Alors que le prix de l'électricité flambe en France, une nouvelle offre pourrait, à première vue, séduire le consommateur : l'offre d'électricité à tarification dynamique. Connectée au compteur Linky, elle transmet aux consommateurs les signaux de prix du marché de gros, leur permettant de disposer d'une information en direct et donc d'ajuster au plus près leur consommation en fonction du coût actuel. De quoi faire des économies pour les usagers, estiment les fournisseurs, mais elle peut aussi se traduire par de brusques hausses de tarif.
L'entreprise danoise Barry ainsi que les supermarchés Leclerc proposent déjà ce mode de consommation. Ces fournisseurs devraient être rapidement suivis par de nombreux acteurs en raison d'une directive européenne, en date de 2019, qui obligera tout gros fournisseur comptant plus de 200.000 sites à en proposer. Cette directive vise ainsi à garantir le droit de tout consommateur qui le souhaite et équipé d'un compteur communiquant de souscrire à une offre à tarification dynamique pour valoriser sa flexibilité. Au plus tard le 1er juillet 2023, tous fournisseurs concernés devront proposer cette tarification.
Un consommateur-acteur pour jouer sur les prix
Mais avant la généralisation de ces offres, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) met en garde : "en optant pour une offre à tarification dynamique, les consommateurs doivent être conscients qu'ils s'exposent potentiellement à d'importantes hausses de factures s'ils ne sont pas capables d'adapter leur consommation en fonction des variations de prix de l'électricité".
Pour la CRE, un consommateur doit donc être capable de "réduire sa consommation au maximum lors des pics de prix (généralement en période de froid intense)" et pendant le reste de l'année, "de transférer une partie de sa consommation vers les moments de la journée où les prix sont le moins élevés."
En début d'année 2021, le médiateur national de l'énergie avait déjà alerté sur les risques de ces contrats :
"On va faire miroiter aux clients une évolution des prix de marché à la baisse. Mais en réalité, les clients (...) vont être exposés à la volatilité du marché de gros" détaillait alors Olivier Challan Belval, Médiateur national de l'énergie. "L'offre revient donc à reporter sur le consommateur le risque portant sur le coût d'approvisionnement en énergie du fournisseur. Il est peu probable que ce type d'offres apporte au final un véritable gain aux consommateurs ; bien au contraire, il risque de les mettre en défaut. Ce qui s'est passé cet hiver au Texas (États-Unis) devrait faire réfléchir..." avait-t-il expliqué.
Un encadrement commercial strict
C'est dans ce contexte de risque pour le consommateur que la CRE a entamé des travaux pour encadrer au mieux cette offre. Après une concertation publique lancée en juillet 2020, elle explique que "l'information du consommateur sera un enjeu capital pour un développement serein de la tarification dynamique", dans un communiqué publié mercredi 16 juin. Elle vise pour cela un "encadrement strict" des offres commerciales.
La CRE donne des pistes de travail. Les offres des fournisseurs devront être basées sur des indicateurs lisibles :
- Un prix de l'énergie indexé au moins à 50% sur un ou plusieurs indices de marché comptant (marché journalier ou infra-journalier) ;
- Un prix qui reflète les variations de prix de marché a minima au pas horaire ;
- Un prix assorti d'un plafond de facture mensuelle HT égal au double de la facture mensuelle HT que le consommateur concerné aurait payé au tarif réglementé base correspondant (même puissance souscrite).
"Cette définition n'empêche pas les fournisseurs de proposer, en complément, d'autres offres à tarification dynamique qui répondraient différemment aux attentes de leurs clients", poursuit la CRE.
Le régulateur annonce également que l'avertissement d'un risque de flambée de la facture "devra figurer sur le contrat au-dessus de la signature du client." Il rendra également un avis sur l'arrêté conjoint des ministres chargés de l'énergie et de la consommation encadrant l'information du consommateur par le fournisseur et "opérera un suivi du développement des offres à tarification dynamique afin de mesurer leur efficacité et leur essor sur le marché de détail".
Un levier pour la transition énergétique et les énergies renouvelables
La CRE n'y voit toutefois pas que des inconvénients : ces offres "valorisent la flexibilité de certains consommateurs" et représentent "des outils au service de la transition énergétique dont pourront profiter les consommateurs en capacité de moduler leur consommation".
Les consommateurs qui peuvent reporter leur consommation en fonction des prix aident en effet à maintenir l'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité. Cela facilite "le développement des énergies renouvelables non pilotables, dont la production oscille selon le vent ou le soleil," souligne ainsi la CRE.
(avec AFP)
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