Ryanair confronté à une grève simultanée dans cinq pays européens

Ryanair fait face ce vendredi à la plus grande grève de son histoire, les pilotes basés dans cinq pays européens ayant décidé de cesser le travail, contraignant la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts à annuler des centaines de vols au plus fort de la saison estivale.
(Crédits : YVES HERMAN)

Présente sur 86 bases dans 37 pays, Ryanair avait évité des grèves généralisées en décembre dernier, avant les fêtes de fin d'année, en reconnaissant pour la première fois les syndicats mais sa lenteur à négocier avec eux des accords collectifs fait de nouveau monter la colère parmi le personnel et notamment les pilotes.

Ryanair avait déjà annoncé l'annulation de 146 vols vendredi en prévision des appels à la grève en Irlande, Suède et Belgique. Les 250 annulations supplémentaires dues à la grève en Allemagne porteront le total des vols annulés à un peu moins de 400, soit 17% des plus de 2.400 vols qu'elle aurait dû assurer vendredi à travers l'Europe.

Le syndicat des pilotes néerlandais VNV avait annoncé mercredi soir qu'il appelait à une grève de 24 heures à compter de vendredi chez Ryanair. Le débrayage des pilotes allemands a commencé ce vendredi à 01h01 GMT et a touché tous les vols en partance de l'Allemagne.

Ryanair avait tenté jusqu'à la dernière minute d'empêcher ses pilotes basés aux Pays-Bas de se joindre au conflit social européen, mais une juridiction néerlandaise a débouté la compagnie aérienne.

Un dumping social pour maintenir des prix bas

La compagnie, n°2 européen du secteur qui revendique 130 millions de clients annuels, dénonce une grève "inutile", bien que depuis des mois elle ait vu le malaise social s'étendre à ses principales catégories de personnel.

D'une manière générale, les syndicats reprochent à la compagnie sa politique d'emploi, le recours à des contrats précaires et au dumping social. L'entreprise rejette ces accusations, affirmant mieux payer ses pilotes que ses concurrents ce que ces salariés démentent. Car Ryanair impose quand il le peut, selon les syndicalistes, des contrats de travail irlandais plus flexibles au personnel navigant, même s'ils vivent ailleurs en Europe. Pour se justifier, la compagnie relève que la majeure partie du travail se fait à bord d'avions immatriculés en Irlande.

Le transporteur, qui a connu une croissance considérable avec un bénéfice en 2018 prévu à plus de 1,25 milliard d'euros, se vante d'ailleurs d'avoir des "coûts bien moins élevés par passager que ses concurrents".

"Ryanair vend des billets à 39 euros et fait en même temps un bénéfice (...) c'est clairement les employés qui en payent le prix", juge dès lors un représentant du syndicat allemand Vereinigung Cockpit (VC), Janis Schmitt.

La grogne chez Ryanair avait déjà conduit à un premier mouvement européen, fin juillet, lorsque le personnel de cabine en Espagne, Italie, Portugal et Belgique avait fait grève. Quelque 600 vols furent annulés touchant 100.000 passagers. Les grévistes ont reçu le soutien de la Confédération européenne des syndicats (CES) qui regroupe 90 organisations nationales et dix fédérations européennes.

Peter Scherrer, son secrétaire général, a souhaité jeudi une multiplication des débrayages transnationaux pour aboutir "à ce que nous voulons au niveau européen : des négociations sur les conditions de travail, des standards minimums".

Les passagers seront-ils indemnisés ?

Grogne aussi du côté des passagers. Pour ne pas verser les indemnités, la compagnie aérienne argue que la grève de ses pilotes est une circonstance exceptionnelle.

L'indemnisation, généralement comprise entre 250 et 600 euros selon la distance du vol, est prévue par l'article 12 du Règlement européen N°261/2004, qui régit les droits des passagers aériens, "sauf lorsque l'annulation est due à des circonstances extraordinaires qui n'auraient pas pu être évitées même si toutes les mesures raisonnables avaient été prises."

Pour Michael O'Leary, Pdg de a compagnie, "Ryanair se conforme pleinement à la législation. Mais, comme ces annulations de vols relèvent de circonstances extraordinaires, aucune indemnité n'est due."

"En vertu de la législation, aucune indemnisation n'est payable lorsque le syndicat agit de manière déraisonnable et totalement hors du contrôle de la compagnie aérienne."

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