Métaux critiques : le normand Weeecycling prêt à décupler sa capacité de recyclage

Adoubé par le plan France 2030, le spécialiste normand de la valorisation des déchets électroniques Weeecycling va investir vingt millions d’euros pour porter sa production à 30.000 tonnes de métaux stratégiques issus à 100% du recyclage. De quoi peser sur le marché de ces minerais, clefs de voute la transition climatique.
Seul affineur de métaux au monde à pouvoir revendiquer une production à 100% recyclée, l’entreprise extrait de rebuts industriels et de déchets électriques et électroniques du palladium, de l’iridium, du cuivre, de l’or, de l’argent ou encore du ruthenium.
Seul affineur de métaux au monde à pouvoir revendiquer une production à 100% recyclée, l’entreprise extrait de rebuts industriels et de déchets électriques et électroniques du palladium, de l’iridium, du cuivre, de l’or, de l’argent ou encore du ruthenium. (Crédits : Reuters)

Le monde médiatique s'est beaucoup enflammé à l'annonce de la création dans l'Allier de la première mine de lithium française par Imerys. En dehors de l'extraction, le recyclage des métaux stratégiques sera aussi indispensable à la transition énergétique. C'est le parti pris de l'entreprise normande Weeecycling au nom du moindre impact sur l'environnement.

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Lauréate comme Imerys de l'appel à projets de France 2030* portant sur la sécurisation de l'approvisionnement en métaux critiques, elle s'apprête à investir 20 millions d'euros sur son site de Tourville-les-Ifs proche de Fécamp pour accroître sa capacité de recyclage de déchets électriques et électroniques (DEEE). La construction d'un nouveau bâtiment de 10.000 m2 et l'acquisition d'équipements complémentaires doit notamment lui permettre de multiplier par deux la production de cuivre et par dix celle de minerais de la famille des platinoïdes (rhodium, palladium, ruthenium...) : des éléments très recherchés... mais extraits pour l'essentiel en Russie (entre 40 et 60% selon les sources).

« Nous répondons en fait à une double problématique, celle du sourcing (approvisionnement) et celle de l'impact carbone de la production de métaux », détaille Serge Kimbel, PDG et toujours seul actionnaire de Weeecycling malgré les appels du pied de plusieurs fonds d'investissement.

Son objectif : produire dans trois ans jusqu'à 30.000 tonnes de minerais critiques recyclés, à comparer avec les 2 millions de tonnes aujourd'hui tirés des DEEE à travers le monde. « Ce projet est rendu possible parce que nous avons réussi à travailler de nouvelles typologies de déchets entrants plus diversifiés tels que les catalyseurs qu'utilise l'industrie », précise l'intéressé.

 Le recyclé a le vent dans le dos

L'entreprise, qui affiche 20 millions € de chiffres d'affaires et 100 salariés, assure commercialiser des métaux secondaires « au même prix et même niveau de pureté » que leurs équivalents primaires et devrait écouler facilement ce surcroît de production. Les difficultés d'approvisionnement provoquées par la crise Covid et la guerre en Ukraine incitent en effet beaucoup d'industriels à se tourner vers le marché du recyclé, là où ils étaient réticents auparavant.

« La prise de conscience était réelle mais ne suffisait pas à les faire passer à l'acte. A contrario, les tensions sur la chaîne d'approvisionnement précipitent leur conversion », constate Serge Kimbel qui dit faire face à un rebond de commandes de la part de gros clients parmi lesquels STMicroelectronics ou Orange. Des clients qui pourraient être sensibles aux promesses de Weeecycling d'améliorer encore son bilan carbone à la faveur de cet investissement.

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Lequel prévoit en complément l'installation d'un dispositif de récupération de la chaleur et l'installation de panneaux photovoltaïques. « Nous devrions atteindre l'auto-suffisance énergétique », précise son PDG. D'autres projets sont dans les cartons, dont la création d'une école interne pour former la quarantaine de collaborateurs qui seront recrutés, cette année, pour mener à bien cette montée en charge.

 *97 millions d'euros d'aides seront alloués aux cinq premiers lauréats sur un total d'un peu moins d'un milliard fléché vers l'appel à projets.

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