Selon les Pays-Bas, la survie d'Air France-KLM n'est pas acquise. Vraiment ?

Selon le ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra, la survie d'Air France-KLM n'est pas acquise si le groupe ne diminue pas suffisamment pas ses coûts. Pour autant, il est difficile d'imaginer que la France et les Pays-Bas cessent de soutenir leur compagnie pendant la crise. Une augmentation de capital est prévue d'ici au printemps prochain si les conditions de marché le permettent. Selon des analystes, le groupe aura besoin d'entre 2 et 4 milliards d'euros. Si la question de la survie d'Air France-KLM doit être posée, elle doit l'être autrement : Air France-KLM va-t-il resté uni ou les relations difficiles entre le groupe et sa filiale KLM se solderont-elles par un divorce ?
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Christian Hartmann)

Selon le ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra, la survie d'Air France-KLM  n'est pas acquise, et le groupe pourrait ne pas survivre à la crise actuelle s'il ne réduit pas suffisamment ses coûts, a déclaré dimanche le ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra.

"La survie d'Air France-KLM n'est pas acquise," a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision publique NPO"Ils devront s'attaquer à leur base de coûts, même si les choses restent en l'état. Mais si la situation se prolonge jusqu'à la fin de l'année prochaine, alors ils devront réduire (les coûts) encore plus drastiquement", a-t-il ajouté.

Air France-KLM a accusé une perte de 2,6 milliards d'euros au deuxième trimestre, après une perte de 1,8 milliard sur les trois premiers mois de l'année. La fin d'année s'annonce compliquée avec le rebond du Covid.

Ce lundi sur Europe1, le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari a répondu au ministre des Finances néerlandais en indiquant que le groupe est "déjà en train de faire des ajustements substantiels" face à la crise.

"Le groupe dans son ensemble est déjà en train d'ajuster substantiellement car la critique, la remarque sous-jacente du ministre néerlandais c'est le fait que dans un environnement très dégradé le groupe ne fait peut être pas assez pour être compétitif", a-t-il indiqué Jean-Baptiste Djebbari, en rappelant les plans de suppressions d'emplois annoncés par les deux compagnies.

Air France-KLM a engagé un plan de "reconstruction" du groupe après la crise du Covid-19 qui passera par une réduction de 40% du réseau intérieur français - sur lequel Air France a perdu 200 millions d'euros en 2019 - et la suppression de 7.580 postes d'ici fin 2022, soit 16% des effectifs d'Air France et 42% de ceux de Hop! qui assure les liaisons domestiques. Aux Pays-Bas, le plan de restructuration de KLM prévoit une réduction significative du nombre d'emplois. La compagnie néerlandaise va supprimer jusqu'à 5.000 emplois d'ici fin 2021.

La survie à court terme du groupe est assurée par le soutien financer des gouvernements français et néerlandais avec des prêts cumulés de 10,4 milliards d'euros. Les Pays-Bas ont prêté directement 1 milliard d'euros à KLM et apporté leur garantie sur un prêt bancaire d'un montant de 2,4 milliards d'euros. De son côté, l'Etat a français a prêté 3 milliards d'euros à Air France-KLM et garanti un prêt bancaire à Air France d'un montant de 4 milliards d'euros.

Besoin de deux à quatre milliards d'euros d'ici à un an

Une nouvelle aide dans le cadre d'une augmentation de capital est prévue d'ici au printemps prochain, a toujours indiqué la direction. Selon des analystes, Air France-KLM peut largement tenir "18 mois" mais aura néanmoins besoin de 2 à 4 milliards d'euros. Pour cela, il faudra que le cours de bourse remonte. A moins de 4 euros aujourd'hui, une augmentation de capital est impossible. L'arrivée l'an prochain d'un vaccin contre le coronavirus pourra être l'occasion de faire monter le cours.

Une telle opération pourrait être source de tensions entre la France et les Pays-Bas. Car la structure des prêts accordés au printemps peut avoir des conséquences sur la structure actionnariale d'Air France-KLM en cas d'augmentation de capital. Si, dans cette hypothèse, le gouvernement français convertit tout ou partie de sa créance en capital, l'Etat néerlandais, s'il souhaite conserver un poids similaire à celui de l'Etat français, il devra par conséquent remettre au pot, non pas au niveau de KLM cette fois, mais au niveau d'Air France-KLM. Il paiera donc deux fois.

Au final, la survie d'Air France-KLM est-elle en jeu ? Vu l'importance des deux compagnies dans l'économie de la France et des Pays-Bas, il est difficilement imaginable de voir les deux Etats cesser de soutenir leur compagnie. Fin juillet, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a d'ailleurs déclaré que la France continuerait de soutenir Air France "sans ambiguïtés".

Si la question de la survie doit être posée, elle doit l'être autrement : le groupe va-t-il resté uni ou les relations difficiles entre Air France-KLM et sa filiale KLM se solderont-elles par un divorce ?

Lire aussi : KLM n'envisage pas de quitter Air France-KLM : mais une rupture serait-elle possible ?

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 3
à écrit le 14/09/2020 à 16:36
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Nouveaux vents contraires pour Air France-KLM... Greenpeace, qui conteste l'aide apportée par les Pays-Bas à KLM (groupe Air France-KLM), va attaquer le pays en justice ! Les Pays-Bas avaient fait savoir en juin qu'ils allaient apporter une aide de 3...

à écrit le 14/09/2020 à 9:41
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Pourquoi? Si la compagnie coule, elle coule ensemble...sauf à recréer ex nihilo une nouvelle Klm avec des fonds uniquement néerlandais...Idem pour Air-France. De toute façon, hormis le groupe Lufthansa, les autres compagnies ayant fusionné n'ont gar...

à écrit le 14/09/2020 à 8:56
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Il y a trois à quatre fois moins d'avions dans le ciel, continuer soutenir cette économie à coups de milliards est totalement irréel mais particulièrement représentatif de la mentalité de notre classe politico-affairiste du 19ème siècle. "En avan...

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