La sortie du nucléaire de Siemens affaiblit les perspectives du russe Rosatom face à Areva

Dans le marasme actuel, c'est presque une bonne nouvelle pour le constructeur français.
Copyright Reuters

C'est le premier constructeur nucléaire qui jette l'éponge depuis Fukushima. D'après le quotidien « Handelsblatt » de lundi, l'allemand Siemens aurait décidé de sortir du nucléaire. « En interne, la décision de principe d'un abandon du nucléaire a été prise », précise le journal allemand en citant des sources proches de l'entreprise. Siemens a refusé de commenter cette information sans la démentir.

En supprimant un concurrent potentiel de poids, prêt à s'allier avec le russe Rosatom, cet abandon constitue une bonne nouvelle pour le français Areva qui reste en concurrence frontale avec Westinghouse-Toshiba et GE-Hitachi. Il élimine une menace qui avait été prise très au sérieux il y a deux ans par l'ensemble de la filière française. Siemens, partenaire de longue date d'Areva, co-concepteur du réacteur EPR, avait alors claqué la porte avec fracas de son association avec le groupe français. Quelques semaines après, le constructeur allemand avait dévoilé un projet d'alliance avec le russe Rosatom.

« Siemens aurait apporté à Rosatom un actif essentiel dans le nucléaire : l'image et la confiance », souligne un expert. Surtout un sésame pour pénétrer les marchés occidentaux peu enclins à recourir à la technologie russe. Rosatom détient 25 % de parts du marché mondial, essentiellement dans sa sphère d'influence. Jouissant, malgré Tchernobyl, d'une bonne réputation dans le milieu nucléaire, le groupe russe s'est lancé depuis le début des années 2000 dans une conquête tous azimut. Outre la Chine et l'Inde, il a vendu des réacteurs à la Turquie, la Biélorussie, la Lituanie, l'Arménie, la Bulgarie, l'Iran et le Vietnam. Il est en lice dans les projets que menaient encore récemment l'Égypte, la Jordanie, la Hongrie, la Slovaquie, la république Tchèque ou encore l'Argentine.

Au point mort

Sur le plan technique, après son divorce avec Areva, Siemens ne possédait plus grand chose dans le nucléaire : ingénieurs, usines, brevets ayant été laissés au sein de la co-entreprise Areva NP. Siemens avait cependant gardé dans son giron la fabrication de systèmes de contrôle-commande, le coeur névralgique des réacteurs. Difficile de savoir si le groupe va le garder.

En fait, les discussions avec Rosatom étaient de facto depuis longtemps au point mort. Jugées contraire au pacte qui le liait avec Areva, elles ont même valu au groupe de Munich une « amende » de 648 millions d'euros prononcée la semaine dernière par un tribunal d'arbitrage. « Certes, c'est une bonne nouvelle pour Areva. Mais la problématique n'est plus de savoir qui fait quoi dans le nucléaire. La vraie question, c'est va-t-on continuer à faire du nucléaire ? », relativise un analyste parisien.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.