Energies renouvelables : Bureau Veritas fait sa mue face aux enjeux du dérèglement climatique

Qualifié pour tester, valider et certifier la quasi-totalité des projets de parcs éoliens français, Bureau Veritas a fait un cas d’école du premier parc éolien français mis en service en novembre dernier au large de la Turballe. L'expertise acquise au cours d’un des plus longs chantiers opérés par Bureau Veritas lui permet de capitaliser sur ces savoir-faire pour se positionner sur les prometteurs marchés du photovoltaïque et de la production d’hydrogène vert.
Durant dix ans, Bureau Véritas a testé, validé et certifié, les opérations de construction, d'exploitation et de maintenance du parc éolien du banc de Guérande.
Durant dix ans, Bureau Véritas a testé, validé et certifié, les opérations de construction, d'exploitation et de maintenance du parc éolien du banc de Guérande. (Crédits : Frédéric Thual)

S'il est, aujourd'hui, entre autres, un lieu de villégiature et de curiosité prisé par les banquiers et les Américains en goguette à la Turballe, le parc éolien du banc de Guérande a, durant dix ans, été le terrain de jeu de Bureau Veritas (BV), chargé de tester, inspecter et certifier la construction et l'exploitation du premier parc éolien français.

Une mission nouvelle pour les hommes du BV pourtant aguerris par la certification des géants des mers construits par les Chantiers de l'Atlantique, d'usines en tout genre à travers le monde ou de plateformes pétrolières. « On a appris les contraintes du gigantisme. Chaque mat est une petite usine », résume Jacques Matillon, président directeur général de Bureau Veritas Construction, qui a suivi et certifié la fabrication, le transport, la pose et l'installation des fondations jusqu'aux pièces de transitions où sont greffés les mats, haut de 180 mètres.

Sur ce parc, mis en service en novembre 2022, située à douze kilomètres des côtes, étendu sur 78 km², composé de 80 éoliennes de 6 MW capables de produire l'équivalent 20% de la consommation d'électricité de la population de la Loire-Atlantique, chaque boulon, chaque composant, chaque matériau a été disséqué par l'organisme certificateur, retenu par EDF Energie Renouvelable et le fabricant d'éoliennes General Electric. Le chantier aura duré dix ans et contribuera à faire émerger un nouveau métier au sein de Bureau Veritas (82.000 personnes), société française, créée 1828 pour classifier les navires. Depuis, l'entreprise, présente dans cent-quarante pays, a très largement diversifié ses expertises. Jusqu'à ce que les perturbations climatiques viennent enrayer cette belle mécanique.

« A terre, on savait faire, mais en mer... »

Amené à accompagner les transformations sociétales depuis deux cents ans, Bureau Veritas s'est, ces dernières années, focalisé sur le digital, les habitudes de consommation et surtout le dérèglement climatique qui entraîne l'arrivée de nouvelles technologies dans les productions d'énergies alternatives, la traçabilité des chaines d'approvisionnement, la rénovation énergétique ou les nouvelles mobilités. « Dans ces mutations, le projet de parc éolien de Guérande est l'illustration du changement climatique et des transitions énergétiques en cours qui réclament un tiers de confiance pour garantir le respect des standards, des normes, des règlementations et s'assurer qu'il n'y est aucun risque pendant la construction et l'exploitation et que la production tienne ses engagements», rappelle  David Carle, directeur général de Bureau Veritas Exploitation, l'une des quatre filiales (Certification, Construction, Exploitation, Solutions) de Bureau Veritas France (8.000 personnes). « A terre, on savait faire. Mais en mer, où les réglementations françaises étaient beaucoup moins développées, c'est tout de suite devenu plus complexe. En raison aussi des conditions de sécurité propre à l'offshore », reconnaît-il. Pour ce faire, BV est intervenu très en amont du projet. Sur les plans, en constituant des bases documentaires d'assistance et des recueils réglementaires pour EDF Re. «  Et en dix ans, le contexte réglementaire a beaucoup évolué et continue de bouger», note Jacques Matillon.

Parc éolien du banc de Guérande

« L'accostage des navires d'avitaillement pour la maintenance est protocolisé et certifié pour garantir la sécurité des interventions - Photo  Frédéric Thual »

Un contrôle annuel de l'exploitation

Que ce soit pour vérifier les mats construits à Ostende en Belgique, leur transport, leur assemblage, le type de fondation choisi, posé, enterré ou flottant, le fonctionnement des ascenseurs qui grimpent dans les mats, le risque de foudre sur les pales... des process ont été établis pour chaque opération de construction et d'exploitation de manière à garantir l'intégrité des ouvrages métalliques soumis à la corrosion du vent et du sel, et un usage sans risque. « Chaque sortie en mer imposait une semaine de formation préalable selon les missions à effectuer. Pour qu'un bateau puisse accoster au pied des mats, par exemple, il a fallu bâtir des protocoles, prévoir des lignes de vie... qui assurent leur rôle dans le temps », explique David Carle. BV a recruté et est allé chercher des compétences spécifiques en mécanique, en électricité, en sécurité, des spécialistes des bétons, des ouvrages d'art et de l'Oil & Gas pour composer une équipe opérationnelle de 20 à 30 personnes. Mais au total, parmi les 5500 personnes de Bureau Veritas Exploitation, on estime que 2.700 d'entre-eux ont été concernés d'une manière ou d'une autre par l'éolien offshore. L'équipe formée en Pays de la Loire devrait progressivement monter en puissance pour atteindre un objectif de 100 personnes. Une partie des équipes de Bureau Veritas Exploitation continuera de contrôler, une fois par an, l'intégrité des opérations de maintenance des installations du parc éolien du banc de Guérande dont la durée de vie est estimée à 25 ans.

Parc eolien du banc de Guérande

Premier site français à être mis en service, le parc éolien du banc de Guérande dispose d'un capacité de production de 480 MW - Photo/F.Thual)

Cap sur l'hydrogène

L'équipe est, quant à elle, aujourd'hui déployée sur les parcs de Fécamp en Normandie et les trois projets flottants de Sud Méditerranée (EDF Re, Ocean Winds, Qair et Total Energies). Puis, le sera sur les champs de Saint-Brieuc en 2025, Courseulles-sur-Mer en 2026, Yeu-Noirmoutier en 2027/2028 et Dieppe-Le Tréport. « Cela représente un petit pourcentage des parcs construits dans le monde mais un potentiel très important », remarque David Carle. Mais c'est surtout sur le prometteur marché de l'hydrogène, que Bureau Veritas, membre du Conseil de l'Hydrogène, et déjà engagé sur quelques projets, avec le producteur d'hydrogène vert Lhyfe notamment, entend devenir un tiers de confiance et mettre à profit l'expertise acquise dans l'éolien offshore. « Et là, que ce soit pour la fabrication, le transport ou les usages, chaque partie est un monde à lui-seul !», souligne Jacques Matillon.

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