Maersk, MSC, CMA CGM, Hapag Lloyd, les géants du maritime évitent la mer Rouge à cause des attaques répétées des Houthis

Comme l'ont annoncé vendredi Maersk et Hapag-Lloyd, les armateurs MSC et CMA CGM ont annoncé également ce samedi suspendre le passage de leurs navires en mer Rouge en raison de la multiplication des attaques des rebelles houthis du Yémen. La tension ne faiblit pas. Un destroyer américain opérant en mer rouge a abattu samedi 14 drones lancés depuis des les zones du Yémen contrôlées par les Houthis.
Laurent Lequien
(Crédits : Reuters)

Tension extrême en mer Rouge. Face à la multiplication des attaques des rebelles houthis du Yémen -soutenus par l'Iran-, les compagnies maritimes renoncent les unes après les autres à passer par cette voie stratégique par laquelle transite 40% du commerce international. Et plus précisément celle du détroit de Bab el-Mandeb, qui relie l'océan Indien, via le Golfe d'Aden, à la mer Rouge, mais aussi le Canal de Suez. Ce samedi, au lendemain de la décision de Maersk et d'Hapag-Lloyd de ne plus faire passer leurs porte-conteneurs dans cette zone « jusqu'à nouvel ordre » pour le premier, jusqu'à lundi pour le second, deux autres géants du secteur, l'armateur français CMA CGM (propriétaire de La Tribune) et son rival italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC) ont annoncé des mesures similaires.

« Les inquiétudes en matière de sécurité augmentent » (CMA CGM)

Dans un communiqué, CMA CGM indique avoir « décidé d'ordonner à tous les porte-conteneurs de CMA CGM dans la région qui doivent passer par la mer Rouge, de rejoindre des zones sûres » ou de ne pas sortir des eaux jugées sûres, « avec effet immédiat et jusqu'à nouvel ordre ».

« La situation continue de se détériorer et les inquiétudes en matière de sécurité augmentent », affirme CMA CGM pour justifier sa décision.

MSC, dont l'un de ses bateaux, le « MSC Palatium II » a été touché vendredi par une attaque, a annoncé samedi que ses navires n'emprunteront plus le canal de Suez « jusqu'à ce que le passage de la mer Rouge soit sûr », a expliqué le groupe dans un communiqué.

Un destroyer américain opérant en mer Rouge a abattu samedi 14 drones

Les attaques des Houthis continuent néanmoins. Ce samedi en fin de journée, un destroyer américain opérant en mer Rouge a abattu samedi 14 drones lancés depuis des « zones du Yémen contrôlées par les Houthis », a déclaré le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom).  Les drones « ont été identifiés comme étant des drones d'attaque » et ont été « abattus sans faire de dommage pour des navires dans la zone ou de blessés signalés », a précisé le Centcom sur X.

Dans la nuit de vendredi à samedi, le destroyer britannique HMS Diamond a quant à lui abattu un « drone d'attaque présumé qui visait la marine marchande en mer Rouge », a annoncé sur X (ex-Twitter) le ministre de la Défense du Royaume-Uni Grant Shapps. « Un missile Sea Viper a été tiré et a permis de détruire la cible », a-t-il précisé Grant.

Pour rappel, les Houtis ont prévenu qu'ils viseraient des navires naviguant au large des côtes du Yémen et ayant des liens avec Israël, en riposte à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza. Ces dernières semaines, plusieurs missiles et drones ont été abattus par des navires de guerre américains et français qui patrouillent dans la zone.

Le Royaume-Uni avait annoncé fin novembre l'envoi du navire de guerre HMS Diamond dans le Golfe pour répondre à des « préoccupations croissantes » sur la sécurité des routes commerciales maritimes dans la zone.

« Autoroute de la mer »

La mer Rouge est surveillée comme le lait sur le feu par la communauté internationale depuis des années : cette « autoroute de la mer » reliant la Méditerranée à l'océan Indien, sur laquelle circulent chaque année quelque 20.000 navires, est une zone géopolitique et commerciale majeure. Pour éviter la mer Rouge, des navires contournent l'Afrique par le Cap de Bonne Espérance, rallongeant leur voyage de deux semaines, soulignait dans une note le 7 décembre la chercheuse Noam Raydan, du Washington institute.

« Les attaques des Houthis contre des navires marchands civils en mer Rouge doivent s'arrêter immédiatement », a réagi vendredi la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

En visite en Israël, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a dénoncé « une menace concrète pour une libre navigation » en mer Rouge.

« Les Etats-Unis travaillent avec la communauté internationale et leurs partenaires dans la région pour faire face à cette menace », a-t-il ajouté à Tel-Aviv, après avoir rencontré des responsables israéliens.

L'Iran menace

Le ministre iranien de la défense, Mohammed Reza Ashtiani, avait mis en garde mercredi contre un éventuel déploiement de forces multinationales en mer Rouge, que Téhéran considère comme sa zone d'influence. « S'ils prennent une décision aussi irrationnelle, ils seront confrontés à des problèmes extraordinaires », a-t-il déclaré à l'agence officielle ISNA.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, s'est pour sa part dit préoccupé par « la possibilité d'une escalade », en soulignant que la région « n'avait pas besoin d'un autre conflit », lors d'une conférence de presse à Oslo.

Lire aussiAttaques des Houthis en mer Rouge : les navires de Maersk évitent le détroit stratégique de Bab al-Mandeb

Laurent Lequien

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Commentaires 4
à écrit le 17/12/2023 à 18:10
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Je constate que ces houthis sont très bien "houtillés"

à écrit le 17/12/2023 à 9:45
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Avec ce blocage de la mer rouge nous n'avons jamais été aussi près d'une vraie guerre.

le 17/12/2023 à 19:35
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C'est déjà la guerre au Yémen au Soudan et en Ethiopie pour cette seule région du monde !!!

à écrit le 17/12/2023 à 5:38
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Il faut que les EAU et l'Arabie Saoudite procèdent au Yémen comme Israël à Gaza pour se débarrasser des Houtis s'ils veulent pouvoir continuer à exporter leur petrole. Au vu des armes qui ont été vendues à ces pays ce ne devrait pas être trop diffic...

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