La seconde vague du Covid-19 enfonce encore un peu plus les compagnies aériennes, déjà complètement exsangues depuis huit mois. Période traditionnellement difficile pour le secteur, l'hiver sera catastrophique et le reste de l'année 2021 est complètement incertaine, avec peu d'espoir d'une reprise digne de ce nom. Pour fin 2021, l'association internationale du transport aérien (IATA) ne table plus sur un chiffre d'affaires en recul de 29% par rapport à 2019, mais de 46% ! Les prévisions de pertes financières n'ont quant à elles pas encore été réévaluées. Elles seront évidemment supérieures aux 86 milliards de dollars prévus en juin à un moment où les compagnies tablaient sur une reprise en septembre, certes timide, mais sans le retour d'une deuxième vague. Déjà insuffisantes, malgré leur ampleur, pour stopper l'hémorragie de cash, les baisses des coûts engagés depuis le début de la crise ne permettront pas de compenser la totalité de la chute des recettes. Pour rappel, après avoir brûlé autour de 80 milliards de cash en 2020, les compagnies devraient encore consommer entre 60 et 70 milliards de dollars l'an prochain.
"Bien que les compagnies aériennes aient pris des mesures drastiques pour réduire les coûts, environ 50 % de leurs coûts sont des coûts fixes ou semi-fixes, du moins à court terme. Il en résulte que les coûts n'ont pas diminué aussi vite que les recettes. Par exemple, la baisse des coûts d'exploitation au deuxième trimestre a été de 48 % par rapport à l'année précédente, alors que les recettes d'exploitation ont diminué de 73 %, sur la base d'un échantillon de 76 compagnies aériennes", explique l'IATA.
Baisse de coûts colossale
Résultat, pour atteindre l'équilibre financier l'an prochain, les compagnies aériennes devraient réaliser des efforts titanesques : baisser leurs coûts unitaires de 30% par rapport à 2020 ! Une baisse qu'elles n'ont jamais réalisée. A titre de comparaison, en 2019, Air France-KLM a baissé les siens de 0,9%.
Surtout, après avoir reporté les livraisons d'avions neufs, sorti leurs avions les plus anciens, négocié à la baisse le loyer de leurs avions, alors que le prix du pétrole et des redevances aéroportuaires et de navigation aériennes est attendu à la hausse, "la seule option envisageable" pour réduire suffisamment les coûts est de réduire le coût du travail, explique IATA.
"Pour maintenir le niveau de productivité de la main-d'œuvre (sièges kilomètres offerts par employé) de l'année dernière, il faudrait réduire l'emploi de 40 %. D'autres pertes d'emplois ou réductions de salaires seraient nécessaires pour ramener les coûts unitaires du personnel au point le plus bas de ces dernières années, soit une réduction de 52 % par rapport aux niveaux du troisième trimestre 2020", a expliqué Alexandre de Juniac, le directeur général de l'IATA, en se défendant de suggérer aux compagnies de licencier.
Appel à de nouvelles aides d'Etat
Néanmoins, en brandissant cette menace, l'IATA demande une nouvelle fois l'aide des gouvernements qui, jusqu'ici, ont déjà apporté 160 milliards de dollars de soutien à l'échelle de la planète. Outre de nouvelles aides pour passer l'hiver, les compagnies aériennes demandent des mesures pour relancer le trafic, comme la mise en place de tests antigéniques dans les aéroports pour les passagers au départ.
"Pour chaque jour que dure la crise, le potentiel de pertes d'emplois et de dévastation économique augmente. Si les gouvernements n'agissent pas rapidement, quelque 1,3 million d'emplois dans le secteur aérien sont menacés. Et cela aurait un effet domino mettant en péril 3,5 millions d'emplois supplémentaires dans le secteur de l'aviation ainsi qu'un total de 46 millions de personnes dans l'économie au sens large dont les emplois sont soutenus par l'aviation", a déclaré Alexandre de Juniac.
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