Après quelques années de fort développement, l'industrie éolienne aurait perdue de son attractivité en France. C'est ce qu'a déclaré jeudi 25 août, Frédéric Lanoë, le directeur général d'EDP Renovaveis France (EDPR), filiale hexagonale de l'énergéticien portugais.
La raison? Les contraintes règlementaires qui pèsent sur la filère, avance-t-il. Cette déclaration n'est sans doute pas le fait du hasard. Le même jour en effet était publié au Journal officiel deux décrets classant désormais les éoliennes terrestres au rang des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE).
En clair, construire une ferme éolienne terrestre necessite dorénavant de respecter un cahier des charges équivalent à celui qu'il faut produire pour une installation industrielle dangereuse pour l'environnement comme une usine de produits chimiques par exemple. En matière d'éolien en mer, Frédéric Lanoë craint également que la taille du récent appel d'offres du gouvernement français ne soit insuffisante pour établir une concurrence sur les prix. "Les projets éoliens, capitalistiques sont financés par des acteurs qui sont, comme nous, sur plusieurs pays, dès lors ce sont des arbitrages européens", a-t-il estimé.
Le gouvernement français à lancé début juillet un vaste appel d'offre pour l'installation de parc éoliens maritimes à hauteur de 3.000 mégawatts (MW). Un second appel d'offre d'une puissance équivalente a été annoncé.
"On se retrouve avec une compression de nos marges très substantielles qui fait que les projets en France sont beaucoup moins attractifs que des projets en Roumanie ou en Pologne", ajoute le directeur général dont la socité projette d'avoir 1.700 MW de puissance installée en Pologne, soit un peu plus que la capacité d'un réacteur nucléaire de type EPR, 990 MW en France et 610 MW en Roumanie. "Il y a eu des bonnes années mais aujourd'hui en France les mégawatts ne suivent pas. C'est lié à l'effet combiné des contraintes spatiales, de la durée des instructions et des recours qui gèlent les projets", souligne Frédéric Lanoë. Le délai d'obtention d'un permis de construire est en France d'environ deux ans contre six mois en Belgique, a-t-il déploré.
Le développement de l'énergie éolienne est l'un des axes majeurs défini par le Grenelle de l'environnement. Alors que la France s'est engagée à produire 23% d'électricité verte d'ici à 2020 (contre environ 13% aujourd'hui), la part de l'éolien dans cette production doit représenter à terme le tiers de cette production. Cependant, et bien que très souvent largement minoritaires, les anti-éoliens ont obtenu, lors des débats sur les lois issues du Grenelle de l'environnement et arguant de la préservation de la qualité des paysages, que la règlementation instaure des freins au développement des parcs d'aérogénérateurs.
Le classement ICPE contraint notamment de respecter une distance d'environ vingt kilomètres entre les mâts d'éoliennes et les radars de Météo France, de l'armée ou encore de l'aviation civile, ce qui limite le nombre de zones disponibles pour leur implantation. "Actuellement près de 3.000 MW sont bloqués pour des questions de radars", a dit Frédéric Lanoë en expliquant que des avancées technologiques permettaient de diminuer la trace des éoliennes sur les radars grâce à une peinture adaptée. EDP Renovaveis exploite en France 284 MW de puissance installée dans l' éolien terrestre, soit 5% de la capacité française, mais la majeure partie de son activité réside aux Etats-Unis avec 3.200 MW et en Espagne (2.050 MW).
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