Le coup de frein se poursuit sur les profits de TotalEnergies, après une année 2022 hors normes

La major française affiche au deuxième trimestre 2023 un juteux profit de 5 milliards de dollars, lequel est toutefois en recul de près de 50% en un an, en raison de la baisse des prix des hydrocarbures, après qu'ils aient atteint des niveaux record en 2022. La tendance pourrait toutefois de nouveau s'inverser lors de la seconde partie de l'année.
Juliette Raynal
Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies.
Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies. (Crédits : REUTERS/Charles Platiau)

La major pétrogazière a publié des résultats en retrait au titre du deuxième trimestre 2023 sous l'effet de la baisse des prix du gaz et du pétrole. Elle affiche ainsi un bénéfice de 4,09 milliards de dollars, contre 5,69 milliards de dollars pour la même période en 2022, qui avait été marquée par la flambée des prix de l'énergie suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Son résultat net ajusté, un indicateur de rentabilité très scruté par les acteurs du marché, s'établit quant à lui à 5 milliards de dollars, en recul de 49% sur un an et de 23% par rapport au premier trimestre de l'année, tandis que le consensus tablait sur une baisse de 21%.

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« Le gros de cette baisse provient de la division Integrated LNG et est directement liée à la baisse du prix du gaz naturel liquéfié (GNL) et des gains de trading », explique Ahmed Ben Salem, analyste pétrole et gaz chez Oddo. Le GNL se négociait, en effet, à 9,8 dollars/Mbtu (milliers d'unités thermiques britanniques, l'unité de référence) au deuxième trimestre, contre presque 14 dollars un an auparavant. Sur un an, le résultat net opérationnel de cette division consacrée à la production et au commerce du gaz naturel liquéfié chute ainsi de 40%.

« Une position très confortable »

Le géant des hydrocarbures avait déjà enregistré des résultats en retrait au premier trimestre de l'année. « Ce recul s'effectue à partir d'un point très haut. L'année 2022 avait été une année hors normes. TotalEnergies reste dans une position financière très confortable », relativise  Ahmed Ben Salem. L'an dernier avait, en effet, été une année exceptionnelle pour le groupe, avec un bénéfice net annuel de 20,5 milliards de dollars (19 milliards d'euros), son record absolu après ses 16 milliards de 2021.

Par ailleurs, les résultats de la major pourraient, de nouveau, se redresser au cours de la seconde partie de l'année alors que le prix du pétrole remonte. Mercredi, le baril de brent de la Mer du Nord se négociait à un prix élevé de 83,3 dollars. « Le prix du pétrole peut encore remonter, les pays membres de l'OPEP et l'Arabie Saoudite ayant trouvé un accord pour réduire la production de barils », note Ahmed Ben Salem.

Les prix de nouveau à la hausse en fin d'année ?

Les hypothèses sur le prix du GNL restent en revanche beaucoup plus incertaines, alors que son prix de vente moyen a chuté de près de 30% en un an, en raison notamment d'une demande plus faible liée aux stocks de gaz élevés sur le Vieux Continent. « Si l'Europe connaît un hiver normal et que la demande asiatique repart à la hausse, le prix du gaz pourrait de nouveau grimper », estime toutefois Ahmed Ben Salem.

Début juillet, lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, Patrick Pouyanné, le patron de la major, s'était montré d'ailleurs assez prudent sur le passage de l'hiver. « Oui, les stocks [de gaz, ndlr] seront pleins en octobre, mais si l'hiver est froid, il faudra rapporter du gaz naturel liquéfié », a-t-il prévenu, en se disant « un peu moins serein » qu'a pu l'exprimer son homologue d'EDF, Luc Rémont.

Mastodonte du GNL

Aujourd'hui, TotalEnergies est le numéro trois mondial du GNL, derrière Shell et Qatar Energie (qui n'est pas coté). Le GNL est un vecteur énergétique particulièrement convoité par le Vieux Continent depuis qu'il ne reçoit plus (ou presque) de gaz russe par pipeline. TotalEnergies est devenu le premier exportateur de GNL aux Etats-Unis et le premier importateur en Europe. « C'est là où la marge se fait », souligne l'analyste.

D'ici la fin de la décennie, le groupe prévoit ainsi que le GNL représente 40% de son mix de production. Pour ce faire, il investit massivement dans cette molécule. Le mois dernier, il s'est ainsi associé à l'américain NextDecade et à Global Infrastructure Partners dans le projet du terminal texan Rio Grande, une usine de liquéfaction de gaz.

De quoi exaspérer les ONG de défense de l'environnement, qui dénoncent des pratiques de « greenwashing », alors que le GNL reste une énergie fossile émettrice de CO2, un des principaux gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique. Une analyse du cabinet Carbone 4 montre d'ailleurs que l'empreinte carbone du GNL américain serait en moyenne 10% supérieure à celle du gaz russe, en raison des différentes étapes liées à son extraction et à son transport.

Sous le feu des critiques des ONG

Pour sa défense, TotalEnergies assure être l'un des plus gros investisseurs mondiaux dans les énergies renouvelables.« Quel groupe français investit plus que nous dans les énergies renouvelables ? 4 milliards en une année, nous faisons partie des cinq plus gros investisseurs au monde dans les énergies renouvelables », avait lancé Patrick Pouyanné, en novembre dernier devant des députés de la commission des Affaires étrangères. Dernière annonce en date : le rachat à 100% de sa filiale Total Eren (fruit du rapprochement, en 2017, des activités solaires de TotalEnergies et celles de la société Eren Re) pour 1,5 milliard d'euros. Aux côtés de BP, TotalEnergies a aussi récemment remporté le plus gros appel d'offres allemand pour la construction de parcs éoliens en mer.

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Outre la question climatique, la major française est aussi critiquée pour ses ambitions mercantiles. TotalEnergies est toujours le deuxième plus gros acheteur de gaz naturel liquéfié (GNL) russe, dénonce ce jeudi l'ONG Global Witness, qui appelle l'Europe à interdire ce commerce pour éviter d'alimenter « la machine de guerre » de Moscou.

(Avec AFP)

Juliette Raynal

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Commentaires 9
à écrit le 27/07/2023 à 17:29
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Réponse @tototiti Comme je disais le dividende total a un rendement de 4.55% sur un PEA ou un PEG net d'impôt Et encore vu que j'ai acheté ces actions au prix moyen de 40€ pour moi c'est du 6.1% et le dividende augmente chaque année alors que le t...

à écrit le 27/07/2023 à 14:39
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4 milliards de dollars de bénéfice sur un trimestre cela permet de garantir un dividende de 0.74€ par trimestre , bon rendement de 4.5% net sur un PEA ou un PEE, c'est mieux que le LA . Vive le pétrole et le GN

le 27/07/2023 à 16:18
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Ce n'est qu'une apparence. Le livret A est à 3 % mais sans aucun impôt et sans aucun risque. Le risque n'est pas cher payé.

le 29/07/2023 à 12:41
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Le problème avec le livret A est qu'il finance le logement social. Et le logement social est en train de détruire la France. Cf les émeutes récentes partout sur le territoire...

à écrit le 27/07/2023 à 14:26
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Des super pertes par rapport à la moyenne des deux derniers trimestres comme on dit chez les incompétents !!! Il faut une taxe de péréquation sur la cgt et sur les profs donc tolérantsvpour compenser ça a l'euro prêt, ça réduira les inégalités donc l...

à écrit le 27/07/2023 à 13:20
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On constate que le prix de la recharge électrique est au prix du diesel ou plus, cela sans les taxes de l'état. On est en droit de se poser des questions lors de la portabilité des taxes sur le carburant vers l'électrique. C'est drôle que les médias ...

le 27/07/2023 à 14:23
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euh si, si vous lisez mes posts ca fait plusieurs annees que je le mentionne!!!!! je vais vous faire un calcul a la volee....y a 70% de taxes sur l'essence, donc y aura 70% sur l'electricite, prenez votre facture regardez le cout energetique, multipl...

le 27/07/2023 à 15:59
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@Azerty. Ô bien vu, vous avez osé la question qui fâche et son pendant !👏 20/20

le 27/07/2023 à 16:21
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On ne dit plus voiture électrique, mais watture.

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