Sabena Technics : l’avenir du site de Dinard suspendu aux contrats avec l’Armée ?

Les salariés de Sabena Technics à Dinard (35) s’inquiètent. Dans la foulée de la perte du contrat de maintenance des Falcon 50 et 200, au profit d’une filiiale française d'une société suisse, un autre contrat avec l’Armée arrive à échéance fin juin. La maintenance des Casa CN-235 de l’Armée de l’Air, serait un coup dur pour l’entreprise, située sur le site de l’aéroport de Dinard-Pleurtuit.
Les salariés de Sabena Technics à Dinard craignent qu'un non-renouvellement du contrat de maintenance des Casa CN-235, l'avion de transport tactique de l'Armée de l'Air, ne provoque le crash de leur entreprise.
Les salariés de Sabena Technics à Dinard craignent qu'un non-renouvellement du contrat de maintenance des Casa CN-235, l'avion de transport tactique de l'Armée de l'Air, ne provoque le crash de leur entreprise. (Crédits : Rémi Benoit / La Tribune)

A Dinard, les 510 salariés de l'antenne de Sabena Technics craignent pour la pérennité de leur emploi. Ils redoutent qu'un non-renouvellement fin juin, par le ministère des Armées, du contrat de maintenance des Casa CN-235, l'avion de transport tactique de l'Armée de l'Air, ne provoque le crash de leur entreprise, spécialisée dans la maintenance d'avions régionaux et militaires et installée sur le site de l'aéroport Dinard-Pleurtuit (Ille-et-Vilaine).

Perte en avril d'un premier contrat

Ce contrat arrive à échéance à la fin du mois et fait suite à un premier atterrissage douloureux : la perte en avril d'un autre contrat d'État, portant sur le suivi de huit avions Falcon 50 et 200 de la Marine nationale utilisés en métropole et en Polynésie française.

Sept salariés de Sabena Dinard, en poste sur l'escale de Lann Bihoué, ont déjà été informés de la suppression de leur poste. Ayant jugé l'offre de Sabena « significativement plus chère », de l'ordre de 35%, le ministère des Armées a préféré celle de Jet Aviation France, filiale à 100% de Jet Aviation, une entreprise de droit suisse détenue par le groupe américain General Dynamics. La structure dispose d'une activité sur les bases aériennes de Vélizy Villacoublay et de Bâle-Mulhouse.

La pilule est d'autant plus amère qu'en octobre 2020, la ministre des Armées, Florence Parly, était venue à Dinard pour rassurer les personnels en pleine crise aéronautique. Sabena a fait jouer sa capacité de recours mais n'a pas obtenu gain de cause. Contactée par La Tribune, le groupe n'a pas souhaité donner suite.

Selon nos informations, ces deux marchés représentent un effectif de plus de 100 personnes et un chiffre d'affaires annuel d'environ 40 millions d'euros TTC. Le  niveau de prix appliqué par Jet Aviation, et qui représente 73% de la note totale, placerait immédiatement Sabena en perte.

« L'offre de Sabena était une offre au prix juste. Les Falcon sont de vieux avions qui demandent de l'argent », réagissent pour leur part les salariés dinardais.

40% de l'activité dans le militaire

Sur le second appel d'offres portant sur les Casa CN-235Sabena Technics a pour concurrent la société anglaise Babcock à travers sa filiale française.

« La perte de ce contrat, qui occupe surtout une centaine de personnes sur le site de Dinard (plus Tahiti et La Guyane) dans un contexte aéronautique au point mort mettrait en danger la pérennité du site et des emplois » assure Philippe Roinsard, délégué syndical Unsa.

« C'est d'ailleurs ce qu'a laissé entendre le président du groupe Philippe Rochet, lors de l'assemblée générale des actionnaires, indiquant que cela serait un coup très dur pour Dinard, si jamais le marché civil ne permettait pas de compenser. »

En 2020, la moitié du chiffre d'affaires global de Sabena Technics (520 millions d'euros, en baisse de 100 millions d'euros, 3.000 salariés) concernait l'activité militaire. Selon l'Unsa, le site de Dinard (110 millions d'euros sur 135 millions prévus en 2020) en dépend à 40%.

« A cette activité s'ajoute un peu d'aviation civile, via le contrat de maintenance des ATR d'Air Caraïbes. Dinard a aussi développé une activité de négoces de pièces. Le risque, c'est de voir les hangars (15 000 m2) se vider », évalue le délégué syndical.

En avril, les salariés dinardais de Sabena Technics avaient interpelé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, en visite à Saint-Malo. Leur lettre, qui n'a trouvé aucun écho, lui avait été transmise par le maire de Saint-Malo, Gilles Lurton.

« Nous souhaitions comprendre la stratégie du gouvernement en matière de relance économique et de gestion des deniers publics. Au-delà du discours politique sur la souveraineté nationale, la loi des marchés a pour conséquence la perte d'emplois et de savoir-faire sur le territoire français » déplorent-ils, déçus aussi de ne pas avoir reçu plus de soutien des élus locaux et régionaux.

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Commentaires 2
à écrit le 16/06/2021 à 21:09
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Pour les salariés concernés,ce serait une catastrophe ... En même temps,si cela permet des économies à l'armée française, ce ne sera pas plus mal pour nos impôts !! Surtout si c'est pour passer d'une entreprise française de la filiale belge d'un gro...

à écrit le 16/06/2021 à 17:26
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N' ya t'il pas à Clermont Ferrand des ateliers de maintenance aéronautique appartenant à l'armée ? Alors pourquoi faire travailler des belges ( Sabena technics ) ou une filiale d'une entreprise Suisse ( la Suisse étant hors UE ) ???

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