Air France-KLM veut le beurre et l’argent du beurre avec Alitalia

En partenariat avec Delta, Air France-KLM cherche à maintenir Alitalia dans l'alliance Skyteam, mais sans en devenir l'acquéreur. Ceci pour éviter que la compagnie italienne ne soit reprise par Lufthansa.
Fabrice Gliszczynski

Après plusieurs tentatives de mariage, Air France et Alitalia vont-ils écrire une nouvelle scène du Vaudeville qu'ils répètent depuis près de 20 ans ? Peut-être. Alors que les ponts semblaient définitivement coupés depuis plusieurs années avec l'entrée de la compagnie italienne dans la galaxie Etihad en 2014, puis l'arrêt des accords intra-européens, et le refus du groupe français de postuler au rachat de la compagnie italienne à nouveau mise en vente à l'automne après le désengagement d'Etihad, Air France-KLM manifeste à nouveau aujourd'hui un intérêt pour la compagnie transalpine.

"Avec notre partenaire Delta, nous étudions différentes possibilités pour qu'Alitalia reste dans la famille SkyTeam sans qu'Air France-KLM ne soit l'acquéreur d'Alitalia. On regarde actuellement toutes les solutions", a déclaré ce vendredi Jean-Marc Janaillac, le PDG d'Air France-KLM, lors de la présentation des résultats annuels. Echaudé par des expériences malheureuses dans le passé, le groupe français ne souhaite pas s'impliquer directement dans Alitalia mais veut bien en récolter les avantages.

"Air France-KLM n'a pas besoin d'Alitalia pour capter le marché italien"

Même s'il n'avait pas eu des mots très tendres lors de la dernière assemblée générale du groupe en mai dernier, en rappelant que les parts de marché d'Alitalia en Italie et sur le long-courrier étaient réduites et qu'Air France-KLM pouvait capter le marché italien via ses hubs de Paris et d'Amsterdam, Jean-Marc Janaillac craint aujourd'hui qu'Alitalia ne passe (sans la citer) sous la coupe de Lufthansa, le grand rival d'Air France-KLM en Europe.

"Des offres ont été faites et il est apparu qu'il y avait un risque qu'Alitalia quitte SkyTeam et la joint-venture Nord-Atlantique, ce qui est quelque chose que nous pensons être négatif", a expliqué Jean-Marc Janaillac, interrogé sur des informations parues dans la presse italienne vendredi, lesquelles font état à nouveau de contacts entre Air France, EasyJet, le fonds américain Cerberus et la compagnie Delta pour éventuellement présenter une offre commune de reprise d'Alitalia.

"Impact négatif si Alitalia quitte Skyteam"

Selon lui, il serait "plutôt négatif de voir Alitalia se joindre à une autre importante alliance" et de l'avoir "non pas comme un partenaire mais comme un concurrent" sur la joint-venture Nord-Atlantique dont elle faisait jusqu'ici partie avec Air France-KLM et Delta.

Trois groupes ont déposé une offre de reprise partielle ou totale. Lufthansa, le fonds américain Cerberus et EasyJet. Et il est clair qu'Air France-KLM redoute qu'Alitalia soit rachetée par Lufthansa, déjà puissant en Italie du Nord. Notamment aux conditions imposées par le groupe allemand. Lufthansa aurait proposé 250 millions d'euros pour reprendre l'essentiel de la flotte et la moitié des effectifs d'Alitalia. Avec United, Air Canada..., Lufthansa fait partie de Star Alliance, la plus grande alliance commerciale mondiale.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 3
à écrit le 20/02/2018 à 10:13
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AF est à peu près viable pour l'instant avec une conjoncture porteuse et une bonne couverture carburant, ce n'est pas pour retomber dans les affres d'une compagnie moribonde quitte à perdre quelques liaisons.

à écrit le 17/02/2018 à 16:23
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Le problème est qu'Air France est presque simple à gérer à côté d'Alitalia... sur les plan sociaux et politiques !!! En réalité, AF a déjà essayé de monter dans AZ, sauf que les syndicats et le Gouvernement italiens agissaient dans leurs propres i...

à écrit le 16/02/2018 à 20:42
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Alitalia pourrait devenir le pilier LowCost du groupe AF-KLM en regroupant l'activité Court & moyen courriers d'Alitalia avec Transavia ... Mais on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre : les italiens ne sont pas des bisounours !!! par cont...

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