Dix millions d'euros pour les micro-batteries du Français I-Ten

La startup lyonnaise boucle une levée de fonds pour industrialiser la production de ses micro-batteries solides et rechargeables, dont il prévoit de fabriquer plusieurs dizaines de millions dès 2018.
Dominique Pialot
Fabien Gaben, fondateur et PDG d'I-Ten, inventeur de la microbatterie solide rechargeable

La loi de Moore n'est plus. Pendant 40 ans, le doublement de la puissance des processeurs tous les deux ans, prédit par le co-fondateur d'Intel Gordon Moore ne s'est jamais démenti. Et avec lui, l'explosion des consommations énergétiques accélérées encore par le développement des usages. Aujourd'hui, «  Avec la fin de la loi de Moore, la consommation des composants électroniques  a commencé à diminuer, observe Fabien Gaben fondateur et PDG d 'I-Ten On entre dans l'ère de « l'ultra-low power electronic ». C'est d'ailleurs ce qui rend de nombreuses applications accessibles à la micro-batterie solide et rechargeable développée par sa startup.

Une centaine de brevets

Fondée en 2011 par cet ancien d'Arcelor et Dassault, l'entreprise lyonnaise vient de boucler une levée de fonds de dix millions d'euros destinés à industrialiser sa fabrication. Protégées par une centaine de brevets dans le monde, ces batteries mises au point en collaboration avec l'ENS de Lyon et l'Université de Bourgogne, fabriquées par empilement d'électrodes en céramiques de quelques microns, ont de nombreux débouchés : horlogerie, santé, sécurité, défenses et autres internet des objets et capteurs. Des stimulateurs que Google voudrait un jour implanter dans nos organismes aux horloges en temps réel (aujourd'hui alimentées par des piles boutons leur assurant des autonomies disproportionnées) en passant par des cartes à puces à codes régénérés de façon automatique, des passeports biométriques ou encore la multitude de capteurs déployés notamment le long des réseaux électriques intelligents...les clients ne manquent pas.

Intégration simple à un process de fabrication automatisé

« A ce jour, la batterie n'a encore jamais été miniaturisée au point de pouvoir devenir un élément d'un circuit électronique au même titre qu'une micro-puce, affirme Fabien Gaben. » Avec des dimensions de un à cinq millimètres cubes pour des capacités comprises entre 100 et 1000 micro Ampères heure, la batterie I-Ten peut être implantée de façon automatisée en CMS (composant montable en surface). Autrement dit, elle peut être soudée lors d'un process automatique de fabrication, ce d'autant plus facilement qu'elle est résistante aux hautes températures. Ce qui lui confère par ailleurs une grande fiabilité, garante de son modèle économique. Elle vise en effet à remplacer notamment des batteries nécessitant aujourd'hui une maintenance nettement plus lourde. Cela élimine en outre les risques d'inflammation ou d'explosion tels que ceux récemment rencontrés par le Galaxy  S7 de Samsung. Cerise sur le gâteau, ne contenant ni métaux lourds, ni lithium, ni électrolytes liquides, la batterie ne nécessite aucun procédé de recyclage spécifique en dehors de celui utilisé pour les cartes électroniques.

« Dans un premier temps, nous visons en priorité le marché de l'internet des objets et de l'alimentation des capteurs déployés de plus en plus largement et fonctionnant sur le principe de "l'energy harvesting" » explique Fabien Gaben. Cette technologie, qui permet de recharger les batteries par une source extérieure telle que l'énergie solaire, éolienne, thermique, etc. rend notamment plus simple et économique l'équipement des réseaux électriques en capteurs rendus ainsi autonomes.

Le fondateur d'EDF Energies Nouvelles au tour de table

« A terme, nous pouvons atteindre des densités de puissance de 800 Wattheures par litre (Wh/l), qui permettent d'envisager des applications de plus grande taille, notamment dans la mobilité. » C'est sans doute ce qui a motivé Pâris Mouratoglou à participer au tour de table. Cet entrepreneur, fondateur en 1991 de la SIIF qui, revendue à EDF, devait donner naissance à EDF Energies Nouvelles, dirige aujourd'hui Eren, un groupe dédié à l'économie des ressources naturelles, qui accompagne le développement de technologies innovantes dans l'eau, l'énergie et les matériaux de base et qui développe, construit et opère des centrales éoliennes et solaires. Avec Habert Dassault Finances, qui investit dans des sociétés innovantes, il rejoint les fonds Demeter Partners, Innovacom et Kreaki, actionnaires historiques entrés au capital en 2014 pour un montant total de 3,2 millions d'euros.

Entretemps, I-Ten a été deux fois lauréate du concours mondial d'innovation (CMI), ce qui lui a permis de recevoir deux millions d'euros et d'être éligible aux fonds de 150 millions d'euros du Programme d'investissements d'avenir (PIA).

Une première tranche de six millions d'euros doit permettre de finaliser l'automatisation de la ligne de production pilote implantée dans une salle blanche à Champagne-au-Mont-d'Or, avec un objectif de production de plusieurs dizaines de millions de micro-batteries courant 2018 pour approvisionner des clients de référence. La seconde tranche sera essentiellement consacrée au développement de nouvelles générations de micro-batteries et de nouveaux formats destinés à répondre à d'autres usages.

Dominique Pialot

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 23/05/2017 à 11:57
Signaler
Des Starup comme on aimerait en voir plus souvent. C'est une révolution technologique et en dehors de l'aspect micro, c'est l'enjeu principal de beaucoup de secteurs d'activités. C'est aussi le problème principal à résoudre pour le secteur des vé...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.