Des annonces en attendant les actes

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, la riposte de François Hollande après les aveux de détention d'un compte bancaire à l'étranger par son ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac.
François Hollande et Jérôme Cahuzac. Copyright Reuters

Les aveux de l'ex-ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, sur la détention d'un compteà l'étranger, synonyme de fraude fiscale, n'ont paradoxalement pas fait grand bruit à l'étranger. Les grands journaux européens n'en ont pratiquement pas parlé, avant l'intervention, autant brève que sévère, du président de la république à la mi-journée ce mercredi.

Beaucoup de bruit pour presque rien ?

Autrement dit, les m?urs politico-financières des élites en France sont comme les trains qui arrivent à l'heure : normales. Beaucoup de bruit pour presque rien, alors que l'affaire Cahuzac provoquerait une séisme politique ? Ou bien chaque pays a son propre lot d'affaires touchant ceux qui, par leur place - élevée - qu'ils occupent dans la société -, transforment en toute inconscience ou cynisme leur pouvoir en immunité, et au nom du bien public, passent une partie de leur temps à « se payer sur la bête ».

Ainsi, mercredi, l'Espagne était secouée également par un scandale qui atteint la famille royale puisque l'infante Cristina, fille du roi d'Espagne Juan Carlos, a été inculpée dans une enquête de détournement d'argent public et de fraude fiscale pour un montant de 6 millions d'euros commis par son mari, Inaki Urdangarin.

Berlusconi n'est pas resté longtemps un paria de la vie politique

Et rappelons-nous l'Italie. L'ex-Premier ministre, Silvio Berlusconi, malgré de nombreuses affaires de fraude fiscale - et de m?urs -, n'est pas resté longtemps un paria de la vie politique de l'autre côté des Alpes. Au contraire, il a même réussi à rallier un quart des électeurs lors des dernières élections, se permettant même de laisser loin derrière Mario Monti, technocrate, réputé honnête, qui n'a récolté à peine 10%. Un martien trouverait cela surprenant, pas les Italiens. Et en Grèce, le nombre de scandales de hauts fonctionnaires et autres ministres ayant pratiqué la fraude fiscale défraient la chronique chaque semaine.

Ces différentes affaires sont un symptôme non pas d'une perte de morale dans nos sociétés mais d'un dysfonctionnement du système politique qui caractérise d'ailleurs l'ensemble des démocraties occidentales. L'incapacité à mettre en place des règles claires pour éliminer la prolifération de conflits d'intérêts demeure un véritable fléau. Car il ne s'agit pas tant de juger de l'honnêteté supposée des individus que d'éviter des situations dans lesquelles la tentation est trop forte de faire primer l'intérêt personnel avant l'intérêt général.

Et la réforme du cumul des mandats ?

En conséquence, on restera dubitatif sur les trois « réformes » annoncées ce mercredi par François Hollande : celle « de l'indépendance de la justice ». En fait, il ne s'agit pas tant de réformer que d'assurer l'indépendance du pouvoir judiciaire, ce qui passe par des moyens matériels pour travailler et la fin de l'existence de tout cordon ombilical avec le politique; celle consistant dans « la publication et le contrôle de tous les patrimoines ». Est ce que cela empêchera pour autant les tentatives de fraude? Enfin, les élus condamnés pour fraude fiscale seront interdits de tout mandat public. Définitivement ? Ce n'est pas précisé.

Bien sûr, il ne s'agit là que d'annonces, qui doivent faire l'objet d'un débat parlementaire avant de devenir effectives, d'autant plus que ce sont les élus qui doivent statuer sur leur propre façon d'agir.

Mais un certain scepticisme sur le temps (trop long) à mettre en ?uvre les réformes peut-être justifié. En effet, le candidat Hollande avait fait grand cas d'une réforme sur le cumul des mandats (trop) nombreux élus en France s'il était choisi comme président. Elle devait être appliquée dès les élections municipales de 2014. Elle le sera au mieux en 2017, année d'une nouvelle campagne présidentielle, a-t-on appris ce mercredi...

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Commentaire 1
à écrit le 03/04/2013 à 20:56
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mettez un alcolo à travailler ans un débit de boissons.. c est comme mettre un politicien francais au pouvoir.. cela ne peut pas marcher. Ce n est pas mieux en italie, allemagne etc. désolant.

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