Masques, gel... : les entreprises augmentent très fortement la production Made in France

Les sites de production de masques, de gel hydroalcoolique, de respirateurs, de matériels médicaux consommables ont fleuri ces dernières semaines en France. En peu de temps, la production de masques a triplé en France et celle de gel hydroalcoolique a été multiplié par 10.
Michel Cabirol
Au début de la crise du Covid-19, les besoins étaient dix fois supérieurs à la production française, fait observer le directeur général de France Industrie Vincent Moulin Wright. Depuis, la France a triplé la production de masques
"Au début de la crise du Covid-19, les besoins étaient dix fois supérieurs à la production française, fait observer le directeur général de France Industrie Vincent Moulin Wright. Depuis, la France a triplé la production de masques" (Crédits : ANN WANG)

Comme quoi, les entreprises françaises, peuvent se mobiliser et être très réactives dans une situation complètement inédite. De nombreux industriels tricolores ont reconverti en très peu de temps leur outil de production pour se lancer dans la fabrication de masques de protection, de gel hydroalcoolique, de matériels médicaux comme les respirateurs, ou de consommables pour le secteur de la santé (blouses, seringues, charlottes, lunettes...). Selon le directeur général de France Industrie, Vincent Moulin Wright, les cadences de production se sont fortement renforcées en peu de temps dans les usines qui en produisaient, et des usines ont modifié leurs lignes de production pour répondre aux pénuries.

"La crise Covid 19 aura démontré que le secteur industriel demeure la clé de voûte d'une économie, et au-delà, un formidable gisement de solutions technologiques et d'innovations pour parer les ravages des crises, qu'elles soient sanitaires, climatiques ou écologiques", estime Vincent Moulin Wright

Multiplication des sites de production de gel hydroalcoolique

En quelques semaines, la production de gel hydroalcoolique est passée en France de 50.000 litres par jour avant la crise déclenchée par le Covid-19 à plus de 500.000 litres, confie à La Tribune Vincent Moulin Wright, l'organisation professionnelle représentative de l'industrie en France. "On devrait atteindre rapidement le point d'équilibre entre la demande et l'offre", précise-t-il. Un grand écart industriel incroyable. Car en moyenne, la consommation annuelle dans la grande distribution atteint à peine 450.000 litres (pour 11 millions d'euros de chiffre d'affaires), et 4 millions dans les hôpitaux. La solidarité, mais aussi l'opportunité de rouvrir des usines de production dans un contexte extrêmement déprimé a permis de démultiplier les sites de production de gel hydroalcoolique.

Des entreprises du luxe et de cosmétiques aux entreprises de la chimie, de détergents et de produits de désinfection, en passant par les entreprises alimentaires, les fabricants de peinture ou d'alcool (Bio éthanol), ont reconverti une partie de leur outil de production pour fabriquer du gel hydroalcoolique, qui avait trop vite disparu des stocks de pharmacies et de la grande distribution dès le début de la crise. Ainsi, les groupes de luxe LVMH et L'Oréal ont été les premiers à se lancer, puis Shiseido a remis dès la fin mars en route des usines situées dans le Loiret pour produire du gel hydroalcoolique. Le groupe britannique Ineos du milliardaire Jim Ratcliffe doit de façon imminente ouvrir une unité de production de gel hydroalcoolique dans le complexe pétrochimique de Lavéra dans le sud de la France. C'est aussi le cas de la filière chimie où de nombreuses entreprises (grands groupes, ETI et PME) se sont mises en capacité de produire un total de 100.000 litres par jour, soit environ l'équivalent des besoins de 100 hôpitaux publics de couverture régionale.

Par ailleurs, les producteurs français d'alcool agricole comme Tereos se sont mobilisés pour satisfaire la demande des fabricants de gels hydro-alcooliques. La principale substance active biocide utilisée pour la fabrication de ces gels est l'alcool éthylique (ou éthanol) dont la France est le premier producteur en Europe (25% des volumes) : 1,8 milliard de litres chaque année, soit près de 5 millions de litres par jour.

Masques : triplement de la production "Made in France"

Pour les masques, la production a également très fortement augmenté grâce à la mobilisation des entreprises. Mais la France est partie de loin, de trop loin pour atteindre un point d'équilibre entre la demande et l'offre. "Au début de la crise du Covid-19, les besoins étaient dix fois supérieurs à la production française, fait observer Vincent Moulin Wright. Depuis, la France a triplé la production de masques". La production de masques FFP1 et 2 "Made in France" s'élevait avant la crise à 3 millions par semaine. Elle était assurée par seulement quatre entreprises qui peinait face à une concurrence asiatique plus compétitive car produisant des milliards de masques.

"La production a déjà doublé, précise le directeur général de France Industrie. Elle devrait atteindre 10 millions de masques par semaine à terme via de nouvelles lignes de production mise en route. Les machines permettant la fabrication de masques sont également françaises, issues du groupe CERA Engineering près de Saint Étienne, qui accroît aussi ses cadences".

D'anciens fabricants ont rouvert des lignes et de nouveaux industriels ont multiplié les initiatives ces dernières semaines. Le groupe Michelin va lancer la production d'une nouvelle génération de masques FFP2, à base de caoutchouc et à destination du milieu hospitalier. Le groupe espère en produire quelques millions. De même, l'équipementier automobile Faurecia, filiale de PSA.

La production de masques textiles (catégorie 2), qui sont moins protecteurs, s'est également envolée. Des centaines de PME et d'ETI dans le secteur du textile, de l'habillement et de la mode, notamment, "travaillent d'arrache-pied" et se sont lancées dans la production de masques conformément à un cahier des charges défini par quelques pionniers et validé par la direction général de l'armement (DGA). Un cahier des charges qui circule d'ailleurs de façon très solidaire entre les entreprises. Certaines d'entre elles ont même reconverti leur site de production.

Selon Vincent Moulin Wright, la production est passée de quasiment zéro à 6 millions de masques par semaine en seulement 15 jours. Elle pourrait encore monter jusqu'à 10 millions d'unités voire au-delà, estime-t-il. "Un tour de force pour cette industrie très concurrencée par l'Asie", souligne-t-il. Sans compter que ces masques sont lavables et pourraient donc servir plusieurs fois de suite. Mais cela ne suffira pas. Car la production atteindra seulement 20% du besoin national, qui est évalué à 100 millions de masques par semaine (hors besoins futurs de la population).

D'où le recours massif à l'importation, via des commandes publiques passées à la Chine par la France pour près de deux milliards de masques. Une cinquantaine de grandes entreprises industrielles ont également passé commande (100 a 200 millions de masques) depuis 15 jours. Ces achats bénéficieront aussi à leurs fournisseurs après approvisionnement du secteur santé. Des commandes ont été par ailleurs passées par des groupements d'achats montés par les filières industrielles pour leurs PME. "La solidarité s'organise", souligne Vincent Moulin Wright.

Respirateurs, matériels de protection : de nombreuses initiatives

Certains industriels se sont lancés dans la production d'autres équipements de protection comme des sur-blouses. Le groupe d'emballages ménagers Sphère a par exemple réorganisé une partie de sa production, avec l'objectif de livrer 10 millions de sur-blouses et manchettes aux hôpitaux. Des groupes de confection ont également proposé des blouses en coton lavables. Des groupes de la plasturgie proposent des visières plastiques très efficaces pour pallier la pénurie de lunettes. En revanche, la production de gants de protection reste très marginale en France. "On est très en retard dans ce domaine où quasiment toute la production a migré vers l'Asie", confirme le directeur général de France Industrie

Sur le marché des respirateurs qui compte heureusement le poids lourd français Air Liquide qui a décuplé sa production, des initiatives ont également surgi. Un consortium réunissant Air Liquide, Schneider Electric, Valeo et PSA doit fabriquer d'ici mi-mai 10.000 respirateurs pour les hôpitaux. "Air Liquide fait un travail remarquable et tente de dupliquer sa production auprès d'intégrateurs industriels de l'automobile voire de l'électroménager", note Vincent Moulin Wright. Le CNES (Centre national d'études spatiales) élabore quant à lui des prototypes, notamment des diviseurs de flux permettant de brancher jusqu'à trois patients sur un même respirateur. Beaucoup d'entreprises de la mécanique ou de la plasturgie proposent aussi d'utiliser leurs capacités d'impression 3D pour fabriquer des équipements (valves pour respirateurs...). C'est le cas par exemple de nombreuses PME et ETI françaises ou d'Airbus en Espagne.

Michel Cabirol

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 34
à écrit le 09/04/2020 à 20:16
Signaler
Il serait temps de s'y mettre, on a combien de chômeurs partiel qui préfèreraient touche 100% de leur salaire et faire ces masques de chez eux?

le 10/04/2020 à 10:14
Signaler
"Faire ces masques de chez eux"? Bonjour le respect des conditions selon les normes d'hygiène et d'étanchéité. Vaut mieux pas de masque qu'un masque frelaté même avec de bonnes intentions. Du reste, une écharpe lavée avant de sortir et bien serrée; s...

à écrit le 09/04/2020 à 17:20
Signaler
Inovie, qui ouvre 40 centres de dépistage du virus, dénonce la pénurie d’écouvillons En pleine crise du covid-19, Inovie, acteur indépendant de biologie médicale français rassemblant 340 laboratoires en France, ouvre 40 centres de dépistage, sous for...

le 09/04/2020 à 20:18
Signaler
Vous croyez que les économies de l'état des 10 dernières année ont été faites où et sur qui? Ce ne sont pas les mieux payé qui sont parti mais ceux qui servent le plus et les besoins a renouveler !!!

à écrit le 09/04/2020 à 17:17
Signaler
Le directeur de l’ARS Grand Est limogé pour avoir appliqué la politique du gouvernement Macron. Ainsi, Christophe Lannelongue avait provoqué un tollé en disant, en pleine crise du coronavirus, qu’il n’y avait pas de raison d’interrompre les suppressi...

le 09/04/2020 à 22:44
Signaler
Ca, c'est de la soupe franco-française dont vous parlez !! Encore une fois, l'UE n'a rien à voir. Pourquoi y avait il tout ce qu'il fallait en stock pour lutter sereinement contre la grippe H1N1 en 2009 ( 1 mds de masques, des vaccins, des test de ...

le 09/04/2020 à 23:01
Signaler
Cette révocation est une sonnerie. Les propos tenus ont été montés en épingle. Le mec a juste été honnête sur le fond, le regroupement des structures sera fait et donc des postes vont sauter... mais pas forcément soit à te...

à écrit le 09/04/2020 à 14:12
Signaler
Voter M.Macron les souverainistes : un moyen pour attirer les futurs électeurs Cette pandémie n’est il pas un moyen pour faire peur aux populations ? Le mensonge finit toujours par remonter à la surface ...tôt ou tard

le 09/04/2020 à 15:49
Signaler
Maintenant avec ce nouveau commentaire vous devenez franchement irrécupérable.

le 09/04/2020 à 17:43
Signaler
Je n’écris pas de commentaire pour être récupérable ou irrécupérable... qui êtes pour juger ?

le 09/04/2020 à 20:19
Signaler
Si vous pensez que le monde s'arrête pour un chimère, portez vous volontaire pour aider dans un hôpital au lieu d'écrire des choses pareils...

à écrit le 09/04/2020 à 14:07
Signaler
Est ce que les chiffres du Covid 19 inclut les décès par la grippe saisonnière ? Je souhaite l’élection d’une commission de citoyens libres pour «  voir » réellement ce qui se passe sur le terrain ... À quelle point si c’est vrai si cette pandémie n’...

le 10/04/2020 à 10:21
Signaler
vous NE COMPRENEZ PAS OU VOUS LE FAITES EXPRES! Le problème n'est pas de savoir si les décès sont imputables à la grippe saisonnière ou au COVID 19, le problème est que des personnes développent des symptômes et se retrouvent en réanimation pendant s...

à écrit le 09/04/2020 à 14:04
Signaler
Vous pourriez saluer aussi la production non-industrielle de gel hydro-alcoolique répondant aux normes qui s'est mise en place, notamment dans les facultés de pharmacie qui fournissent souvent les généralistes de leur secteur ... Il n'y a pas que le ...

le 10/04/2020 à 10:23
Signaler
si ce que vous annoncez concernant les soignants du CHU est vrai, c'est proprement honteux, bientôt on nous donnera des leçons de protection individuelle en venant de pays en voie de développement comme le Vietnam qui a offert 500 000 masques à l'Eur...

à écrit le 09/04/2020 à 12:39
Signaler
Oui l'Entreprise CHARGEURS va produire des millions de masques Made in France. Le port de masque doit être déclaré obligatoire en France ,on assez cafouillé comme ça. J'espère que la Mairie de Paris ainsi que toutes les villes de France vont distri...

à écrit le 09/04/2020 à 12:01
Signaler
Pourquoi le gouvernement a laissé fermer en 2018 l'entreprise des Côtes d’Armor qui fabriquait des masques jusqu’à 200 millions par an. Même chose pour l'entreprise du Puy de Dôme fermé en 2019 qui fabrique des bouteilles d’oxygène pour les hôpitaux....

le 09/04/2020 à 13:53
Signaler
Une usine ne fabrique pas quand elle n'a pas de commande!!!! Vous n'allez pas fabriquer des masques si personne ne vous les achète!!! Auriez vous acheté des masques avant cette épidémie? Idem pour l'oxygène. La fabrication française était suffisant...

le 09/04/2020 à 13:59
Signaler
Une usine ne fabrique pas quand elle n'a pas de commande!!!! Vous n'allez pas fabriquer des masques si personne ne vous les achète!!! Auriez vous acheté des masques avant cette épidémie? Idem pour l'oxygène. La fabrication française était suffisant...

à écrit le 09/04/2020 à 11:43
Signaler
Où l'on voit que l'industrie n'est pas morte en France, malgré ts ces Cassandre experts qui cherchent à nous démontrer le contraire. Pouvoir s'adapter aussi rapidement, y compris ds des matériels HT de gamme comme les systèmes de rea, c'est bien le ...

à écrit le 09/04/2020 à 11:31
Signaler
On ne fait pas tourner une économie avec des masques en papier et du gel. Il faut dès maintenant repenser à nos fournisseurs, dans tous les domaînes et voir si on peut faire la même chose (ou mieux) chez nous en descendant le critère prix dans nos...

à écrit le 09/04/2020 à 11:22
Signaler
On se reveille, mais un peut tard. Et puis ces nouvelles unites de productions une fois les stocks constitues et entreposes, que vont-elles devenir ? Le court-terme est une notion francaise souvent employee de nos jours, un feu de paille quand tout ...

à écrit le 09/04/2020 à 11:12
Signaler
Le manque de masques est le sujet favori des chaines d'information continue, mais ce qui marche, comme par exemple la fourniture d'oxygène, qui n'est pas quelque chose allant pourtant de soi, c'est silence radio.

le 09/04/2020 à 12:20
Signaler
La fourniture d'oxygène pour les hôpitaux est faite par air liquide qui n'a aucun problème pour faire face.

le 10/04/2020 à 10:26
Signaler
Vous pensez qu'une bouteille d''oxygène va nous être d'une quelconque utilité en sortant faire nos courses? Le masque, oui même si il n'est pas la parade à lui seul.

à écrit le 09/04/2020 à 10:50
Signaler
Bonne nouvelle que des entreprises françaises investissent sur des produits d'usage courant devenus indispensables à la cohabitation avec le virus sars-cov qui vient de d'émerger pour la deuxième fois en vingt ans, sous une nouvelle version. Espéron...

à écrit le 09/04/2020 à 10:19
Signaler
l abandon de l industrie a détruit les écosystèmes locaux, source de résilience et d adaptation dans l innovation le pdg de safran disait il y a trois ans, il faut des usines en france, à coté de nos centre de recherches, car on réfléchit en même te...

à écrit le 09/04/2020 à 9:19
Signaler
Nous allons devoir fabriquer ou faire fabriquer nos masques de protection. Les autorités sanitaires et politiques révisent leurs positions sur le port du masque, un virage à 180°. Il est désormais recommandé à tous les citoyens français de porter un...

le 10/04/2020 à 10:31
Signaler
masques alternatifs oui sans doute mais une écharpe lavée et bien serrée peut faire l'affaire. Le masque a lui seul ne fait pas tout. Combien de personnes dans la rue à Paris qui portent un masque chirurgical ou FFP2 l'on changé depuis 8 heures?! Sur...

à écrit le 09/04/2020 à 8:32
Signaler
quand on voit comment ils gerent la future crise du medicament qui arrive, on se dit que les incompetents qui dirigent la france vont decouvrir avec stupefaction que quand les appros s'arretent, les usines s'arretent aussi...... laissez encore 3 sem...

à écrit le 09/04/2020 à 8:12
Signaler
comme nos politiciens compare toujours la France et l'Allemagne .. pour quelle raison nos voisin d'outre Rhin ont une bien plus faible mortalité avec un budget plus faible mais plus de lit il semble que chaque Français doit savoir ou est ce décala...

le 09/04/2020 à 9:11
Signaler
Des éléments de réponse lus dans un article du Figaro : 1/ 35% des emplois du secteur réalisent des tâchent administratives en France contre 25% en Allemagne. Cf : La colère des chefs de service qui ont démissionné de leur fonction administrative ...

le 09/04/2020 à 10:27
Signaler
Tous ces administratifs gratte-papier ne sont pas juste improductifs, ils nuisent véritablement à la production, en pondant des règles et des normes débiles ! Cette crise sanitaire a le seul mérite de nous révéler la vérité crue sur la situation r...

le 10/04/2020 à 10:38
Signaler
Le décalage entre l'Allemagne et la France se lit dans les statistiques: l'Allemagne pratique une politique de dépistage ou test depuis le début de la pandémie donc la plupart des cas avec ou sans symptômes peuvent être détectés et recevoir des conse...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.