L'espoir renaît pour les professionnels dépendant de l'activité touristique. Alors que l'épidémie flambe, tous espèrent enfin voir la fin du tunnel avec la présentation ce mercredi par la Commission européenne de son projet de certificat sanitaire.
Objectif : lever les quarantaines
Prévu en juin, il doit permettre de lever les différentes restrictions de voyage, comme les quarantaines, et relancer le tourisme et le transport aérien cet été, même si la crise sanitaire n'est pas encore maîtrisée. Le temps est compté. L'objectif affiché par la Commission est clairement de sauver la saison estivale des acteurs du voyage, une période déjà cruciale en temps normal, aujourd'hui vitale pour un secteur à l'arrêt depuis un an.
"Cela donnerait un coup de pouce significatif et bien nécessaire aux économies et permettrait de sauver des millions d'emplois et de moyens de subsistance", a déclaré Gloria Guevara, PDG de World Travel & Tourism Council.
Disponible en version papier ou numérique sur un smartphone, ce certificat n'est pas un passeport au sens où il ne conditionnera pas l'entrée dans un pays. Il contiendra des informations qui attesteront que son titulaire a été vacciné contre le Covid-19, ou qu'il est immunisé à la suite de son infection, ou encore qu'il a passé un test PCR négatif. Si les certificats de vaccination et d'immunité permettront à leur titulaire d'entrer dans un territoire sans quarantaine, les personnes non vaccinées (parce qu'elles ne font pas partie des groupes de population prioritaires ou parce qu'elles ne veulent ou ne peuvent pas l'être) pourront en revanche être soumises, le cas échéant, à des mesures contraignantes comme la quarantaine.
"Nous voulons aider les Etats membres à rétablir la liberté de circulation d'une façon sûre, responsable et digne de confiance", a expliqué la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Valable pour les citoyens européens et les résidents en Europe, ce certificat prendra en compte les quatre vaccins contre le Covid-19 autorisés dans l'UE (ceux de Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca/Oxford et Johnson & Johnson). Mais "cela ne doit pas empêcher les Etats membres d'accepter (...) d'autres vaccins", selon ce texte, ce qui ouvre la voie aux vaccins chinois Sinopharm et russe Spoutnik V, pour lesquels certains pays de l'UE comme la Hongrie ont opté. Valable dans tous les pays européens, ce passeport sanitaire n'a pas vocation à être pérenne et pourra être suspendu quand l'OMS, l'organisation mondiale de la santé, aura constaté la fin de la pandémie.
Les pays du Sud poussent pour une application rapide
Plusieurs pays dépendants comme la Grèce ou Chypre ont déjà adopté ou annoncé leur intention d'adopter de tels passeports. En revanche, certains pays comme l'Allemagne sont réticents. Selon un connaisseur du dossier, la France ne s'oppose pas au principe de ce pass sanitaire même si elle pointe la question de l'égalité aux vaccins. En tout cas, les débats s'annoncent houleux. Car la proposition de règlement devra encore être approuvée par les Etats membres et le Parlement européen. Un "accord ne sera pas rapidement trouvé", prévient un diplomate européen.
"Certains Etats en retard dans la vaccination seront tentés de vouloir décaler la mise en place", confie une source européenne à La Tribune.
Les aéroports français, eux, veulent que la France se positionne très vite pour éviter que les voyageurs européens ne réservent leurs vacances dans d'autres pays.
Le projet soulève des interrogations d'un point de vue scientifique, des incertitudes entourant encore le fait de savoir si des personnes vaccinées peuvent être porteuses du virus de façon asymptomatique et le transmettre. "Il y a apparemment une réduction dans la transmission mais nous ne savons pas encore jusqu'à quel degré", a souligné mardi Andrea Ammon, la directrice de l'agence européenne chargée des maladies (ECDC). Selon des sources européennes, des échanges tendus ont eu lieu la semaine dernière entre l'ECDC et la Commission sur le maintien ou pas d'un certain nombre de restrictions. Pour l'ONG Liberties un tel pass est prématuré et l'UE devrait plutôt "focaliser ses efforts sur un déploiement rapide et équitable de son programme vaccinal".
Malgré les retards de livraisons et les suspensions de vaccination avec AstraZeneca décidées par plusieurs pays, Bruxelles maintient son objectif d'une vaccination de 70% des adultes dans l'UE d'ici à la fin de l'été. Selon l'AFP, seule 3,5% de la population européenne a reçu les deux doses de vaccination nécessaires.
Discussions avec l'OACI
Les déplacements vers les pays tiers pourraient être également facilités d'ici à l'été. L'OACI, l'organisation de l'aviation civile internationale qui régit le transport aérien, travaille sur la possibilité d'intégrer les données sanitaires des passagers dans les "e-passeport" qui ont l'avantage de présenter un standard qui existe déjà. Des discussions sont en cours avec Bruxelles pour rendre les deux systèmes compatibles.
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