Le transport d’électricité tire les résultats du tunnel sous la Manche (Getlink)

L'exploitant du tunnel sous la Manche, Getlink, a enregistré un chiffre d'affaires en hausse de 64% au premier semestre. Une performance liée à la hausse du trafic d'Eurostar qui retrouve son niveau d'avant la pandémie. Mais aussi par le transport d'électricité de part et d'autre de la Manche. Explications.
Getlink a annoncé un chiffre d'affaires de 934 millions de chiffre d'affaires, en hausse de 64 % par rapport à l'année dernière
Getlink a annoncé un chiffre d'affaires de 934 millions de chiffre d'affaires, en hausse de 64 % par rapport à l'année dernière (Crédits : CHARLES PLATIAU)

Yann Leriche, le directeur général de Getlink ne boudait pas son plaisir ce jeudi, lors de l'annonce des résultats semestriels de l'entreprise, anciennement groupe Eurotunnel. Et pour cause, avec 934 millions de chiffre d'affaires réalisé, en hausse de 64 % par rapport à l'année dernière sur la même période, et un résultat net de 159 millions d'euros, soit autant que sur l'ensemble de l'année 2019, le groupe réalise des résultats financiers historiques. Le Brexit n'aura pas impacté les comptes du groupe, bien au contraire.

Ces performances sont portées par la reprise importante du trafic passagers de l'Eurostar, lequel a augmenté de 54% par rapport à 2022, revenant au niveau de 2019. Au total, la compagnie franco-britannique a enregistré 5 millions de passagers au premier semestre.

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L'électricité, moteur de Getlink

Mais ces chiffres exceptionnels sont également portés par la très bonne performance du tout nouveau projet de l'entreprise : Eleclink, un câble électrique d'un gigawatt tendu dans le tunnel entre la France et l'Angleterre. Mise en place en mai 2022, cette nouvelle infrastructure qui permet de faire passer l'électricité produite d'un pays à l'autre, a généré 330 millions d'euros de chiffre d'affaires, soit le tiers de celui du groupe, et près de la moitié de l'Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) total.

Un résultat qui s'explique surtout par les revenus des enchères du câble. En effet, les fournisseurs achètent l'énergie là où le prix est le plus faible, pour la revendre dans le pays à un prix plus élevé. De fait, ils doivent payer le transport et participent à des enchères pour gagner un droit de passage par ce réseau. Cet hiver et avec la menace de la pénurie d'énergie liée à la guerre en Ukraine, les échanges ont été nombreux et les enchères pour le passage de l'électricité de part et d'autre de la Manche, très élevées.

« Ce réseau était initialement construit pour l'Angleterre afin qu'elle puisse acheter de l'énergie peu chère via notre nucléaire. En réalité, cet hiver, l'énergie n'a été transportée que dans le sens Angleterre-France mais surtout, sans ce câble, la France aurait sans doute eu des coupures », a affirmé Yann Leriche, le directeur général de Getlink lors de la présentation des résultats.

Ce réseau de transport d'électricité permet surtout de sécuriser le groupe financièrement puisque 84 % de la capacité totale du câble pour l'année ont déjà été achetées, générant 541 millions de revenus pour 2023 et déjà 243 millions d'euros pour 2024.

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Le fret en difficulté

Sur la question d'un nouveau câble potentiel en construction, le dirigeant a botté en touche assurant qu'un nouveau projet semblait pertinent, au vu des besoins d'électricité qui vont augmenter dans les prochaines années. « La Grande-Bretagne mise beaucoup sur l'éolien qui est une énergie qui fluctue. Elle aura donc besoin d'une énergie en continu au cas où la demande serait trop forte », a précisé Yann Leriche. Néanmoins, il a rappelé l'investissement d'un tel projet à hauteur de 720 millions d'euros avec des coûts de fonctionnement de 30 millions d'euros annuel.

En outre, si les résultats sont excellents, le point noir vient du fret. Le transport de marchandises par le train, via la filiale Europorte de Getlink, a connu les grèves des opérateurs côté français entraînant des dépenses importantes de compensation et conduisant à un Ebitda en recul de 13 %.

Autre situation tendue : le transport par camion. Celui-ci a diminué de 19 % par rapport à 2022. La faute aux conséquences du Brexit, qui ont permis aux entreprises du fret maritime de faire du dumping social pour embaucher de la main d'œuvre moins chère. L'un des géants du Fret maritime, P&O, avait licencié 800 marins anglais en avril 2022. Dernièrement, une proposition de loi visant à lutter contre ce dumping a été adoptée à l'Assemblée nationale. La société Getlink espère ainsi récupérer des parts de marchés sur ce secteur très concurrentiel dans les prochaines années.

Malgré un environnement économique incertain en Angleterre et une situation sociale tendue en France, Getlink reste serein sur ses prévisions et envisage d'atteindre 910 millions d'euros d'Ebitda à la fin de l'année.

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Commentaires 3
à écrit le 21/07/2023 à 7:58
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Il faut également noter que l'Angleterre a mis en service un câble sous-marin qui la relie à la Norvège, baptisé "Norway ICT", d'une capacité de 1.5GW. La Norvège possédant de grandes ressources hydrauliques (barrages) que l'Angleterre n'a pas, ce câ...

à écrit le 20/07/2023 à 16:44
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Quand l'électricité sera parfaitement verte des deux côtés de la Manche, ce sera une situation idéale. Il faudra être patients...

le 22/07/2023 à 18:31
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Bonjour, pour avoir de l'électricité produite depuis des énergies renouvelables ( totalement verte) . Nous allons devoir attendre un peux... La France est en retard sur ses objectifs du renouvelables.. Le développement de la mobilité électrique, r...

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