Low-cost, vols directs, international : l'aéroport Brest Bretagne se cherche une seconde vie

En attendant l’arrivée de Celeste, la compagnie bretonne qui opérera vers Paris-Orly après l’arrêt des vols opérés par Chalair sur cette liaison secouée par les turbulences depuis le retrait d’Air France, l’aéroport de Brest Bretagne change de manche. L’ouverture par Volotea de sa neuvième base en France traduit une stratégie de développement notamment fondée sur des lignes low-cost en vols directs et la connexion aux hubs internationaux.
Avec l'inauguration d'une ligne directe vers Marrakech avec Transavia et la création d'une base Volotea, l'aéroport Brest Bretagne compte rebondir grâce à la mise en place d'un réseau de vols directs. Objectif, attirer les passagers brestois mais aussi bretons alors que les autres aéroports régionaux sont en perte de dynamique.
Avec l'inauguration d'une ligne directe vers Marrakech avec Transavia et la création d'une base Volotea, l'aéroport Brest Bretagne compte rebondir grâce à la mise en place d'un réseau de vols directs. Objectif, attirer les passagers brestois mais aussi bretons alors que les autres aéroports régionaux sont en perte de dynamique. (Crédits : Aéroport Brest Bretagne)

Ça bouge dans le ciel de Brest. Alors que la desserte aérienne bretonne est en pleine recomposition et se cherche un nouveau plan de vol, les turbulences sur la liaison Brest-Orly, concurrencée par le TGV (3h48) - et en forte baisse de fréquentation -, pousse l'aéroport Brest-Bretagne à changer de direction.

En accueillant début novembre, la neuvième base en France de la compagnie espagnole Volotea, qui opérait vers sept destinations depuis dix ans, l'aéroport, société filiale à 66% de la CCI métropolitaine Bretagne ouest (CCIMBO), expérimente un nouveau modèle dans le low-cost, avec un avion basé à Brest pour des vols directs. Au même moment, il a aussi inauguré une ligne hivernale Brest-Marrakech, opérée par Transavia.

Davantage de vols directs vers l'Europe

Pour 2024, Volotea, qui assure déjà des liaisons vers d'autres métropoles régionales, annonce treize nouvelles routes vers trois nouveaux pays (Italie, Grèce, Portugal) : vers Athènes, Barcelone, Faro, Palerme, ou encore Olbia et Rome, pour un total de 400.000 sièges proposés. L'arrivée en avril prochain sur le tarmac de son Airbus A320 s'accompagnera de la création d'environ 30 emplois directs et 170 emplois indirects. La compagnie s'enorgueillit d'ailleurs que ce développement appuie « son statut de chef de file de la connectivité à Brest ».

« L'implantation à Brest de la 20ème base de Volotea en Europe répond à notre ambition d'accroitre la connectivité au départ de notre plateforme » illustre Claude Arphexad, directeur de l'aéroport Brest Bretagne interrogé par La Tribune.

Premier aéroport breton devant Rennes avec 802.000 passagers en 2023 (stable par rapport à 2022), l'infrastructure n'a jamais retrouvé son niveau de 2019 (1,236 million de voyageurs, -35%). Après l'externalisation l'an dernier à Alyzia des services d'assistance aux compagnies aériennes, son chiffre d'affaires s'établira à 18 millions d'euros en 2023 (24 millions en 2022).

« Avoir un avion basé à Brest nous ouvre d'importantes perspectives de développement et nous permettra de satisfaire la forte demande de nos voyageurs à la recherche de vols directs vers de grandes villes européennes » poursuit le dirigeant.

Si l'aéroport mise sur les vols courts et moyens courriers vers l'étranger, c'est aussi parce que les vols domestiques sont touchés par l'interdiction réglementaire des vols courts et par la stratégie des compagnies aériennes. Selon une étude du Conseil économique et social régional (Ceser) publiée en juin, le nombre de vols intérieurs courts a été divisée par trois depuis 2019 en Bretagne. Et les avions peinent à se remplir.

Celeste entre piste, vers Orly et d'autres villes

En cela, la ligne Brest-Orly, abandonnée par Air France, puis par Transavia début 2023, puis par Chalair le 11 novembre dernier, est symbolique. Malgré plus de 98% des vols programmés réalisés, le niveau de fréquentation est resté insuffisant. La compagnie a aussi jeté l'éponge en raison de la volonté affichée de certaines institutions locales dont la CCIMBO, le Medef, Cpme29, l'UIMM Finistère et BTP Finistère de privilégier la solution Céleste.

Cette nouvelle compagnie a déjà obtenu son certificat de transporteur aérien au printemps dernier mais est « encore dans l'attente de la délivrance de sa licence d'exploitation par la DGAC » indique son porte-parole Jacques Orjubin à La Tribune.

« Une fois cette dernière étape acquise, nous pourrons alors lancer la commercialisation des vols. Celeste se fixe pour objectif d'être opérationnel d'ici la fin de l'année » ajoute-t-il.

Prochainement basé à Brest, son Bombardier CRJ1000 de 100 places (ex-Hop !) vient d'arriver à Dinard chez Sabena Technics pour être peint aux couleurs de la compagnie. Celle-ci compte se concentrer sur la ligne Brest-Orly, mais regarde aussi d'autres villes.Pour autant, la liaison vers Paris-Orly reste un pari.

« On sait mesurer les écarts, la ligne a perdu 300.000 passagers en quatre ans, Transavia culminait à 33.000 passagers en 2022, à 6.000 en 2023 et Chalair à 17.000 soit 23.000 passagers au total cette année » évalue Claude Arphexad.

« La liaison n'a pas redémarré après la Covid-19 en raison des changements d'habitude, y compris de la clientèle d'affaires et de l'écosystème d'Air France avec des sociétés tierces (Chalair bénéficiait de son soutien commercial). Avec moins de vols et de flexibilité, le modèle proposé n'était plus le même pour des clients fidèles à Air France. »

Se rapprocher des hubs internationaux

Pour le directeur de la structure aéroportuaire, le départ de Paris-Orly à l'horizon 2026 marque aussi la quasi fin de la base Air France et de son exploitation en étoile de correspondances régionales. Cela justifie le modèle que veut instaurer Brest, dont les pistes accueillent aussi Finistair (Ouessant) Easyjet, Aer Lingus, et Aegean Airlines. Et l'aéroport cherche actuellement un opérateur vers Londres.

« Avant on capitalisait sur un modèle de connexion via les Hub d'Orly et CDG, sur l'international comme sur le domestique France. Notre modèle de développement privilégie aujourd'hui la création de bases logistiques et d'un réseau de lignes directes, qu'elles soient low cost ou opérées par des compagnies dites nationales » détaille Claude Arphexad.

« La création de bases permet de réaliser beaucoup plus de lignes en direct et d'être moins dépendants des réseaux des autres aéroports. L'aéroport a aussi besoin de se rapprocher des hubs internationaux tels que Charles-de-Gaulle (via Air France), Barcelone ou Dublin (ligne estivale Aer Lingus). Sur les longs courriers, il n'y a pas d'alternative » assure-t-il.

En travaillant sur sa connectivité, l'aéroport cherche donc à associer les compagnies aériennes tout en s'appuyant sur les besoins du territoire, brestois mais plus largement régional, pour les voyages d'affaires (28%) mais surtout familiaux (30%) ou de loisirs (41%).

Trouver une destinée à Quimper

Il essaie aussi de compenser la perte de dynamique de l'aéroport de Rennes, sous-utilisé (644 000 passagers en 2022). Mais à l'échelle de la Bretagne, les neufs aéroports se cherchent un avenir.

Avec la fin, ce vendredi 24 novembre, de la ligne Quimper-Orly, assurée par Chalair, que la Région Bretagne n'entend plus soutenir financièrement, sa filiale, l'aéroport Quimper Bretagne (10.000 passagers en 2023), également géré par la CCIMBO, pourrait devenir un aérodrome.

« La crise sanitaire a signé l'arrêt de la ligne Air France vers Orly, et depuis, la prédominance de Brest a empêché Quimper de se développer à sa juste valeur. Les petites structures ont plus de mal à trouver des opérateurs. Il faut aujourd'hui trouver une destinée à cet aéroport qui ne dispose plus de vols réguliers vers Paris » déplore Claude Arphexad.

Proposer des lignes saisonnières fait aussi partie des options qui se posent aux actionnaires de cet aéroport qui héberge également un aéroclub.

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