Comment Aigle Azur veut se faire une place en Chine face à Air France

La compagnie française compte ouvrir Paris-Pékin le 28 juin 2014, avec un an de retard à cause du conflit opposant Bruxelles à Moscou sur le survol de la Sibérie.
Fabrice Gliszczynski
Aigle Azur veut relier Paris-Orly à Pékin le 28 juin 2014

Aigle Azur, développement en Chine, Acte 2. Après avoir annoncé l'an dernier à pareille époque le lancement en juin 2013 de la ligne Paris-Pékin, lequel a été décalé en raison du conflit qui oppose Bruxelles et Moscou sur les droits de survol de la Sibérie, la compagnie aérienne française détenue à 48% par le transporteur chinois Hainan Airlines (48%) revient à la charge. Avec un calendrier et un plan d'attaque plus précis que le précédent. Le transporteur français, qui obtenu en juillet les droits de trafic pour desservir la Chine, prévoit une ouverture de la ligne le 28 juin 2014 à raison de trois vols par semaine (lundi, mardi, samedi) au départ de Paris-Orly sud. A Pékin, des correspondances entre le vol en provenance de Paris et d'autres villes chinoises (Shanghai, Hong Kong, Canton…) sont prévus sur des avions d'Haina. La commercialisation du Paris-Pékin a même débuté ce lundi. En pratique, Aigle Azur louera un A330-200 d'Hainan Airlines, avec un équipage également de la compagnie chinoise (accord de wet lease) avec du personnel complémentaire d'Aigle Azur à bord pour le démarrage de l'activité. Dans un second temps, en janvier 2015, Aigle Azur compte exploiter cette ligne en moyens propres, avec ses propres équipages. Ce qui laisse un an au PDG Cédric Pastour pour négocier un nouvel accord collectif avec le personnel navigant définissant les conditions de travail sur le long-courrier. Face à Air France, qui dessert Pékin en A380, et ses alliés chinois, les ambitions d'Aigle Azur constituent un vrai défi. Cédric Pastour compte jouer sur la spécificité d'Orly et sur le hub d'Hainan à Pékin.

Dégel espéré sur la Sibérie

 Pour pouvoir assurer cette ligne, Aigle Azur compte sur un réchauffement des relations entre la Commission européenne et la Russie sur la question des droits de survol de la Sibérie, zone difficile à éviter pour se rendre en Chine, en Corée et au Japon sous peine d'allonger la durée des vols et ne pas être compétitif sur le plan commercial. Et sur l'application de l'accord signé en 2011, qui vise à supprimer le système de royalties pour ce survol aux compagnies non russes, lequel n'avait pas été respecté par Moscou en raison du conflit qui l'opposait à Bruxelles sur la question du système européen d'échanges de permis d'émissions. Pour Cédric Pastour, la décision de l'organisation internationale de l'aviation civile (OACI) le 3 octobre dernier de rejetter le système européen pour plancher au contraire sur un système mondial « lève, selon nous, le principal obstacle ». « Nous espérons qu'en janvier 2014, les droits de survol de la Sibérie seront libéralisés ». Bruxelles et Moscou doivent aborder ce sujet en janvier.

Plan B

Pour autant, quand bien même cet obstacle n'était pas levé, il y aurait dans l'accord franco-russe, selon certaines sources, la possibilité d'utiliser une autre route, survolant certes la Russie (mais pas la Sibérie), augmentant la durée de la rotation (aller-retour) de 1h15.

Cantonnée sur le court et moyen-courrier, Aigle Azur joue gros sur cette ligne. « Son lancement est le point de départ d'une diversification vers le long-courrier. C'est une étape déterminante pour la compagnie », explique Cédric Pastour. Finalisant un plan stratégique à 5 ans pour bâtir le développement de l'activité long-courrier, Aigle Azur compte passer le plus vite possible en vol quotidien sur Pékin, puis ouvrir au cours des prochaines années des vols vers Hong-Kong et Shanghai. Pour cela, la direction compte louer deux A330-200.

 Pertes en 2012-2013

Pour la première fois depuis bien longtemps, Aigle Azur a affiché l'an dernier lors de son exercice fiscal 2012/2013, clos fin mars, une perte d'exploitation de 9 millions d'euros (pour un chiffre d'affaires de 337 millions d'euros, en hausse de 2,7%), en grande partie imputable au lancement de la ligne Paris-Moscou. Pour l'exercice en cours, Cédric Pastour table sur un résultat à l'équilibre et des bénéfices l'année d'après. Cet été, la compagnie a été recapitalisée par les actionnaires à hauteur de 5 millions d'euros.

 

Fabrice Gliszczynski

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