ZOOM Le sport, un secteur qui risque d'être hors-jeu après le Covid-19, en trois graphiques

FACE À LA DEUXIÈME VAGUE - ÉPISODE 3. Avec 16,5 millions de Français licenciés en club, la mise à l'arrêt du sport frappe les professionnels du secteur mais aussi le quotidien des amateurs. La moitié des 23.000 structures de la branche sport en France estime avoir perdu plus de 20% de son chiffre d'affaires annuel, et le modèle économique des clubs fédérés, basé en partie sur les adhésions de septembre, fait que la deuxième vague sera plus grave que la première. État des lieux en six questions.
(Crédits : Reuters)

>> L'épisode 2 : Le tourisme en trois graphiques : 1,3 million de salariés face au choc du Covid-19

  • Que pèse le secteur du sport en France ?

Alors qu'une partie des 23.000 structures que compte le secteur du sport a pu rouvrir dès le 2 juin, la nouvelle fermeture imposée pour le sport amateur depuis le 23 octobre - et étendue minimum jusqu'au 20 janvier - est une douche froide. Du côté du sport professionnel, l'activité des sportifs de haut niveau est maintenue mais les compétitions à huis clos n'ont pas la même saveur.

Ce secteur, qui souffre depuis le mois de mars, se classe en France selon trois catégories : le sport amateur, professionnel, et les "loisirs marchands", soit les salles d'escalade, aux piscines, etc. Au sein de ce "noyau dur", près de 70% des 23.000 structures sont des clubs de sport, selon un rapport de la Commission Paritaire Nationale Emploi Formation (CPNE) daté d'avril 2018.

Le secteur compte 160.000 emplois directs et totalise 450.000 emplois indirects en y ajoutant les activités comme l'habillement sportif, le commerce d'article de sport, la distribution ou encore la fabrication (matériel de ski fait en France...) En prenant en compte ces activités supplémentaires, le chiffre d'affaires total du secteur atteint 80 milliards d'euros en 2017, selon l'organisation patronale des entreprises du sport CoSMoS qui représente plus de 5.500 structures sportives.

  • Quels types de structures dominent le secteur ?

(Passez votre souris pour avoir accès aux chiffres)

Malgré une large domination des clubs de sport (athlétisme, natation, football, rugby, boxe...) - généralement associatifs - en nombre de structures, une majorité d'entre eux emploie moins de 5 salariés. Ces structures fédérées ont un budget moyen de 52.700 euros par an dont 16% provient des subventions publiques, selon le Comité national olympique et sportif français.

Les effectifs sont un peu plus importants dans les 1.377 structures de formation aux activités sportives (dispensée dans des structures d'enseignement) ou encore dans les structures destinées à accueillir des manifestations sportives (stades, pistes de courses, piscines...) où le nombre d'employés est généralement inférieur non pas à 5 mais à 10 personnes. Mises en avant dans le graphique, les "autres activités liées au sport" représentant 6,5% des structures correspondent aux producteurs d'événements sportifs, aux arbitres ou encore aux guides de montagne. Les 278 structures intégrant la catégorie des "autres activités de loisirs" englobent, elles, l'exploitation des domaines skiables et les activités des plages par exemple.

  • Quel sport domine le secteur ?

Sans grande surprise, pour le sport professionnel, le ballon rond et ses 2,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires devance largement les autres sports, d'après les chiffres en 2018-2019 de CoSMoS. A eux quatre, le rugby, le basket, le handball et le volleyball pèsent d'ailleurs 738 millions d'euros - pour les deux premières ligues de sport professionnel -, soit à peine 35% du chiffre d'affaires des clubs professionnels de football.

Etant, et de loin, le plus présent à la télévision, plus de la moitié du chiffre d'affaires des deux premières ligues des clubs professionnels de football provient des droits TV. Le ratio est divisé par deux pour le TOP 14 et la Pro D2 en rugby, puis devient très faible (moins de 5%) pour les autres sports professionnels.

Au niveau amateur, le football devance là-aussi largement les autres activités sportives. Avec près de 2,2 millions de licenciés, le football représente à lui seul 13% du total des 16,5 millions de licences sportives en France, selon les données du ministère des Sports de 2019. Le tennis se trouve en deuxième place avec 978.895 de personnes inscrites à un club puis l'équitation ferme le podium avec 617.524 de licenciés.

  • Dans quel état de santé le marché du sport est-il entré dans la crise ?

Avant la crise, la dynamique du secteur était positive. En 2017, il comptait en effet 23.000 structures alors qu'il en dénombrait 15.500 en 2010. De plus, en l'espace de 15 ans, le nombre de salariés de la branche a été multiplié par 1,5, selon un rapport de la Commission Paritaire Nationale Emploi Formation en 2018. D'autre part, avant l'arrêt brutal des activités en mars, certains sports voyaient leur nombre d'adeptes s'intensifier rapidement. « L'escalade, le five (foot en salle) et les réseaux de fitness sont des secteurs qui se développaient à vitesse grand V avant la crise », indique Philippe Diallo à La Tribune. « Et en plus de cela, pour le monde associatif, le développement était porté par la perspective de Paris 2024 », ajoute-t-il.

Néanmoins, malgré ces perspectives positives, près de 3 clubs sportifs sur 10 (27%) ont connu une baisse dans l'évolution de leurs recettes sur les trois dernières années, selon les chiffres du Comité national olympique et sportif français. La réduction des aides publiques explique cette tendance, 43% des clubs déclarent en effet des subventions en baisse dans un rapport réalisé avant la crise du Covid-19.

  • Quel est l'impact de la crise sur le secteur ?

Les salles fermées, les terrains désertés et les stades plongés dans le silence : l'ensemble des acteurs du sport subissent la crise de plein fouet. Les salles de sport estiment avoir perdu plus de la moitié de leur chiffre d'affaires en 2020, et 47% des structures sportives dans leur ensemble mesurent une perte de plus de 20% de leur chiffre annuel. Au mois d'avril, elles étaient 40,9% à estimer une perte au delà de 20%. 

  • La seconde vague est-elle plus grave que la première ?

Le marché des clubs sportifs fédérés repose sur un modèle économique particulier puisque les cotisations annuelles représentent en moyenne 42% de leur recette, selon une étude réalisée par le Comité national olympique et sportif français en 2020. Partant de ce constat et étant donné que les inscriptions aux clubs de sport s'effectuent à la rentrée de septembre, la seconde vague sera inévitablement plus impactante pour le secteur.

« Les fédérations tablent aujourd'hui sur une perte de 15 à 20% sur un total de 16,5 millions de licenciés. Près de 2 millions de Français n'ont pas repris de licence dans leur club sportif », explique Philippe Diallo, Président du CoSMoS à La Tribune.

Parmi les fédérations, celles qui sont liées à la pratique de sport en salle ont été plus durement touchées par les pertes d'inscription en septembre. Le judo a par exemple perdu 29% de ses licenciés en septembre 2020 par rapport à l'an dernier, alors que le football compte lui 3% d'inscriptions en moins.

« La chute des inscriptions aura un impact en 2021 car les enfants - et les parents - ne vont pas s'inscrire en cours d'année à un club, ils attendront maintenant l'année prochaine », ajoute Philippe Diallo.

A cela s'ajoute les premières échéances des prêts garantis par l'Etat (PGE) qui vont arriver dans les prochains mois. « Le sport a pris pour 1,3 milliard de PGE. Aujourd'hui il y a beaucoup de clubs endettés, on risque de se confronter à des structures qui ne pourront pas rembourser les prêts en avril-mai. Les plus grandes difficultés sont donc devant nous », conclut le Président du CoSMoS.

  • Quelles sont les nouvelles pratiques qui se développent ?

Toutefois, pour se maintenir en forme, une partie des pratiquants s'est tournée vers Internet dès le mois de mars. Les séances de sport en ligne proposées par Decathlon Coach ont par exemple connu un boom pendant le premier confinement. De 350.000 par semaine avant la crise, ce chiffre a doublé pour atteindre 700.000 sessions durant la période d'isolement, selon l'enseigne. De nombreux clubs de sport ont également mis en place des cours en ligne pour garder le lien avec leurs adhérents.

D'autre part, le confinement a augmenté les envies de sport extérieur. Alors qu'aujourd'hui, 40% des Français pratiquent le sport en plein air, ils sont 61% à vouloir s'y mettre, selon une étude Ifop réalisée entre le 29 et le 31 juillet 2020 pour Urban Sports Club. De plus, 39% des 1.002 personnes interrogées déclarent vouloir expérimenter une activité physique extérieure accompagnés d'un professionnel contre 16% de pratiquants actuellement.

Lire aussi : Face aux fermetures des salles, le monde du sport entre crise et opportunités

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Commentaire 1
à écrit le 02/12/2020 à 15:12
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Avec la culture, la restauration, les loisirs, le sport est l'ultime sacrifié de ce qui fait: La Vie. Vivre, ce n'est pas l'espérance de devenir vieux. Vivre, c'est l'instant présent, pas le passé ni le futur. Vivre c'est savoir que dès l'instant de...

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