« Tic tac, tic tac... »

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Le président français François Hollande arrive au Palais de l'Elysée, dimanche 18 novembre. Copyright Reuters

La dernière « cover » de The Economist a soulevé une polémique en France : « The time-bomb at the heart of Europe », « Une bombe à retardement au c?ur de l'Europe ». L'hebdomadaire britannique s'est fait vertement tancé par le Premier ministre français, le ministre du Redressement productif mais aussi la présidente du Medef. « Outrancier », « caricatural », « en retard » (le rapport Gallois serait une réponse à la situation pointée par The Economist).

Ambiance d'une rencontre France-Angleterre du Tournoi de rugby des Six nations, où l'arbitre écossais ou irlandais vient de siffler une pénalité devant les poteaux du quinze tricolore qui va faire perdre le match à deux minutes de la fin. Perfide Albion !

Il est vrai que The Economist a bien su « vendre » son dossier et organiser le « buzz » grâce à la maîtrise de son marketing, comme le montre l'enquête d'une consoeur des Echos. Pourtant, il serait dommage de ne s'en tenir qu'à cette « Une » accrocheuse.

Car au-delà de la polémique, le dossier de 16 pages bien noircies (lire son introduction) est le fruit d'un travail d'enquête solide qui analyse l'évolution de la macro-économie en France, de sa vie politique, des difficultés qu'y rencontrent les PME, de la place prépondérante des régions, sa diplomatie, le rôle de ses institutions, et celui qu'elle occupe dans l'Europe.

Car la France n'est pas une forteresse repliée sur elle-même mais une pièce essentielle de l'échiquier européen. Aussi, n'est-il pas déplacé de voir nos voisins s'alarmer de l'avenir de la France - c'était le cas de l'Allemagne il y a une semaine -, car c'est également du leur dont il s'agit, à travers l'Union européenne et son noyau dur représenté par la zone euro.

Le dossier de The Economist souligne à plusieurs reprises que la cinquième économie du monde possède d' indéniables atouts, et il ne met pas en doute la capacité des Français à relancer l'activité de leur pays. Dans sa conclusion, l'éditeur du dossier va même jusqu'à dire (un brin perfide) que les Français « peuvent croire que le capitalisme du « laissez-faire » est mauvais, ils sont (tout de même) étonnamment habiles à le pratiquer ». Le président François Hollande est ici expressément visé.

A la dégradation récente de la situation économique, le gouvernement de François Hollande n'a en effet répondu que par une hausse généralisée d'impôts pour atteindre l'objectif d'un déficit public contenu à 3% du PIB en 2013. Mais, outre le fait qu'il risque de ne pas être atteint - la projection gouvernementale d'une croissance de + 0,8% est surestimée-, qu'en est-il des ambitions pour faire évoluer le pays au delà des mots?

Les mesures annoncées après le rapport Gallois doivent encore être précisées. Or, cela fera bientôt sept mois que François Hollande a été élu, et les socialistes concentrent pratiquement tous les pouvoirs dans le pays. Alors pourquoi les changements qui doivent permettre au pays de renouer avec la compétitivité, la croissance et la baisse du chômage n'ont-ils pas commencé ? « Le problème est que jusqu'à aujourd'hui, il est difficile de voir en cet homme normal et décontracté qu'est M. Hollande celui qui va les faire ».

Est-ce un crime de lèse-majesté à l'égard de notre monarchie républicaine de l'avoir dit ?

 

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