Pêche bretonne : les écologistes échouent à faire adopter un vœu sur les aires marines protégées

Consacrée à la souveraineté énergétique et au développement de l’éolien en mer, la session plénière du vendredi 19 avril au Conseil régional de Bretagne a débouché sur la question de la protection des océans. Et fatalement sur l’avenir de la pêche bretonne. Un océan de désaccords entre défenseurs de la pêche artisanale et du modèle hauturier. L’exemple du chalutier géant de l’armateur malouin, Annelies Ilena, servant de repoussoir aux deux camps.
Profitant de la session plénière du Conseil régional de Bretagne, la dernière avant les élections européennes, les Écologistes de Bretagne ont fait remonter à la surface la question des aires marines protégées suscitant le débat opposant pêche industrielle et pêche côtière.
Profitant de la session plénière du Conseil régional de Bretagne, la dernière avant les élections européennes, les Écologistes de Bretagne ont fait remonter à la surface la question des aires marines protégées suscitant le débat opposant pêche industrielle et pêche côtière. (Crédits : Reuters)

L'avenir de la pêche professionnelle bretonne à l'heure de la transition écologique et le respect de la biodiversité ont été au cœur des discussions de la deuxième journée de session plénière du Conseil régional de Bretagne ce vendredi à Rennes.

Appelés à débattre sur la souveraineté énergétique et le développement de l'éolien en mer, les élus régionaux, qui ont voté mi-février leur budget 2024, étaient conviés à se prononcer sur la politique de la collectivité en matière de développement des énergies marines renouvelables.

Tandis que l'exécutif (PS, socio-démocrates) a déroulé ses grandes orientations, fondées sur la nécessité de « considérer au même niveau, dans les projets, éolien en mer, la pêche professionnelle et la biodiversité », d'une part, et celle de « faire de l'acceptabilité des parcs une priorité en intégrant des retombées économiques » de l'autre, l'opposition régionale a tôt fait, en l'absence de vote, de dénoncer « des jeux déjà faits ».

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Le Joseph Roty : « 906 heures de pêche dans des aires protégées »

Seulement invité à formuler des vœux, chaque parti est finalement resté dans son camp. Mobilisés depuis la veille, avec la « manifestation citoyenne » devant le Conseil régional de l'association Bloom de Claire Nouvian, les écologistes ont fait remonter à la surface la question des aires marines protégées suscitant le débat entre pêche industrielle et pêche côtière.

« N'abdiquez pas devant la pêche industrielle » a lancé l'élue écologiste Claire Desmarres-Poirier avant la non-adoption de son vœu « pour des aires marines réellement protégées ».

Le coup de pression des Écologistes de Bretagne visait à demander au gouvernement de créer de réelles aires protégées dans 30% des eaux françaises en interdisant les méthodes comme le chalutage et d'en placer 10% sous « protection stricte », conformément aux objectifs européens.

Se défendant de mettre « la mer sous cloche » et de vouloir la fin de la pêche aux langoustines ou à la coquille Saint-Jacques, Claire Desmarres-Poirier, a cité l'exemple du Joseph Roty. Ce navire industriel de Saint-Malo a effectué « 906 heures de pêches dans des aires marines protégées en 2023, soit un quart de son effort de pêche » a-t-elle accusé. La référence au chalutier de la Compagnie des pêches n'est pas anodine : il pourrait être prochainement remplacé par un navire XXL (145 mètres de long, 24 de large), L'Annelies Ilena. L'entreprise malouine y a investi 15 millions d'euros pour pêcher du merlan bleu et le transformer en surimi.

« La mort de la pêche bretonne »

Après la dénonciation par les associations, dont Bloom, sur l'impact écologique, d'un tel projet, puis la réaction hostile de Loïg Chenais-Girard, le président de la Région Bretagne le 15 février dernier, disant que « l'Annelies Ilena ne verra jamais un port breton », l'armateur se dit dans la tourmente. Dans l'attente que l'État autorise le transfert de ses activités vers le nouveau navire, il estime que 300 emplois, dont 200 à terre, sont menacés.

Malgré l'assurance de l'exécutif régional qu'un tel projet n'a rien à voir avec la pêche défendue par la Bretagne (1.200 navires, 4.300 marins-pêcheurs et 75% de bateaux de pêche de moins de 12 mètres), l'argument d'une pêche artisanale de proximité développée par Claire Desmarres-Poirier n'a trouvé quasiment aucun soutien dans l'hémicycle vendredi.

« On manipule l'information, on dénigre les pêcheurs bretons... Je redis que nous sommes dans une logique de régulation, au service de l'avenir de la pêche » lui a rétorqué Loïg Chesnais-Girard. Et son vice-président Daniel Cueff de préciser : « si on applique ce vœu, en Bretagne, c'est la mort de la pêche professionnelle ».

Décidée à ne pas être « les fossoyeurs de la pêche bretonne », l'opposition de droite, Hissons Haut la Bretagne, pas plus chanceuse avec son vœu de faire bénéficier les gros armateurs des aides au gasoil accordées aux pêcheurs, a voté contre. Le RN a, lui, fustigé « les apôtres de la décroissance ».

Pour une pêche hauturière durable

Tout comme l'autonomie énergétique et l'impact réel de la mise en service du parc éolien de Saint-Brieuc continue de susciter le questionnement d'une partie des élus, la défense du modèle de la pêche bretonne semble bien ancrée.

Votée à la majorité, la feuille halieutique (pêche et aquaculture) 2024-2027 de la Région Bretagne, également dénoncée par les associations écologistes, entend vouloir soutenir un modèle de pêche hauturière et semi-hauturières durable, oeuvrant à limiter son impact environnemental, et améliorer les conditions de vie des marins.

Dans un contexte de crise liée au plan de sortie de flotte post-Brexit et à la hausse du prix du carburant, le en-même temps régional, assez sensible aux intérêts économiques en vigueur, soutient en parallèle la construction de bateaux décarbonés voire une conversion à l'hydrogène.

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Commentaire 1
à écrit le 20/04/2024 à 8:51
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Des parcs éoliens partout permettant d'empêcher la destruction de nos océans par ces bateaux usines immondes. Leurs gros avions, leurs gros camions, leurs gros bateaux. Ces gens là ont un complexe c'est évident.

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