Cela devait arriver. L'absence d'amélioration de la situation du transport aérien après un an de crise pousse la direction d'Air France à envisager une baisse de rémunération des salariés, déjà impactés par l'activité partielle. Le sujet a été mis sur la table des négociations annuelles obligatoires (NAO) qui devaient initialement perpétuer le gel des salaires mis en place l'an dernier en contrepartie du soutien de l'Etat. Il a été confirmé la semaine dernière par Anne Rigail, la directrice générale d'Air France, dans une visioconférence interne.
13ème mois
Deux propositions ont été faites. La première concerne la prime du 13ème mois, non pas en la supprimant, mais en l'intégrant dans le salaire de base pour que son montant puisse être concerné par le système de l'activité partielle, aujourd'hui de longue durée chez Air France (APLD). Les heures chômées étant prises en charge pour l'essentiel par l'Etat, un tel système permettrait donc à Air France de lui transférer une grande partie du 13ème mois des salariés concernés. Tous ne le sont pas. Les cadres les mieux payés ont déjà leur 13ème mois intégré dans le salaire de base.
Selon une source interne à Air France, une telle perspective fait grincer des dents dans certains ministères. Même chose chez les salariés qui seraient donc privés de l'intégralité de leur 13ème mois comme c'était le cas jusqu'ici, puisque l'indemnité sur les heures chômées couvre 84% du salaire net, dans la limite de 4,5 SMIC. Selon certaines sources, la mesure ne serait pas structurelle. Elle prendrait fin quand la situation s'améliorera.
En cas d'accord, Air France maintiendrait le principe d'un versement de ce 13ème mois allégé en fin d'année.
Toujours en cas d'accord, Air France rejoindrait ainsi la longue liste des entreprises de transport aérien qui ont réduit les salaires pour tenter de réduire leur consommation de cash. Pour autant, cette baisse de rémunération serait sans commune mesure avec celles mise en oeuvre dans d'autres compagnies, comme, par exemple, Air Caraïbes, French Bee ou Corsair, où elle a dépassé les 10% de la rémunération annuelle.
Congés bonus
La direction d'Air France compte également négocier l'abandon des congés bonus (3 jours) accordés quand les congés sont posés en basse saison. Lors du plan de restructuration Transfom lancé en 2012 pour sauver la compagnie, ce type de congés avait déjà été réduit. La direction veut aller vite et trouver un accord d'ici à fin avril.
La position des syndicats est forcément compliquée. Les plus hauts salaires ayant déjà leur 13ème mois intégré dans leur salaire de base, la mesure toucherait les plus bas salaires. La problématique serait la même si la direction s'attaquait à la prime uniforme d'activité (PUA). Versée en juin, elle ne concerne également que les bas salaires.
Cette pression de la direction traduit les difficultés que continue de rencontrer Air France après un an de crise. La flambée de l'épidémie et la lenteur de la vaccination en Europe ont fait voler en éclats les espoirs de reprise à partir du mois d'avril évoqués il y a à peine plus d'un mois par la direction lors de la présentation de ses résultats financiers.
Aujourd'hui, Air France continue de perdre 10 millions d'euros par jour comme au début de l'année. Alors que la masse salariale diminue au gré de l'avancée du plan de départs volontaires portant sur 7.500 suppressions de postes, la direction d'Air France demande des efforts supplémentaires aux salariés qui restent dans l'entreprise. Néanmoins, l'accélération de la vaccination prévue et la mise en place d'un certificat sanitaire en juin devraient permettre d'envisager la sortie du tunnel.
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