Distribution : les clés de Casino remises ce lundi au consortium de repreneurs

Le tribunal de commerce de Paris a validé lundi le plan de sauvegarde du distributeur Casino. Ce dernier avait pourtant fait l'objet d'avis défavorables des représentants des salariés et du ministère public. La décision de justice doit ouvrir la voie à la prise de contrôle du distributeur par les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière.
Du côté du consortium des repreneurs, les engagements pris sont de « préserver l'emploi au maximum » et de maintenir un siège à Saint-Etienne.
Du côté du consortium des repreneurs, les engagements pris sont de « préserver l'emploi au maximum » et de maintenir un siège à Saint-Etienne. (Crédits : STEPHANE MAHE)

[Article publié le lundi 26 février à 08h18 et mis à jour à 17h36]. Comme chaque lundi, ou presque, depuis le début de l'année, le tribunal de commerce de Paris s'est penché sur le sort de Casino. Mais, cette fois-ci, c'est la fin du feuilleton. En effet, le tribunal avait jusqu'au 25 février, date de fin de la période de sauvegarde accélérée, pour valider le plan de sauvetage du groupe, qui comptait encore 50.000 salariés en France fin 2022. C'est désormais chose faite. Le tribunal de commerce de Paris a enfin validé ce lundi ce plan de sauvegarde, selon le jugement consulté par l'AFP.

L'annonce aurait constitué une grande surprise si elle n'aboutissait pas à l'aval du tribunal à ce plan. Une décision qui ouvre désormais la voie à la prise de contrôle du distributeur par les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds d'investissement Attestor, à horizon mars/avril.

C'est ce « consortium » de repreneurs qui permet le sauvetage d'un groupe à la dérive, en apportant une large partie (925 millions d'euros) de l'argent frais (1,2 milliard d'euros) devant servir à faire face aux échéances et à relancer l'activité, en échange d'un écrasement de dette très significatif.

« Le chemin sera encore long, avec des moments difficiles et requerra beaucoup d'efforts de tous, mais je ne doute pas du succès de notre mission », a observé Daniel Kretinsky dans un communiqué du consortium de repreneurs.

La validation du plan de sauvegarde de Casino par le tribunal de commerce de Paris lundi va permettre « de redonner des moyens et par la même du souffle » à un groupe « redimensionné, réorganisé et désendetté », s'est réjoui le milliardaire tchèque.

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Le ministère public a émis un avis défavorable

Si le plan de sauvegarde accéléré, âprement négocié pendant de nombreux mois par la direction avec ses créanciers et les candidats à sa reprise n'avait pas été adopté, Casino serait dans « une situation économique catastrophique », avait rappelé le juge-commissaire le 12 février, lors d'une audience publique concernant le plan de sauvegarde du distributeur.

Malgré l'absence d'alternative, le Comité social économique central (CSEC) et ses avocats avaient pourtant émis un avis défavorable sur ce plan de sauvetage, regrettant l'insuffisance de son volet social. Même son de cloche pour le ministère public qui avait également émis un avis défavorable sur le plan de sauvegarde, regrettant notamment une « trop grande disparité entre le plan présenté initialement » et celui sur lequel le tribunal doit se prononcer, ainsi que « le contenu parfaitement lacunaire du volet social ».

Les avocats du CSEC avaient notamment estimé qu'un volet social était obligatoire dès lors que des réductions d'emplois étaient envisagées. Or, entre le moment où ce plan de sauvegarde a été négocié et aujourd'hui, le groupe a « topé » avec ses concurrents Auchan, Intermarché et Carrefour pour leur céder 288 magasins de grande taille, supermarchés et hypermarchés. L'opération de grande ampleur doit donc occasionner le transfert de quelque 12.800 salariés.

Du côté du consortium des repreneurs, les engagements pris sont de « préserver l'emploi au maximum », de maintenir un siège à Saint-Etienne et, concernant les salariés qui vont changer d'enseigne, une « mission spécifique de mesure de suivi des conséquences sociales ». Sont en outre prévues des « indemnités supra-légales » ainsi que « des possibilités de départ volontaire sur un périmètre à négocier » au sein des entités visées par un plan de sauvegarde de l'emploi. Toutefois, l'intersyndicale n'a pas obtenu les engagements « précis, chiffrés et concrets du consortium » qu'elle avait demandés sur l'ampleur de ces dispositions.

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Les diverses augmentations de capital doivent donc normalement avoir lieu en mars et une assemblée générale des nouveaux actionnaires devra dans la foulée statuer sur la nouvelle composition du conseil d'administration.

Les magasins vont être cédés en trois vagues successives

Quant aux magasins cédés, ils le seront en trois vagues successives, au 30 avril, 31 mai et 1er juillet. Ainsi, Auchan, qui a connu un nouvel exercice « difficile » en 2023, avec une perte nette de 379 millions d'euros attend beaucoup de la reprise de magasins Casino. L'enseigne a racheté 70 supermarchés, 26 hypermarchés et 2 drives à Casino, en se focalisant sur « des régions en croissance économique et démographique », notamment le pourtour méditerranéen, la région Rhône-Alpes et l'Ile-de-France.

Il prévoit de les intégrer « d'ici l'été » les fermant pour certains jusqu'à trois semaines, afin de les transformer. Le groupe a estimé qu'il s'agissait de « la dernière opération de concentration possible pour Auchan France » et cible 10% de part de marché à horizon trois ans en France, contre 8,8% à fin 2023 selon Kantar. Carrefour, de son côté, va récupérer 25 supermarchés et hypermarchés qui devaient revenir à Intermarché. Ce dernier avait racheté fin janvier 190 magasins Casino.

Que restera-t-il ensuite du groupe Casino ? La direction a, selon l'intersyndicale, reçu des « marques d'intérêt » de concurrents pour acquérir les 26 magasins qui n'intéressaient ni Intermarché ni Auchan ni Carrefour, et au sein desquels travaillent au total quelque 1.200 salariés. Reste ensuite le réseau de plus de 6.000 magasins de proximité en régions sous enseignes Spar, Vival ou Le Petit Casino, l'e-commerçant CDiscount, un millier de magasins Franprix (dont 75% en franchise), et Monoprix, 20.000 salariés et 800 magasins sous cinq enseignes, dont Naturalia.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 26/02/2024 à 14:08
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La moins mauvais e solution serait de mettre casino en RJ ce qui permettrait d assainir ses finances de traiter les créanciers et les actionnaires de la même manière ! Sachant que les créanciers se sont gavés et ont entraîné la faillite du groupe en ...

le 26/02/2024 à 18:11
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ne pas oublier le fond souverain j ai nommé pole emploi .

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