Plus gros consommateur d'électricité en France, la SNCF entend devenir l'un des plus gros producteurs d'énergie solaire. Dans cette optique, elle vient de créer une filiale dédiée : SNCF renouvelables. La société ferroviaire, deuxième propriétaire foncier français après l'Etat, veut mettre à profit ses importantes réserves foncières en y déployant des capacités photovoltaïques, et atteindre, à terme, l'autosuffisance électrique. La volonté de Jean-Pierre Farandou, PDG du groupe SNCF, est d'assurer la sécurité de l'approvisionnement et de maîtriser le coût de l'électricité. À l'heure de la crise énergétique, ce sont des enjeux de taille pour un acteur dont la consommation électrique représente 1 à 2% de la consommation nationale.
« Avant la guerre en Ukraine, on ne se posait pas trop la question. On savait à peine ce que l'on consommait. Au total oui, mais pas par unité. On ne gérait pas cela très bien. Depuis le choc que l'on connaît, il y a eu un changement de paradigme complet. Maintenant, c'est un sujet. Les coûts ont plus que doublé de 2023 par rapport à 2022. Pour la seule SNCF Voyageurs (...) c'est plus de 700 millions d'euros », a exposé le dirigeant.
Un milliard d'euros d'investissements
La création de cette filiale nécessitera un investissement d'un milliard d'euros à l'horizon 2030, ce qui signifie 100 à 150 millions d'euros par an. Ce qui n'est « pas inaccessible », explique Jean-Pierre Farandou. D'autant plus que la SNCF ne sera pas seule à supporter ces coûts, elle pourra compter sur l'aide de partenaires industriels, financiers ou encore sur des collectivités. Les gains générés par SNCF Renouvelables permettront de financer l'entretien et la modernisation des infrastructures ferroviaires, précise la SNCF.
Le photovoltaïque n'est pas une nouveauté pour la SNCF, qui, jusqu'à présent, louait ses terrains à des producteurs d'énergie solaire qui en récoltaient les bénéfices. Mais ce modèle ne « plaît pas » au président du groupe. « Ça ne peut pas être un modèle stratégique. On veut être producteur pour avoir le bénéfice de nos investissements. On change de posture. On n'est plus des loueurs de terrain, on produit de l'électricité » a-t-il expliqué. « SNCF Renouvelables, c'est aussi un peu renouveler la SNCF. On ose voir grand, c'est l'époque des ruptures » fait-il valoir.
Dans un premier temps, la SNCF vise l'installation de panneaux photovoltaïques sur 1.000 hectares de son foncier, pour une capacité installée de 1.000 mégawatts-crête (MWc) d'ici à 2030, soit, peu ou prou, la puissance d'un réacteur nucléaire. Les panneaux photovoltaïques seront installés dans toutes les régions sur les infrastructures de la SNCF (toits des gares, des entrepôts, parkings, etc).
Cette énergie solaire doit permettre au groupe de satisfaire 15% à 20% de ses besoins en électricité tandis qu'il consomme 9 térawattheures par an (8 pour la traction de ses trains et le reste pour l'approvisionnement de ses bâtiments industriels et commerciaux). Les électrons produits devraient surtout couvrir les besoins des bâtiments. « Pour les engins de traction, ça ne marchera pas car il y a un appel de puissance très fort le matin et le soir », a précisé le patron de l'entreprise.
Le groupe, premier consommateur industriel tricolore, continuera donc à s'approvisionner en parallèle sur les marchés. Il est aussi en discussion avec EDF afin de conclure un contrat d'approvisionnement de long terme, lui permettant de négocier un prix du mégawattheure attractif sur une longue période.
L'autosuffisance électrique pour 2050 ?
Ce n'est qu'à l'horizon 2050 que la SNCF se fixe un objectif d'autosuffisance, lequel devrait être atteint par l'exploitation de 10.000 hectares de foncier. Dans cette optique, l'entreprise mise sur le déploiement de panneaux solaires longitudinaux et verticaux, qui pourront être installés le long de voies non circulées.
Pour Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, c'est « un effort sans précédent pour la décarbonation « que fait la SNCF, acteur central de la transition écologique et de la décarbonation ».
Quant à une éventuelle répercussion de ces mesures sur les prix des billets de train, le PDG du groupe se veut rassurant. « Si on maîtrise le coût de l'énergie, on maîtrise le coût du billet », affirme-t-il.
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