Philippe Palazzi, un vétéran de la distribution aux commandes du nouveau Casino

À 52 ans, l'ancien numéro 2 de Metro prendra dans quelques semaines la tête d’un groupe dont le redressement s’annonce titanesque.
Marie-Pierre Gröndahl
Philippe Palazzi en juillet 2023.
Philippe Palazzi en juillet 2023. (Crédits : © JOËL SAGET/AFP)

Même pas peur . À quelques jours du jugement du tribunal de commerce de
Paris, qui sera rendu demain à 15 heures, sur le plan de sauvegarde accéléré du groupe Casino et à quelques semaines de sa prise de fonction effective, Philippe Palazzi, 52 ans, semble aussi calme que déterminé.

Ce professionnel de la grande distribution, qui a démarré comme petite main dans les rayons d'un Euromarché (devenu Carrefour) à Aix-en Provence dès l'âge de 17 ans, a la « culture du carrelage », comme on dit dans le milieu. Et du sang-froid, acquis tout au long d'un parcours de plus de vingt ans chez le géant allemand Metro, parsemé de missions de redressement un peu partout en Europe et ailleurs. Le futur patron du nouveau groupe en aura besoin pour diriger un ensemble de 10,5 milliards d'euros - ce qu'il reste de la plus ancienne enseigne du secteur. Le défi qui l'attend est colossal. En perdition depuis plusieurs années, l'entreprise propriété de Jean-Charles Naouri, qui en était également le PDG, a fini par s'effondrer sous le poids d'une dette de 10 milliards d'euros. En juillet 2023, le trio de repreneurs composé du milliardaire Daniel Kretinsky, présent dans les médias comme dans l'industrie, du financier Marc Ladreit de Lacharrière et du fonds d'investissement britannique Attestor emporte la mise.

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Mais il aura fallu plus de neuf mois pour que leur prise de contrôle, à la fin du mois de mars, se traduise dans les faits. Entre-temps, le trio n'est pas resté inactif, puisqu'il a cédé en plusieurs étapes la quasi-totalité du parc des hyper- et supermarchés Casino à Intermarché (déjà acquéreur de 195 magasins dès 2023), Auchan et Carrefour. Soit 288 magasins, qui emploient 12800 salariés et seront vendus d'ici au 1er juillet. « Ce sont les deux branches qui perdaient le plus d'argent. Et qui sont les plus difficiles à redresser », note le consultant en marketing Frank Rosenthal, spécialiste de la grande distribution, qui juge cette cession plutôt positive pour la nouvelle entité. Philippe Palazzi n'a pas perdu de temps non plus.

Le dirigeant, devenu consultant

 Après son départ de la direction du numéro un mondial des produits laitiers Lactalis (après un bref passage de quinze mois entre 2021 et 2022), a consacré ces derniers mois à élaborer une stratégie de relance adaptée au nouveau périmètre: les enseignes de proximité Vival, Spar et Petit Casino (6 392 points de vente pour 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires), ainsi que la pépite Monoprix (862 magasins pour 4 milliards d'euros de CA), mais aussi Franprix (1159 magasins dont près des deux tiers en franchise, 1,5 milliard d'euros de ventes). Sans oublier le site d'e-commerce C-Discount, en grande difficulté, et la filiale de logistique.

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Discrètement, ce « Corse affiné en Allemagne », comme il est décrit, a joué les clients mystères et visité près de 500 points de vente, dans toute la France, appartenant aux différentes enseignes. « J'ai commencé dans l'ultrafrais, au rayon fruits et légumes », raconte celui qui a été expatrié aussi bien en Grèce qu'en Italie, en passant par la Hongrie ou l'Allemagne. Marin-pompier à Marseille pendant son service militaire, et titulaire d'un BTS d'action commerciale, Philippe Palazzi continue de travailler en fin de semaine dans le supermarché de ses débuts, passé entre-temps sous la houlette du groupe Carrefour. Il y observe de près les conséquences de la cession sur des équipes parfois désemparées par les brusques changements de méthode imposés par le nouveau propriétaire.

Il a joué les clients mystères et visité près de 500 points de vente en France

Recruté en 1994 par Metro, à l'époque ouvert à tous les clients, y compris les
non-professionnels, il démarre comme chef de rayon fruits et légumes à
Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Et découvre la culture allemande, fondée
sur l'efficience et les process. Le Français  grimpe régulièrement les échelons, passe à la direction des achats, avant d'enchaîner les missions au Maroc, au Vietnam, en Pologne et en Grèce: « J'étais le seul étranger, mais j'ai appris le grec et découvert les filières locales dans la pêche et l'agriculture. » Au fil des postes, ce gros bosseur (qui se couche avec les poules, mais est sur le pont à 6 heures du matin) suit plusieurs cursus à HEC et à la London Business School pour se « former en finances ». Son périple se poursuit en Italie, puis en Allemagne, à Düsseldorf, avec l'implantation de nouveaux concepts, avant sa nomination au comité exécutif du groupe, dont ce père de quatre filles devient le patron des opérations - numéro deux - en 2017.

Sa rencontre avec Daniel Kretinsky date de la prise de participation de
l'homme d'affaires dans le capital de Metro, renforcée en 2020 à 40,6 % du capital. Chargé du redressement de Casino, Philippe Palazzi, qui sera épaulé par un directeur financier venu de Lidl et Aldi, Éric Riegger, et par un ex de Google, Alfred Hawawini, comme directeur des opérations, doit encore se voir adoubé par le futur conseil d'administration. Mais il a déjà effectué sa première sortie publique le 11 janvier, pour le vote du plan de restructuration, qui repose sur le plus important abandon de créances jamais consenti en France, à plus de 5 milliards d'euros. Les actionnaires du nouvel ensemble promettent 1,2 milliard d'investissements pour remettre d'aplomb les différents actifs. « Cette mission exige des gens capables de piloter un A380 », estime un concurrent. Philippe Palazzi a déjà son brevet de pilote, en tout cas dans le commerce.

Le groupe Casino en quelques dates


1898

Création de Guichard-Perrachon & Cie par Geoffroy Guichard à Saint-Étienne (Loire)

1970

Premier hypermarché à Marseille (16000m2), l'un des plus grands magasins de France

1976

Implantation aux États-Unis, puis vingt ans plus tard, en Amérique latine et en Asie

1992

Fusion avec le groupe Rallye, détenu par Jean-Charles Naouri, actionnaire majoritaire en 1998

2005

Jean-Charles Naouri devient PDG

2022

La dette atteint 6,4milliards d'euros

2024

Reprise du groupe Casino par Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor

Marie-Pierre Gröndahl

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Commentaires 3
à écrit le 26/02/2024 à 14:13
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Rappelez moi le surnom qui lui avait donné Emmanuel Besnier ! Moi j aimerai pas travailler pour le plus gros pollueur européen dont l origine de la fortune est un délit d’initiés sur la couronne slovaque bon Naouri lnirigine de sa fortune c était ...

à écrit le 25/02/2024 à 14:01
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Pour ce genre de "mission ", les recettes sont connues et archi connues. Ça va donc tanguer chez Casino jusqu'à la disparition. Les fossoyeurs et les bourreaux sont toujours d'actualité.

à écrit le 25/02/2024 à 9:24
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Bref au nord rien de nouveau.

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