entreprise de travaux publics, à Dijon. Son père y était conducteur de travaux. Enfant, elle avait l'habitude de se balader dans les différents services. Son modèle, c'était la comptable. « Elle était indépendante, toujours bien habillée, célibataire, avec une jolie petite voiture. Je me disais, plus tard je voudrais être Dominique ! », se souvient, amusée, la dirigeante.

C'est donc tout naturellement, que Clarisse Maillet s'est orientée vers des études de gestion. En 1995, la jeune femme obtiendra son master en maîtrise de gestion à Belfort, où elle rencontrera son mari. Elle exercera en tant que contrôleuse de gestion durant quelques années dans une entreprise locale, avant de décider de se rapprocher de sa région natale, la Bourgogne.

« La pensée collective redonne à la femme toute sa place dans l'industrie »

Témoin de l'évolution de la place des femmes dans l'industrie, Clarisse Maillet, également première femme au poste de présidente à la CPME 71 depuis l'année dernière, se réjouit des changements de mentalités et des nouveaux courants de management qui se développent pour que les femmes s'épanouissent aussi dans ce secteur, encore très masculin.

« Quand j'ai démarré, j'ai entendu une fois : "rentrez chez vous pour vous occuper de vos enfants", car j'avais osé apporter une nouvelle idée !, se souvient-elle. Aujourd'hui, la pensée collective redonne à la femme toute sa place dans l'industrie à tous les niveaux », poursuit-elle.

Par exemple, dans de nombreux ateliers, les vestiaires sont mixtes. Ils n'avaient pas été pensés à l'époque pour accueillir les femmes. « Dans notre prochain bâtiment prévu en 2025 sur la zone industrielle Saôneor de Chalon-sur-Saône, nous avons prévu deux vestiaires bien distincts, afin que je puisse recruter des femmes en atelier », se réjouit Clarisse Maillet. Sur d'autres postes où il faut transporter des charges lourdes, des réflexions sont en cours pour adapter la charge ou trouver d'autres procédés pour soulever la charge.

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Vers une usine idéale

Dans la foulée de la crise du Covid, l'entrepreneuse et son associé ont su, une nouvelle fois, rebondir. Pour ce faire, ils ont diversifié leurs activités, notamment en se tournant vers l'industrie médicale. Une stratégie qui fonctionne bien, puisque l'entreprise n'a pas perdu de chiffres d'affaires. En 2021, le gouvernement annonce la reprise du nucléaire avec plusieurs commandes d'EPR2. Aérométal se retrouve ainsi à l'étroit à Gergy, avec ce secteur qui redémarre. La dirigeante qui prône un management participatif a alors demandé à tous ses salariés d'imaginer leur usine idéale.

« Lorsqu'ils sont venus avec un plan qu'ils avaient élaboré ensemble sur une feuille à carreaux, je me suis dit : "ça y est, nous avons une véritable équipe soudée !" », s'enthousiasme Clarisse Maillet.

Un plan collaboratif qui a conduit à créer une usine « verte autonome » avec des panneaux photovoltaïques. Les nouveaux locaux viendront renforcer la démarche environnementale de l'entreprise : affichant 904 tonnes de CO2 émises en 2021, l'idée est de s'orienter vers des pratiques 100% recyclables. Coût total de l'investissement : 8,5 millions d'euros.

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