Le géant du maritime Maersk est favorable à une taxe carbone pour... le transport maritime

Le géant danois du transport maritime Maersk a déclaré être favorable à l'instauration d'une taxe carbone, une annonce qui s'inscrit dans la continuité de ses précédents engagements en matière de transition énergétique.
(Crédits : Brendan McDermid / Reuters)

Mercredi 2 juin, Soren Skou, le patron du géant danois et premier armateur mondial AP Moller-Maersk, a fait une annonce pour le moins fracassante, en proposant d'instaurer une taxe carbone sur les carburants utilisés dans le transport maritime. Un peu à la manière de Jeff Bezos, le patron d'Amazon, quand il demandait récemment de payer plus d'impôts, Soren Skou a suggéré de taxer chaque tonne de carburant à hauteur de 450 dollars 369 euros), ce qui revient à introduire une taxe de 150 dollars (123 euros) par tonne de CO2.

L'objectif ? Encourager le recours aux énergies vertes et permettre ainsi, selon Soren Skou, de « combler le fossé entre les carburants fossiles utilisés par les navires aujourd'hui et les alternatives plus écologiques qui sont actuellement plus coûteuses ».

Une proposition à la veille d'une réunion de l'OMI

La proposition de Maersk intervient à une semaine de la réunion du Comité de la protection du milieu marin de l'Organisation maritime internationale (OMI), qui se déroulera du 10 au 17 juin à Londres. Ce sommet entend notamment se pencher sur les objectifs de réduction des émissions de CO2 du transport maritime.

Un tel enjeu apparaît en effet crucial : le secteur maritime qui, à l'instar du transport aérien, n'a pas été intégré dans l'Accord de Paris de 2015, est aujourd'hui à l'origine de 940 millions de tonnes d'émissions de CO2 par an, soit 2,5% des émissions mondiales (source: OMI), et utilise en outre les carburants les plus polluants, tels que le fioul lourd.

Maersk prêt à revoir son modèle économique

Bien qu'étant lui-même un gros consommateur de carburants, le premier armateur mondial, qui exploite quelque 700 navires parmi les plus grands du monde, soutient une politique ambitieuse en matière de transition énergétique, et juge que l'OMI ne va pas assez vite dans les régulations. Soren Skou estime ainsi que l'OMI devrait s'atteler à mettre en place un outil économique de réglementation mondiale des émissions d'ici 2025.

L'engouement de Maersk pour une telle taxe s'explique également par un changement de comportement de ses principaux clients, dont plus de la moitié ont déjà établi des objectifs pour éliminer leurs émissions de gaz à effet de serre.

Un groupe qui souhaite faire figure de précurseur en matière de transition énergétique

Depuis la vente en 2017 de sa division pétrolière à Total, Maersk a entrepris une importante restructuration visant à se recentrer sur le transport et la logistique. Maersk a désormais pour ambition d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050 et a rapporté avoir réduit de près de 42% ses émissions de gaz à effet de serre entre 2019 et 2020.

Maersk avait également annoncé, le 17 février dernier, la mise en place d'un navire neutre en carbone d'ici à 2023, soit sept ans avant son objectif initial. Ce navire de ligne d'une capacité de 2000 équivalents vingtpieds, devrait ainsi fonctionner au bio-méthanol, toujours dans l'optique d'accélérer la décarbonisation des opérations maritimes de Maersk.

Une taxe carbone présentée comme une opportunité économique

Si Soren Skou reconnaît qu'une telle taxe n'est pas insignifiante en termes de coûts induits pour les armateurs, il affirme qu'en tenant compte de la demande accrue des consommateurs pour des produits neutres en carbone, cette taxe peut constituer une véritable source de gains économiques pour le groupe AP Moller-Maersk (« This is a cost problem, but on the other hand it's also a business opportunity. We're meeting customer demand by developing carbon neutral products »).

L'absence de consensus autour de cette proposition

Malgré les arguments avancés par Soren Skou pour convaincre des atouts d'une telle taxe, sa mise en œuvre fait débat.

Parmi les critiques, le groupe S&P Global Platts, principal fournisseur d'analyses pour les marchés de l'énergie et des matières premières, alerte notamment sur le coût élevé et l'offre limitée d'alternatives vertes au fioul lourd. Selon S&P, la proposition de Maersk semble donc précoce au vu du contexte et les carburants fossiles pourraient rester le choix dominant pour plusieurs années encore.

Outre la taxe carbone en elle-même, le prix proposé par Soren Skou n'est pas consensuel. Le FMI tend plutôt à recommander un prix plancher de 75 dollars, qui pourrait notamment s'appliquer aux principaux pollueurs tels que les pays du G20. Cette proposition avait été avancée par la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva le 22 avril dernier, et devait permettre de limiter le réchauffement climatique sous les 2 degrés par rapport aux niveaux préindustriels.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 05/06/2021 à 11:53
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Ou comment étouffer la concurrence avec l'apparence du bon élève plein de bonnes attentions ,trop intelligent !.Les politiques sont coincés et ne peuvent revenir sur les lois climatiques sans être traités de parjure .Le mieux ,pour les entreprises qu...

à écrit le 05/06/2021 à 9:45
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Ils doivent avoir pris de l'avance leur permettant aux cas où de bénéficier de bons bénéfices si jamais un jour nos mégas riches du monde se souciaient de l’environnement mais comme ces derniers n'en ont rien à faire...

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