Un accord trouvé avec la Commission européenne sur un nouveau soutien financier à Air France (Le Maire)

Ironie de l'époque. Au lendemain d'une controverse ouverte par la maire écologiste de Poitiers invitant les enfants à « cesser de rêver de voler », un accord a été annoncé entre Paris et Bruxelles pour secourir Air France. La compagnie française traverse une nouvelle zone de turbulences avec la persistance de la pandémie. La compagnie devra en échange abandonner « un certain nombre de créneaux » à l'aéroport d'Orly. Un CSE extraordinaire serait convoqué mardi matin.
(Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

C'est une controverse qui tombe à pic. Tout en annonçant un accord entre Paris et Bruxelles sur un nouveau soutien financier à Air France, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a qualifié dimanche de « totalement stupides » les propos de la maire écologiste de Poitiers qui a estimé que « l'aérien ne (devait) plus faire partie des rêves d'enfants ». « C'est une folie qui est non seulement révoltante mais dangereuse" et « totalement stupide », a déclaré M. Le Maire dans l'émission Le Grand Jury de RTL, Le Figaro et LCI. « Je n'ai aucune envie que la maire de Poitiers, ni que quelque responsable politique que ce soit, et certainement pas les écologistes radicaux, changent les rêves de mes enfants », a-t-il ajouté. « Les rêves des enfants français n'appartiennent qu'aux enfants français ».

« L'aérien doit faire partie de notre vie, l'aérien décarboné. J'appartiens à un gouvernement qui estime que l'écologie doit reposer sur l'innovation, les nouvelles technologies. Je me bats pour que Airbus soit le premier constructeur aéronautique au monde à réaliser un avion à hydrogène, c'est ça le vrai rêve », a fait valoir le ministre. "Ce n'est pas la décroissance, ce n'est pas le repli sur soi, ce n'est pas l'abandon des technologies, ce n'est pas le renoncement au progrès. C'est concilier le succès économique avec la décarbonation de notre économie et le respect de l'environnement », a-t-il développé.

Le conseil municipal de Poitiers du 29 mars a voté une baisse de subventions à deux aéroclubs de Poitiers. Lors du débat, la maire Léonore Moncond'huy a dit « assumer » le fait que « l'argent public ne doit plus financer les sports fondés sur la consommation de ressources épuisables ». « L'aérien, c'est triste, mais ne doit plus faire partie des rêves d'enfants aujourd'hui », a-t-elle ajouté, s'attirant les foudres du ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari (LREM) et de plusieurs autres responsables politiques.

Un CSE extraordinaire d'Air France mardi

La polémique intervient alors Paris et Bruxelles sont tombés d'accord sur le déblocage d'une nouvelle aide financière pour Air France, qui devra en échange abandonner « un certain nombre de créneaux » » à l'aéroport parisien d'Orly, a annoncé dimanche le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire. « Nous avons un accord de principe avec la commissaire européenne (chargée de la Concurrence) Margrethe Vestager sur un nouveau soutien financier à Air France », a-t-il déclaré dans l'émission Grand Jury LCI/RTL/Le Figaro.

C'est l'épilogue de semaines de discussions intenses entre Paris et la Commission européenne, gardienne d'une concurrence équilibrée. L'État français, qui détient 14,3% d'Air France, est disposé à secourir de nouveau la compagnie, touchée comme tout le secteur aérien par la crise du Covid-19 et qui a perdu 7,1 milliards d'euros en 2020.

Mais Bruno Le Maire n'a pas précisé le montant de l'aide évoquée. Il « sera discuté avec Air France », un conseil d'administration est prévu lundi « qui doit valider le principe de cet accord ». Selon trois sources syndicales, un comité social et économique (CSE) central extraordinaire d'Air France a aussi été convoqué pour mardi matin à 9H00. Avec à l'ordre du jour "un seul point, la situation de l'entreprise". Bruno Le Maire a salué "une très bonne nouvelle pour Air France et pour l'ensemble du secteur aérien français", au terme d'une négociation "dure", "longue et difficile". L'accord trouvé est "juste et proportionné".

A la Commission européenne, un porte-parole soulignait dimanche à l'AFP que si un État membre compte "accorder plus de 250 millions d'euros d'aide à la recapitalisation" à une entreprise disposant d'une part de marché importante là où elle opère, alors il doit "proposer des mesures supplémentaires pour préserver une concurrence effective". En clair, la France est priée de proposer à la Commission des mesures concurrentielles efficaces. En 2020, la Commission avait donné son feu vert à une recapitalisation de Lufthansa en échange de la cession de créneaux aux aéroports de Munich et de Francfort.

Bruno Le Maire a prévenu qu'Air France devrait ainsi abandonner "un certain nombre de créneaux" horaires d'atterrissage et de décollage à Orly. Mais "ce sera moins" que les 24 créneaux souhaités par la Commission  -- 24 créneaux, "c'était trop" selon le ministre, qui a plaidé le fait que "ça ne servait à rien de soutenir Air France d'un côté si c'était, de l'autre, pour valoriser excessivement la concurrence". Les syndicats de la compagnie française avaient rejeté l'éventualité d'un abandon de créneaux.

« Pas un chèque en blanc »

La compagnie devra aussi "faire des efforts de compétitivité", a prévenu le ministre de l'Economie. L'État français a déjà "beaucoup soutenu" Air France depuis le début de la crise liée à la pandémie, en apportant 7 milliards d'euros et ne signe pas aujourd'hui "un chèque en blanc". « Il y a des dizaines de milliers d'emplois derrière, c'est stratégique pour le pays. Mais Air France doit faire des efforts de compétitivité ». Il faut « qu'Air France renoue avec des bénéfices (...) Les contribuables font un effort, Air France doit faire un effort de son côté ». La compagnie doit aussi « continuer à réduire ses émissions de CO2 ».

Interrogé pour savoir s'il réclamait des suppressions d'emplois, Bruno Le Maire a répondu que « l'amélioration de la compétitivité ne passe pas nécessairement par la suppression d'emplois, par la destruction de valeur ». « C'est au président d'Air France Ben Smith et à l'ensemble de ses équipes de nous faire des propositions pour que l'argent des Français que nous allons mettre en soutien à Air France soit bien placé », a-t-il dit.

Air France-KLM a déjà bénéficié d'aides publiques massives de Paris et La Haye: plus de 10 milliards d'euros, dont 7 milliards de prêts directs ou garantis par l'État français actionnaire. Saisie par Ryanair pour distorsion de concurrence, la justice européenne avait jugé en février légales les aides publiques de la France et de la Suède pour sauver leurs compagnies aériennes Air France et SAS, laminées par la crise sanitaire.

Mais la pandémie perdure, les perspectives de reprise dans l'aérien restent incertaines et l'argent continue de manquer. Le groupe Air France-KLM a perdu deux tiers de ses clients l'an dernier et sa dette a quasiment doublé à 11 milliards d'euros. Dans un processus de recapitalisation, l'État néerlandais, qui possède 14% du groupe franco-néerlandais, aura son mot à dire. La Haye s'était montré il y a quelques mois prêt à en discuter.

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Commentaires 21
à écrit le 05/04/2021 à 17:16
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joli nom qu'à le maire de poitiers .

à écrit le 05/04/2021 à 12:08
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Il faut laisser Air France disparaître au profit d'un nouveau transporteur. Il embaucherait les pilotes aux conditions normales du marché, aurait un nombre de cadres raisonnables recrutés sur des critères de competences, obligerait les stewards et hô...

le 05/04/2021 à 18:45
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Oui laissons airfrance disparaître avec les 50 000 salariés français qui paient des impôts en france, et aussi les 100 000 emplois indirects qui eux aussi ne paieront plus d’impôts en France et ne consommeront plus ... donnons encore plus d’argent à ...

le 05/04/2021 à 19:45
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Seulement 43% des francais payent des impots sur leur revenus.

le 06/04/2021 à 5:24
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Tout à fait d'accord, Air France est une entreprise "zombie !"

à écrit le 05/04/2021 à 10:34
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Il ne faut pas confondre progrès et innovation... ne plus avoir a se déplacer inutilement est un progrès, les moyens de le faire sont des innovations!

le 05/04/2021 à 20:14
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Brillante démonstration! le Goulag est donc une innovation majeure. Notez qu'avec la pensée verte ambiante, on y va direct. Pour moi, 'innovation c'est d'être passé de moteurs consommant 15 L/100 km il y a 30 ans à des moteurs consommant 5l/100. Ca...

à écrit le 05/04/2021 à 9:16
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Bruno il a donne au Bruxelles les creneaux du ex Air Caribes utilisables uniquement sur Rossy. Rien d' Air France sur Charles de Gaulle donc rien "negocie".

à écrit le 05/04/2021 à 8:39
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Ces "soutiens" sont des dépenses: tout argent qui va aujourd'hui à Air France, ou à la SNCF est bel et bien de l'argent perdu, et peut-être peut-on l'accepter mais cela ne saurait être une décision prise dans un bureau, fut-il celui du Président. Ce ...

le 05/04/2021 à 18:48
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Bonjour, arrêtons déjà de gaspiller l’argent versé à ryanair partout en France ne créant aucun emplois ryanair à la hauteur du marché aéro...

à écrit le 05/04/2021 à 8:38
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Certes il faut des efforts pour améliorer l empreinte carbone des avions mais pas au détriment du progrès , pas comme comme nos chers écolos l entendent... Nous ne sommes pas dans un monde de bonnes gens, les créneaux délaissés par AF en région sont...

à écrit le 04/04/2021 à 22:37
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L’avion pollue énormément ça tout le monde est d’accord. Les techno de remplacement décarbonnées n’existent pas encore. Soutenir AF à ce point relève de l’acharnement thérapeutique. Il faut que la compagnie passe par l’attrition et se restructure dra...

le 05/04/2021 à 10:12
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Non, je suis pas d accord. Avion=2,5% des emissions globales de CO2. Ok le traffic aerien est (etait?) en croissance. Mais meme dans ce cas, c est loin d etre la top priorite ecologique. Mais bon, allons y, demantelons notre savoir faire aeronautiqu...

à écrit le 04/04/2021 à 21:13
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Nous n'eviterons pas un débat sur la place de l'avion dans la société. Plus spécialement sur le transport aérien de masse, pour un tourisme de masse. Force est de constater que ce couple pose des problèmes parceque destructeur sur bien des sujets, é...

le 05/04/2021 à 9:28
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Oui alors se poser la question de la place de cette écologie et environnement. Est-ce bien grave si des espèces disparaissent ? Et si on ne peut plus faire de vin en Gironde mais plutôt en Normandie ?

le 05/04/2021 à 23:39
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Et qui devra arrêter de voyager, sur quels critères?

à écrit le 04/04/2021 à 18:07
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D'une administration a l'autre.. rien ne change, il suffit d'être dans les "petits papiers" pour obtenir les meilleurs soins!

à écrit le 04/04/2021 à 14:54
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Ras-le-bol de constamment renflouer cette entreprise moribonde ! Ces gouvernants et ces hauts-fonctionnaires, imbéciles et crassement manipulateurs, dépensent Notre Argent n'importe comment, dans des puits sans fond qui mènent le Pays à la ruine (...

le 04/04/2021 à 19:30
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Si Bruno le dit, a ka dire amen. Trop bon le bruno, il est tellement compétent !

le 04/04/2021 à 23:43
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Ces entreprises zombies sont peut-être une de celle dans laquelle vous travaillez ? Vous faites peut-être partie de ces hordes de touristes qui partent pour pas cher passer les vacances d'hiver en république dominicaine ? Moi j'en connais des comme c...

le 05/04/2021 à 18:55
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Vous voulez revoir une partie de votre argent ? Demandez au collectivité local qui le donne sans compter à ryanair !!!! Air France 50 000 emplois français (impôts.consommation... ) 100 000 emplois indirects ! RYANAIR à peine 1000 emplois en France a...

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