ZOOM L'événementiel face à la crise sanitaire et en trois graphiques

FACE À LA DEUXIÈME VAGUE - ÉPISODE 1. L'activité économique est de nouveau confinée depuis le 29 octobre, un véritable coup de massue pour le secteur de l'événementiel qui regroupe les salons et foires, les congrès ainsi que les évènements d'entreprise et d'institution, totalisant 455.000 emplois directs et indirects en France, selon l'Unimev. Déjà à genoux depuis mars, l'activité est réduite à néant sur la période de fin d'année qui représente plus de 45% des recettes du secteur. État des lieux en six questions.
(Crédits : LT)
  • Que pèse le secteur événementiel en France ?

L'événementiel, qui rassemble les salons et foires, les congrès ainsi que les évènements d'entreprise et d'institution (hors monde de la culture et spectacle donc) est une industrie dont les chiffres donnent le vertige : chaque année, ce sont 1.200 foires et salons, 2.800 congrès, 380.000 événements d'entreprise et d'institutions organisés sur les territoire, d'après l'Unimev (Union Française des Métiers de l'Événement qui regroupe 450 sociétés et associations adhérentes). Irrémédiablement, les pertes sont colossales avec un manque à gagner des acteurs de la production évènementielle estimé à 16,8 milliards d'euros pour l'année 2020 selon l'Union.

Le coronavirus aura même eu raison du Salon de l'agriculture (prévu du 27 février au 7 mars 2021) et décalé à 2022.

«On estime la perte entre mars et décembre à 100% sur le secteur. La proportion d'événements qui a pu se tenir est marginale. Même si on avait la possibilité, pendant une période, de faire des évènements à 5.000 personnes, le préfet pouvait faire annuler l'événement quelques jours avant. Face à cet imprévisibilité, la plupart ont jeté l'éponge », affirme Frédéric Pitrou, délégué général de l'Unimev, à La Tribune.

Lire aussi : Reconfinement: le monde de la Culture et de l'événementiel "à ramasser à la petite cuillère"

  • A quel niveau de croissance le marché de l'événement est-il entré dans la crise ?

Si la filière subit de plein fouet le Covid-19, pour autant, elle ne vient qu'accélérer une tendance déjà entamée avant la crise.

De fait, en 2019, les organisateurs de foires et salons avaient déjà connu un recul de 4,1 points de l'activité et avaient même prévu d'appliquer de nouvelles baisses de prix en 2020 pour compenser l'abandon de nombreux exposants à s'offrir de la visibilité sur les stands et autres "corners" sur ces foires, selon une étude Xerfi de janvier 2020.

  • Quelle activité domine le secteur?

Un décélération de l'activité dont l'impact reste toutefois circonscrit. En effet, le secteur est avant tout largement dominé - non pas par les grandes foires - mais par les évènements d'entreprise et institutionnels qui représentent à eux seuls plus de 80% des retombées économiques du secteur.

Pour les salons et foires, l'Union Française des Métiers de l'Événement estime le ROI (retour sur investissement) des exposants à 8 - soit 8 euros de chiffre d'affaires pour un euro investi -. Il est cependant important de nuancer que, malgré ce ROI attrayant, l'engouement des exposants n'est pas toujours au rendez-vous, ils «sont de plus en plus nombreux à renoncer à leur participation» aux foires et salons, à cause de la facture des stands qui, pour les salons les plus importants, peut dépasser un million d'euros, selon l'étude Xerfi.

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  • Pourquoi on parle d'un "effet domino"

Plus précisément, sur les 20 milliards d'euros de retombées économiques que représente le secteur pour les opérateurs de l'événementiel, 16,8 milliards sont générés par les évènements d'entreprise ou d'institution, selon l'Unimev. Les salons et foires représentent quant à eux près de 15% des retombées économiques de l'industrie de l'évènementiel. A noter que les opérateurs du secteurs incluent aussi les agences événementielles et organisateurs, les sites d'accueil et lieux réceptifs, ainsi que l'ensemble des prestataires de services dédiés (sécurité, hôtes et hôtesses, décoration, design de stands, traiteurs événementiels et installation générale). A l'échelle mondiale, les événements interentreprises (B2B) ont généré plus de 1.070 milliards de dollars de dépenses directes et attiré 1,5 milliard de participants dans le monde en 2017, selon les données de l'association Events Industry Council.

Ainsi, l'évènementiel entraine directement ou indirectement dans sa chute de nombreux secteurs, tels les transports, l'hôtellerie-restauration ou encore les activités de loisirs pour les participants. Tous dynamisent aussi le commerce local. Au total, l'Unimev estime que 455.000 emplois directs et indirects sont maintenus ou créés par des événements professionnels alors que le "noyau dur" des métiers de l'évènementiel ne représenterait que 40.000 personnes. L'effet domino de l'organisation d'événements se prouve aussi dans les retombées économiques au bénéfice des acteurs du tourisme et du commerce local estimées à 19,3 milliards d'euros annuel - soit presque autant que pour la production événementielle -.

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Sur la période de mars à décembre 2020, les hôtels, restaurants et autres acteurs du tourisme et du commerce local vont ainsi perdre 16,2 milliards d'euros à cause de l'annulation des événements, selon l'Unimev.

Autre effet boule de neige, les 230.000 exposants annuels sur les les foires et salons vont également perdre 28,8 milliards entre mars et décembre 2020, d'après les données de l'Unimev.

  • Quelle est la meilleure période de l'année pour ces professionnels ?

D'autre part, l'activité du secteur varie grandement en fonction de la période de l'année. Plus de 45% des recettes annuelles sont réalisées sur les mois d'octobre, novembre et décembre. «Il y a une concentration de l'activité sur cinq / six mois dans l'année. En mars et en avril - période du premier confinement - l'activité est normalement très dense. Elle l'est encore plus en fin d'année, il y aura inévitablement plus de répercussions pour les entreprises dont l'activité se concentre sur cette période», précise Frédéric Pitrou.

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  • Comment éviter l'hécatombe ?

Alors que le digital tente d'apporter une réponse à la fermetures des magasins "non essentiels", peut-il l'être aussi pour le secteur événementiel ? Rien n'est moins sûr. «Sur le digital, le modèle économique n'y est pas. De plus, les retours sur les événements digitaux sont très mitigés puisqu'on perd l'âme de l'événement qui rassemble et créé des échanges», observe Frédéric Pitrou de l'Unimev.

Si le digital n'est pas une solution, doit-on s'attendre à une hécatombe sur le front de l'emploi en 2021 ? Encore sous perfusion, les entreprises bénéficient de l'activité partielle jusqu'à la fin de l'année ainsi que d'exonérations de charges. Néanmoins, «il y a beaucoup d'entreprises qui ont un ou deux mois de trésorerie et qui risquent d'être en très grande difficulté l'an prochain. Pire, d'après un sondage réalisé auprès de plus de 1.000 entreprises, la moitié du secteur a sa survie engagée dans les six mois», conclut le délégué général.

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Commentaires 3
à écrit le 18/11/2020 à 19:50
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450000 emplois perdus dans l'événementiel? stupéfiant! On devrait tout de même s'inquiéter que nous ne produisons pas assez de richesses ni n'occupons suffisamment pas de monde à fabriquer des choses qui s'exportent et équilibreraient la balance com...

à écrit le 18/11/2020 à 10:07
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Lire, c'est bien, écouter de la musique c'est sympa, regarder la télé, bof! Naviguer sur d'autres écrans, re-bof! Pas un concert, depuis (ce qui est en train de devenir) la nuit des temps, c'est déprimant au point que dans la perspective d'y retourn...

à écrit le 18/11/2020 à 9:35
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Ca va peut-être lancer Marion Maréchal aux présidentielles ça vu que son mari est dans l'évènementiel, les fins de mois vont être rudes sinon ! :-)

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