Nucléaire : encore un retard pour l'EPR d'Olkiluoto-3 en Finlande

La production d'électricité du réacteur nucléaire EPR d'Olkiluoto-3, construit par le consortium Areva-Siemens, est à nouveau reportée et commencera en mars, au lieu de fin février, a annoncé samedi l'électricien finlandais TVO. Il y a dix jours déjà, TVO avait annoncé un retard d'un mois.

Nouveau retard à l'allumage. Une dizaine de jours après avoir reporté d'un mois la production d'électricité du réacteur nucléaire EPR d'Olkiluoto-3 à fin février, l'électricien finlandais TVO a annoncé ce samedi un nouveau retard d'un mois en raison de modifications à apporter à l'automatisation de l'unité de production, en particulier aux fonctions de contrôle liées à l'îlot turbine". La production du réacteur construit par le consortium Areva-Siemens commencera en mars. Pour rappel, le réacteur nucléaire avait démarré fin décembre pour la première fois, avec plus de douze ans de retard par rapport à la date initiale.

"Les modifications et les tests prennent plus de temps que prévu et nous devons en conséquence actualiser le calendrier", a expliqué TVO. Une mise en service normale est attendue en juillet 2022.

Cette annonce intervient un mois après celle concernant un énième retard de l'EPR de Flamanville, censé démarrer en 2023.

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Olkiluoto-3 doit fournir 15% de la consommation de la Finlande

Une fois en opération, l'EPR finlandais, le premier réacteur nucléaire à avoir été commandé dans l'Union européenne depuis Tchernobyl, va devenir le plus puissant réacteur en opération en Europe. Avec une capacité de production de 1.650 mégawatts, il doit fournir environ 15% de la consommation de la Finlande. Avant lui, seuls deux réacteurs EPR sont entrés en fonctionnement dans le monde, ceux de la centrale de Taishan en Chine, dont la construction avait d'ailleurs débuté après. Pour rappel, le réacteur numéro 1 de la centrale chinoise, située près de Hong Kong, est à l'arrêt depuis juillet après un incident, qualifié de "courant" par Pékin.

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Après le chargement du combustible dans le réacteur en mars 2021, le gendarme finlandais du nucléaire avait autorisé le démarrage d'Olkiluoto-3 en décembre. Conçu pour relancer l'énergie nucléaire après la catastrophe de Tchernobyl en 1986, notamment grâce à une considérable structure de béton et des améliorations de sûreté, l'EPR a rencontré d'importants problèmes de construction, notamment en Finlande mais aussi à Flamanville en France.

 Tensions avec Areva

A Olkiluoto, ces difficultés ont entraîné de longues et vives tensions entre TVO, Areva et l'autorité finlandaise du nucléaire, la Stuk. TVO avait signé en mars 2019 un accord pour mettre fin au contentieux, prévoyant qu'une indemnisation de 450 millions d'euros lui soit versée. Le Covid-19 avait à son tour provoqué de nouveaux retards sur le chantier finlandais, sur un site où deux anciens réacteurs sont déjà en opération.

Lancée en 1992, la technologie EPR a été codéveloppée par le français Areva et l'allemand Siemens au sein de leur filiale commune, dont Siemens s'est depuis retiré. EDF a finalement pris le contrôle de l'activité lors de la réorganisation de la filière nucléaire française orchestrée par l'État.

Les déboires et dérapages financiers du chantier finlandais, synonymes de milliards d'euros de pertes, ont provoqué la réorganisation complète d'Areva, dont les activités principales ont donné naissance à Orano et Framatome (filiale d'EDF). Seule reste Areva SA, une structure dont le but essentiel est d'achever Olkiluoto-3. Conçu pour fonctionner pendant 60 ans, l'"European Pressurized Water Reactor" se fonde sur la technologie des réacteurs à eau sous pression, la plus utilisée dans le monde.

Si les problèmes de l'EPR puis la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011 ont freiné les espoirs d'une "renaissance", l'énergie nucléaire, qui émet peu de CO2, voit ses perspectives s'améliorer de nouveau. Signe d'une conjoncture plus favorable, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a relevé cette année ses projections pour la première fois depuis Fukushima, prévoyant désormais un doublement de la puissance nucléaire installée d'ici à 2050 dans le scénario le plus favorable. De son côté, Bruxelles a accordé le "label vert" pour permettre à ses opérateurs de bénéficier de conditions de financement aussi favorables que ceux accordés pour développer les énergies renouvelables.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 15/02/2022 à 12:07
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Centrale nucléaire Made in France, ha ha ha ha

à écrit le 14/02/2022 à 14:29
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Le nucléaire aussi vert que les renouvelables et le gaz ? Alors vive le low tech, l'huile de coude, le local... Bref la sobriété contre l'ébriété énergétique. C'est un chemin qui me fait personnellement moins peur que la poursuite du nucléaire et l'i...

à écrit le 14/02/2022 à 10:32
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Nexus, Un petit correctif:La politique, le politique, les partis politiques constituent un "univers de représentation": c'est ce que j'ai retenu, entre autres,de mes cours de science politique: on tue, on du moins on essaie, symboliquement, le plus s...

à écrit le 14/02/2022 à 2:56
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Apres mars, ce sera avril. Quand ca veut pas... le savoir faire francais.

à écrit le 14/02/2022 à 1:10
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En France comme avec les partis politiques lorsque cela sent mauvais ,nous changeons de nom en espérant brouiller les pistes (Orano ,aurano ,oreo) ..simple et pas coûteux rusé le renard . 12 ans de retard ! Cela ne donne pas envie de la démarrer ...

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