Prix dynamique de l'électricité : le régulateur avertit sur un risque de hausse des factures

Ces offres individuelles, qui s'ajustent en direct sur le prix de gros de l'électricité, vont se multiplier en France d'ici 2023. Mais la Commission de régulation de l'énergie (CRE) relève un risque pour le consommateur d'une telle offre dynamique, qui pourrait faire exploser leur facture, sans une bonne information de la part des fournisseurs. Le régulateur veut donc encadrer strictement ces offres en définissant notamment des critères lisibles.
Pour la CRE, un consommateur doit donc être capable de réduire sa consommation au maximum lors des pics de prix (généralement en période de froid intense) et pendant le reste de l'année, de transférer une partie de sa consommation vers les moments de la journée où les prix sont le moins élevés.
Pour la CRE, un consommateur doit donc être capable de "réduire sa consommation au maximum lors des pics de prix (généralement en période de froid intense)" et pendant le reste de l'année, "de transférer une partie de sa consommation vers les moments de la journée où les prix sont le moins élevés." (Crédits : Reuters)

Alors que le prix de l'électricité flambe en France, une nouvelle offre pourrait, à première vue, séduire le consommateur : l'offre d'électricité à tarification dynamique. Connectée au compteur Linky, elle transmet aux consommateurs les signaux de prix du marché de gros, leur permettant de disposer d'une information en direct et donc d'ajuster au plus près leur consommation en fonction du coût actuel. De quoi faire des économies pour les usagers, estiment les fournisseurs, mais elle peut aussi se traduire par de brusques hausses de tarif.

L'entreprise danoise Barry ainsi que les supermarchés Leclerc proposent déjà ce mode de consommation. Ces fournisseurs devraient être rapidement suivis par de nombreux acteurs en raison d'une directive européenne, en date de 2019, qui obligera tout gros fournisseur comptant plus de 200.000 sites à en proposer. Cette directive vise ainsi à garantir le droit de tout consommateur qui le souhaite et équipé d'un compteur communiquant de souscrire à une offre à tarification dynamique pour valoriser sa flexibilité. Au plus tard le 1er juillet 2023, tous fournisseurs concernés devront proposer cette tarification.

Un consommateur-acteur pour jouer sur les prix

Mais avant la généralisation de ces offres, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) met en garde : "en optant pour une offre à tarification dynamique, les consommateurs doivent être conscients qu'ils s'exposent potentiellement à d'importantes hausses de factures s'ils ne sont pas capables d'adapter leur consommation en fonction des variations de prix de l'électricité".

Pour la CRE, un consommateur doit donc être capable de "réduire sa consommation au maximum lors des pics de prix (généralement en période de froid intense)" et pendant le reste de l'année, "de transférer une partie de sa consommation vers les moments de la journée où les prix sont le moins élevés."

En début d'année 2021, le médiateur national de l'énergie avait déjà alerté sur les risques de ces contrats :

"On va faire miroiter aux clients une évolution des prix de marché à la baisse. Mais en réalité, les clients (...) vont être exposés à la volatilité du marché de gros" détaillait alors Olivier Challan Belval, Médiateur national de l'énergie. "L'offre revient donc à reporter sur le consommateur le risque portant sur le coût d'approvisionnement en énergie du fournisseur. Il est peu probable que ce type d'offres apporte au final un véritable gain aux consommateurs ; bien au contraire, il risque de les mettre en défaut. Ce qui s'est passé cet hiver au Texas (États-Unis) devrait faire réfléchir..." avait-t-il expliqué.

Un encadrement commercial strict

C'est dans ce contexte de risque pour le consommateur que la CRE a entamé des travaux pour encadrer au mieux cette offre. Après une concertation publique lancée en juillet 2020, elle explique que "l'information du consommateur sera un enjeu capital pour un développement serein de la tarification dynamique", dans un communiqué publié mercredi 16 juin. Elle vise pour cela un "encadrement strict" des offres commerciales.

Lire aussi 3 mnPrix de l'électricité: l'UFC-Que Choisir veut une "halte à l'escalade fiscale"

La CRE donne des pistes de travail. Les offres des fournisseurs devront être basées sur des indicateurs lisibles :

  • Un prix de l'énergie indexé au moins à 50% sur un ou plusieurs indices de marché comptant (marché journalier ou infra-journalier) ;
  • Un prix qui reflète les variations de prix de marché a minima au pas horaire ;
  • Un prix assorti d'un plafond de facture mensuelle HT égal au double de la facture mensuelle HT que le consommateur concerné aurait payé au tarif réglementé base correspondant (même puissance souscrite).

"Cette définition n'empêche pas les fournisseurs de proposer, en complément, d'autres offres à tarification dynamique qui répondraient différemment aux attentes de leurs clients", poursuit la CRE.

Le régulateur annonce également que l'avertissement d'un risque de flambée de la facture "devra figurer sur le contrat au-dessus de la signature du client." Il rendra également un avis sur l'arrêté conjoint des ministres chargés de l'énergie et de la consommation encadrant l'information du consommateur par le fournisseur et "opérera un suivi du développement des offres à tarification dynamique afin de mesurer leur efficacité et leur essor sur le marché de détail".

Un levier pour la transition énergétique et les énergies renouvelables

La CRE n'y voit toutefois pas que des inconvénients : ces offres "valorisent la flexibilité de certains consommateurs" et représentent "des outils au service de la transition énergétique dont pourront profiter les consommateurs en capacité de moduler leur consommation".

Les consommateurs qui peuvent reporter leur consommation en fonction des prix aident en effet à maintenir l'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité. Cela facilite "le développement des énergies renouvelables non pilotables, dont la production oscille selon le vent ou le soleil," souligne ainsi la CRE.

(avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 17/06/2021 à 2:19
Signaler
On prépare les français à payer pour les "investissements" de EDF en Chine... belle démocrassie française qui subventionne les réacteurs nucléaires d'un état totalitaire!

à écrit le 16/06/2021 à 20:03
Signaler
Nos factures ont déjà explosé, doit on s'attendre donc à une nouvelle explosion ? Mais ils en font quoi du fric ils le mangent ?

à écrit le 16/06/2021 à 16:07
Signaler
Électricité, gaz , essence etc..., les prix montent et pendant ce temps là, les salaires et les pensions stagnent. L'État ponctionne trop sur les français , il serait temps de réformer les finances publiques qui absorbent 60 % du PIB.

à écrit le 16/06/2021 à 15:15
Signaler
quand tout le monde branchera sa voiture electrique a 19.00, les tarifs variables referont les ajustements et ceux qui ne veulent pas comprendre paieront 5 fois le prix; alors ils regretteront le thermique ou le prix ne change que tous les jours en s...

à écrit le 16/06/2021 à 14:48
Signaler
On veut toujours vous rassurez sur l'alimentation électrique de vos véhicules mais pas des tarifs qui seront appliqués!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.