La décarbonation de l'Île-de-France progresse mais reste encore loin du compte

En France, les énergies renouvelables étaient censées représenter 23% de la consommation finale de l'énergie à horizon 2020. Force est de constater que dans la région-capitale, si la chaleur renouvelable s'impose sur l'électricité renouvelable, la sobriété énergétique sera une des clés pour atteindre les objectifs.
César Armand
(Crédits : DR)

L'Île-de-France est le territoire le plus riche de France et d'Europe, le plus inégalitaire, le plus peuplé et le plus dense, mais aussi le mauvais élève de la lutte contre le dérèglement climatique.

"Quand j'ai été élue en décembre 2015, nous étions la dernière région pour la pollution de l'air ou pour les énergies renouvelables. Il y avait moins de panneaux solaires que dans les Hauts-de-France ou en Normandie et il n'y avait même pas de plan déchet. Pendant dix-sept ans, les écologistes l'ont gérée avec les socialistes. Leur bilan est calamiteux. Ça fait cinq ans que je me retrousse les manches !", s'énervait la présidente (Libres !) du conseil régional Valérie Pécresse, interrogée par La Tribune en septembre 2020 à l'issue d'une COP régionale.

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La chaleur renouvelable, première source de production d'EnR

En 2020, les énergies renouvelables (EnR) devaient représenter 23% de la consommation finale de l'énergie à l'échelle nationale. Force est de constater que la région-capitale produit encore moins de 12% de l'énergie qu'elle consomme, dont seulement la moitié en EnR.

"Le verdissement et la part des énergies renouvelables n'est pas à la hauteur des objectifs fixés en 2020 mais l'Île-de-France progresse plus vite que la moyenne nationale", affirme Jérémie Almosni, le directeur général de l'Agence pour la transition écologique (ADEME) IDF.

En réalité, l'Île-de-France n'a pas le choix. A l'échelle nationale, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 fixe l'objectif d'atteindre 38% de chaleur renouvelable dans la consommation finale de chaleur. Aujourd'hui, cette part dans la production atteint seulement 20%.

"Dans la région-capitale, la chaleur renouvelable qui se substitue aux gaz fossiles est issue de la géothermie, chaleur de récupération, et se couple au verdissement de gaz naturel avec la méthanisation", explique le DG de l'Ademe Île-de-France.

Devant l'électricité renouvelable (1.285 gigawattheures), les réseaux de chaleur renouvelable (13.750 GWh) restent en effet les plus importantes sources de production d'énergies renouvelables en Île-de-France, mais 42% de ces derniers sont encore alimentés par les énergies fossiles, à 37% par le gaz et  à 4,6% par le... charbon.

Parallèlement, les injections de biométhane ont certes été multipliées par 40 depuis 2013, avec 33 unités en fonctionnement aujourd'hui, mais le gaz renouvelable ne représente que 157 gigawattheures...  A titre de comparaison, une ville de 100.000 habitants consomme 415 GWh par an.

A l'heure de la guerre russo-ukrainienne qui rappelle la dépendance hexagonale au gaz, l'Agence pour la transition écologique (Ademe - opérateur d'Etat) veut donc développer la chaleur renouvelable.

"C'est une énergie décentralisée qui permet de s'affranchir de la fluctuation des coûts des énergies fossiles et de sécuriser son approvisionnement et sa production d'énergie", souligne Jérémie Almosni. "Elle permet en outre aux territoires de s'engager dans la transition énergétique en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre", insiste le DG de l'Ademe IDF.

Il faudra également faire preuve de sobriété énergétique

D'autant que l'opérateur de l'Etat et le conseil régional d'Île-de-France, présidée par Valérie Pécresse, assurent mobiliser toujours plus de fonds en ce sens. Depuis 2018, l'Ademe débloque 350 millions d'euros par an. En 2021, la région-capitale a perçu 54 millions d'euros.

Reste que pour atteindre la neutralité carbone en France et en Île-de-France à horizon 2050, il faudra également faire davantage preuve de sobriété énergétique. Cette dernière implique d'accompagner les citoyens pour qu'ils limitent leur consommation d'énergie en leur permettant d'adopter des comportements plus vertueux.

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Jérémie Almosni de l'Agence pour la transition écologique dans la région, rétorque que sur 640 projets et 142 millions d'euros engagés en 2021 - contre 256 projets et 66 millions en 2020 -, un quart de ces sommes ont été versés aux particuliers.

Il en veut pour prouve que la consommation énergétique en Île-de-France a déjà baissé de 13% entre 2005 et 2018, en particulier le secteur industriel  - en retrait de 40% -, alors que celui du tertiaire a progressé de 8%. Tant est si bien que les émissions de gaz à effet de serre ont diminué en 13 ans de 22% contre 20% à l'échelle nationale.

Cela reste toutefois en deçà des objectifs du Schéma régional climat-air-énergie (SRCAE) qui imposait une réduction de 28% pour 2020... Les secteurs qui portent ce retard : le logement et le transport routier. "Il faut donc continuer nos efforts pour décarboner notre production d'énergie, en se concentrant notamment sur le production de chaleur renouvelable", martèle le DG de l'Ademe IDF.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 10/03/2022 à 8:40
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Qu'ils baissent la température de un degrés à Matignon et à l'2lysée déjà et si ça suffit pas au parlement et au sénat et si ça suffit pas et-c... Je rappelle que le plus grand chef 4Detat du monde, José Mujica, a passé ses 5 ans de gouvernance dans ...

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