Fret ferroviaire : Alstom et Engie s'allient dans l'hydrogène pour « tuer le diesel »

L'association des deux industriels Alstom et Engie vise à remplacer toutes les locomotives diesel transportant des marchandises sur les portions non électrifiées du réseau ferroviaire français, et dans d'autres grands pays de fret européens à terme. La mise en place de la logistique de ravitaillement et les premiers tours de roues des nouvelles locomotives électriques fonctionnant à l'hydrogène sont prévus en 2025. Un calendrier compatible avec celui de la SNCF qui s'est fixé comme horizon 2035 pour en finir avec le gazole.
Alstom et Engie se connaissent bien: ils ont notamment collaboré en mars 2020 au succès d'un test au Pays-Bas avec un train de passagers léger Coradia iLint, lors duquel de l'hydrogène renouvelable a été utilisé pour recharger le train.
Alstom et Engie se connaissent bien: ils ont notamment collaboré en mars 2020 au succès d'un test au Pays-Bas avec un train de passagers léger Coradia iLint, lors duquel de l'hydrogène renouvelable a été utilisé pour recharger le train. (Crédits : Alstom)

La SNCF veut en finir avec ses vieilles locomotives diesel qui chaque année brûlent des millions de litres de gazole, et elle a fixé à 2035 l'horizon de la décarbonation totale de ses trains sur l'ensemble du réseau de son réseau ferroviaire.

Deux industriels français viennent d'annoncer une alliance qui va contribuer à aider l'opérateur ferroviaire historique à respecter son calendrier.

Le constructeur ferroviaire Alstom et l'énergéticien Engie ont en effet annoncé ce mercredi avoir signé un partenariat pour développer de puissantes locomotives de fret propulsées par une pile à combustible fonctionnant à l'hydrogène. Ils ont expliqué dans leur communiqué comment ils comptent se partager les tâches dans ce projet qui ambitionne de placer "l'hydrogène au cœur de la décarbonation du ferroviaire".

Engie et Alstom engagés dans la décarbonation de la mobilité lourde

D'un côté, le constructeur ferroviaire Alstom, pionnier dans le domaine des matériels roulants alimentés à l'hydrogène, va s'occuper de la conception d'une solution de motorisation à hydrogène fondée sur un système de piles à combustible de forte puissance (il s'agit de tirer des trains de 2.000 tonnes) afin d'alimenter les locomotives électriques. Avec quelques centaines de kilomètres d'autonomie, ces piles à combustible auront pour mission de remplacer le diesel dans les parties non électrifiées du réseau ferroviaire, ce qui représente de 15% à 20% d'un trajet selon les études d'Alstom et de ses partenaires.

De l'autre côté, l'énergéticien Engie fabriquera l'hydrogène renouvelable pour alimenter ces puissantes locomotives. De l'hydrogène renouvelable ou "vert", c'est-à-dire fabriqué sans recours à des énergies fossiles. Engie projette de développer d'ici à 2030 une capacité de production d'hydrogène renouvelable de 4 GW,  de disposer de 700 km de réseaux d'hydrogène dédiés et de  1 TWh de capacités de stockage,  sans oublier la gestion de  plus de 100 stations de recharge. 

Précédente collaboration dans le train régional Coradia iLint

Les deux industriels avaient déjà collaboré en mars 2020 au succès d'un test au Pays-Bas avec un train de passagers régional léger Coradia iLint, lors duquel de l'hydrogène renouvelable a été utilisé pour recharger le train.

Alstom commercialise déjà des trains de passagers à hydrogène: 41 rames lui ont été commandées par deux Länder allemands et des expérimentations ont eu lieu en Autriche, aux Pays-Bas (avec Engie donc), en Pologne, en Suède et en France.

En France, la commande que la SNCF avait passée à Alstom en avril 2021 concernait des trains "bimodes" régionaux, légers, capables de rouler sous caténaires en traction électrique et en mode hydrogène, sans polluer donc. Ces 12 TER baptisés Régiolis H2 et dont la mise en service est prévue pour 2025 (avec de premiers essais fin 2023, début 2024) sont dotés d'une autonomie allant jusqu'à 600 km sur les lignes non-électrifiées.

Lire aussi 3 mnLa SNCF passe commande à Alstom des premiers trains à hydrogène français

"L'idée est d'optimiser l'utilisation des locomotives électriques existantes, et quelque part de tuer le diesel, évitant de consommer des millions de litres par an pour le fret", a déclaré à l'AFP Raphaël Bernardelli, vice-président d'Alstom. "Il y une volonté de doubler la part du ferroviaire: il faut accompagner ça par une décarbonation totale", a-t-il souligné.

Se déployant donc désormais dans la décarbonation de la mobilité lourde, Alstom vise une mise en service de ses futures puissantes locomotives à pile à combustible pour la fin de l'année 2025, alors que la SNCF promet la fin du diesel pour 2035, et la Deutsche Bahn pour 2040. Des opérateurs nord-américains et australien travaillent également sur des solutions semblables pour le fret.

Engie compte de son côté sur cette nouvelle application pour renforcer la place de hydrogène dans les transports lourds, qu'il développe par exemple avec les camions du secteur minier.

« On a mis en place des capacités renouvelables importantes. Demain, la demande va être tirée par les usages de façon plus importante et corrélée », a souligné Sébastien Arbola, directeur général adjoint d'Engie chargé des activités de production thermique, hydrogène et de fourniture d'énergie.

L'alliance cible aussi les grands pays de fret ferroviaire européens

Le développement de cette solution sera principalement confié à des sites français, tels Belfort, Tarbes ou Aix-en-Provence. Alstom fait partie des 15 industriels présélectionnés par le gouvernement français pour bénéficier d'une aide publique au titre des programmes européens PIIEC de soutien aux technologies de rupture (comme l'hydrogène) et à la recherche.

Mais le marché français n'est pas le seul visé par l'alliance Alstom-Engie: car, si leur partenariat vise à apporter une solution zéro émission dans le transport de marchandises et de passagers qui permet de répondre aux enjeux climatiques, environnementaux et de santé publique y compris sur les lignes secondaires et les embranchements non électrifiés, leur marché cible s'étend à tous les grands pays de fret ferroviaire européens, assurent les deux groupes dans leur communiqué.

(avec AFP)

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Commentaires 10
à écrit le 07/04/2022 à 16:16
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On ne parle pas de trains de passagers, mais de trains de voyageurs...

à écrit le 07/04/2022 à 9:37
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Si ALSTOM voulait bien s'intéresser aux travaux entrepris par CUMMINS, YUCHAI et le consortium japonais (TOYOTA, MAZDA, SUBARU, KAWASAKI et YAMAHA) à propos de l'injection directe d'hydrogène dans les moteurs thermiques ce serait très profitable pour...

le 08/04/2022 à 0:15
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Et pk je dois utiliser un moteur thermique en hydrogene avec une efficacite moins de 50% quand je peux utiliser un moteur electrique vers 90%+ d'eficacité

à écrit le 06/04/2022 à 19:02
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Les ponctionnaires et paraponctionnaires tous unis pour ruiner les français...

le 06/04/2022 à 23:43
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Vous avez raison … surtout ne rien faire , ne pas remettre en question les lobbys camions, gazole, continuer à polluer comme si rien n était … quand vous crev… d un cancer des poumons ou autres tout le monde fera comme vous : il s en fichera …. Le f...

le 07/04/2022 à 1:05
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@Jade La libre entreprise cela vous dit quelque chose ou bien vous êtes complètement ravagé par le socialisme? En l'occurence, dans une véritable économie de marché le rôle de l'état n'est pas fausser la concurrence en gaspillant nos impôts ...

à écrit le 06/04/2022 à 17:18
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tiens, pour une fois on ne fait pas de la transition ecolo qui vise a tout planter dans 6 mois ' et apres on verra'? curieux, les politicards deviendraient ils raisonnables a arreter de foutre la pression qui amene au chaos?

à écrit le 06/04/2022 à 15:00
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Pourquoi ils ne roulent pas à l'essence, leurs trains ? Ça "tuerait" le diesel. Mais peut-être en faudrait-il beaucoup plus en volume pour obtenir la même puissance, on a été bien contents d'en avoir du gazole pour transporter des choses. Y a-t-il de...

le 06/04/2022 à 23:45
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La combustion à essence n a pas le même pouvoir de puissance et de stabilité …( chaleur, gel, moteur qui «  chauffe ») Pourquoi croyez vous que les camions , autocars roulent aussi au diesel ?

le 07/04/2022 à 1:09
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@Photo73 Parce que l'essence est plus polluant (cf. consommation) que le gazole et pue le benzène (cf. faible raffinage). CQFD! NB: Ne pas confondre pollution et toxicité.

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