Auchan-Carrefour : des salariés menacent de perturber l'approvisionnement avant les fêtes

Les fêtes de Noël vont-elles être perturbées par des problèmes de livraisons, en plein rush de fin d'année ? C'est la menace que font planer simultanément des salariés des deux groupes de distribution français. "On se bat pour du salaire, pas des primes", résume un employé de Carrefour. Du côté du groupe Mulliez, propriétaire d'Auchan, l'intersyndicale entend obtenir gain de cause, tandis qu'il y a un mois, la direction avait accepté une revalorisation des salaires pour mettre fin au conflit qui touchait les magasins de l'enseigne Leroy Merlin.
On va cibler des magasins mais ça peut faire boule de neige, prévient Laurent Lamaury, délégué central Carrefour Market.
"On va cibler des magasins mais ça peut faire boule de neige, prévient Laurent Lamaury, délégué central Carrefour Market. (Crédits : Stephane Mahe)

Les appels à la grève se multiplient dans le secteur de la grande distribution. Résultat, des blocages d'entrepôts pourraient avoir lieu afin de perturber les livraisons pendant la période stratégique des fêtes de fin d'année. La menace de grève va être mise à exécution ce vendredi dans une trentaine de magasins Auchan, suivant l'appel de l'intersyndicale CFDT-CGT-FO. Mais c'est aussi le cas dans les enseignes du groupe Carrefour, où les salariés sont appelés à se mettre en grève du 18 au 24 décembre. Dans les deux cas, les syndicats réclament "de véritables augmentations de salaires".

Chez Auchan, propriété du groupe Mulliez, sur fond de négociation annuelle obligatoire (NAO), des employés de Cherbourg, Perpignan, Strasbourg ou encore Annecy participent ainsi ce jour à des barrages filtrants et à des débrayages, a indiqué à l'AFP Gilles Martin, délégué syndical central de la CFDT.

Les employés en grève réclament une hausse générale significative des salaires "d'au moins 5%", et dénoncent une offre "indigne" de la direction, qui propose une augmentation de 2,2%.

"Avec l'inflation, les premiers niveaux de salaires tomberont en dessous du Smic au 1er janvier", estime Gilles Martin. "Ce n'est pas dans notre ADN de faire grève à cette période, mais les salariés sont excédés, et le versement de 750 millions d'euros de dividendes aux actionnaires a été la provocation de trop", a-t-il ajouté.

"On sera au niveau de l'inflation", affirme pourtant le distributeur qui a précisé que les augmentations pourront aller "jusqu'à 4% selon les catégories", et que l'indemnité de 100 euros sera doublée pour les collaborateurs concernés.

Des primes insuffisantes

Même son de cloche chez son concurrent Carrefour. La CGT revendique la mise en place d'un salaire brut mensuel de 2.000 euros minimum, une augmentation de 300 euros pour tous les salariés, ainsi que l'arrêt immédiat de la réorganisation du groupe.

Cet automne, Carrefour a annoncé pour environ 80.000 salariés le doublement à 200 euros de l'indemnité inflation accordée aux bas salaires par le gouvernement. La direction mentionne aussi la signature récente d'un accord majoritaire (qui n'a pas été ratifié par la CGT) visant à accorder une augmentation générale de 1% au 1er novembre.

"Vu les bénéfices que fait Carrefour, nous on se bat pour du salaire, pas des primes", réclament les syndicats. Les magasins Market et les entrepôts logistiques devraient débuter le mouvement dès samedi, tandis que les hypermarchés pourraient le rejoindre à partir de lundi.

"On va cibler des magasins mais ça peut faire boule de neige, prévient Laurent Lamaury, délégué central Carrefour Market. Et si la direction n'entend pas, on proposera ensuite des actions plus fortes".

Le risque du feu de paille

Le mouvement s'étend à d'autres enseignes. Une journée de grève est aussi prévue samedi dans les magasins discount de la marque Action, originaire des Pays-Bas, indique la CGT dans un communiqué.

De son côté, ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le groupe Mulliez, également propriétaire des enseignes Decathlon, Boulanger et Flunch, fait face au conflit. Il y a un mois, après dix jours de grèves, la direction a été contrainte d'entrer en négociation avec les salariés des magasins Leroy Merlin.

Finalement, la direction et l'intersyndicale ont trouvé un accord sur une revalorisation des salaires pour faire face à l'inflation. A la fin de cette grève, la direction a accepté une augmentation de salaire mensuelle de 65 euros, qui, "sur 13 mois, représentera 845 €, soit +3,9 %". A ces 65 euros s'ajoutera l'indemnité inflation, prime de 100 euros versée par l'Etat, qui sera doublée par Leroy-Merlin.

L'intersyndicale demandait, elle, une hausse d'au moins 80 euros, pointant le chiffre d'affaires "stratosphérique" de l'enseigne, qui s'est établi à 7,9 milliards d'euros en France en 2021.

(Avec AFP)

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Commentaires 13
à écrit le 19/12/2021 à 9:51
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Encore une fois les syndicats sortent les chiffres qui les arrangent et n'ont aucune notion d'économie. - "750 Millions versés aux actionnaires" : 95% des salariés d'Auchan sont actionnaires de leur entreprise, détenant ainsi près de 15% d'Auchan. S...

à écrit le 19/12/2021 à 0:01
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En fait carrefour fera grève pour stopper et dénoncer cette grande mascarade de location gérance. Quel honte à Mr Bompard que de traîter les employés qui ont travaillé si dur ... Ils perdent tous les avantages du groupe Carrefour et sont revendu comm...

à écrit le 18/12/2021 à 23:59
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En fait carrefour fera grève pour stopper et dénoncer cette grande mascarade de location gérance. Quel honte à Mr Bompard que de traîter les employés qui ont travaillé si dur ... Ils perdent tous les avantages du groupe Carrefour et sont revendu comm...

à écrit le 18/12/2021 à 15:49
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Carrefour avec tout ces bénéfices en graisses ces actionnaires et ces haut dirigeants. Le pdg de carrefour avec ses mots se moquent de ses collaborateurs comme il dit honte à lui !

le 19/12/2021 à 4:24
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@Gil: Ou l'on est entrepreneur, ou l'on est salarié; une autre solution serait d'être rentier, mais tout le monde ne gagne pas à la Loterie ou n'a pas la chance d'avoir un oncle d'Amérique. Il y a, quand même, un éventail entre ceux qui dorment mal e...

à écrit le 18/12/2021 à 11:15
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Et si les actionnaires retiraient leurs billes? Imaginons la fermeture de toutes les entreprises, y compris publiques; nous voila revenus à la naissance de l'humanité. A 80 ans, je ne vais pas recommencer ça! La guerre du feu...

le 19/12/2021 à 11:18
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Henry , Il faut être réaliste les actionnaires ne vont jamais retiré leur billes ... il gagne de l'argent ! C'est Fini le temps où les grand groupes de la distribution donné des actions ou primes exceptionnelles . L'argent à une seule odeur LE ...

à écrit le 17/12/2021 à 21:48
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100% de caisses automatiques, des appro rayons robotisés, un peu de main d'œuvre pour les basses besognes avec des immigré à bas prix et illettrés qui ne se plaignent pas trop fort, et hop, plus de problème. Finis tous ces pleurnicheurs et au revoir ...

le 18/12/2021 à 12:00
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Des robots qui fabriquent des robots, que des robots livreront dans des magasins robotisés ( on peut optimisé en supprimant cette étape ) auquels ne pourront accédés que des robots acheteurs compulsifs. Le seul inconvénient que je vois dans cela c'es...

à écrit le 17/12/2021 à 20:02
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Ex-cheffe de rayon, vet F, Carrefour, j'y étais exploitée 65H payés 39, 6 jours sur 7. De plus ils sont humainement odieux. C'est du Germinal : Zola.

le 19/12/2021 à 10:10
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@Anne-Sophie: Y a-t-il un secteur où un salarié ne se considère pas comme exploité? Il fut une (heureuse) époque où l'on pouvait quitter son entreprise, assuré d'être embauché, dans l'heure, dans une autre. Pourquoi avons-nous choisi une "société du...

à écrit le 17/12/2021 à 19:04
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Et on se demande comment ils font pour ne pas se plaindre à intermarche. Je connais une responsable de rayon qui embauche tous les jours à 5h30 pour terminer 9h30, reprendre à 17 pour terminer à 19h30 mais pas tous les jours faisant donc qu'elle bos...

à écrit le 17/12/2021 à 18:58
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La spirale infernale est en route des groupes non compétitifs en matière de prix par rapport aux groupes Indépendants avec des salariés qui veulent des augmentations de salaires vont conduire à une nouvelle dégradation de la politique tarifaire aux...

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