Le Parti socialiste rejoue la querelle des anciens et des modernes

Par Hélène Fontanaud, journaliste à La Tribune.

« Nous sommes le changement. » Premier tableau. Longue tunique bleue, jeans, cheveux nouvellement bouclés, Ségolène Royal est face à ses partisans samedi soir au Zénith de Paris. Un meeting-concert, à un mois et demi seulement du congrès de Reims. Un discours clairement de gauche, oubliées les alliances avec le Modem mais oublié aussi le mot de socialisme, et une promesse qui sonne comme un avertissement : « je suis là aujourd?hui, je serai là demain. Rien ne me fera reculer sur ce chemin que j?ai choisi et sur lequel nous marchons ensemble. »

Dans les coulisses, Jean-Louis Bianco décrypte : «on est au-delà du Parti socialiste, du congrès, on garde le fil de la campagne présidentielle. » L?ancien directeur de cabinet de François Mitterrand ne va pas jusqu?à imaginer un éclatement du parti refondé à Épinay, en 1971. « L?enjeu, précise Jean-Louis Bianco, c?est qui va porter la rénovation de ce parti. » Et quand on l?interroge sur les critiques venues des rangs du PS sur la volonté de Ségolène Royal de bâtir « un parti de supporters », il s?emporte : « on travaille aussi bien que les autres, on est autant, sinon plus qu?eux, dans la proposition. »

Dans la salle du Zénith, parmi les 4.000 participants au meeting, aucun « éléphant » de Solférino, beaucoup de militants de l?association « royaliste » Désirs d?avenir, mais aussi des adhérents du PS. Le discours est moins prudent. Ils sont nombreux à dire que l?aventure continuera au sein ou hors du parti. Et que beaucoup dépendra du sort qui sera réservé à leur championne au congrès de Reims.

Deuxième tableau. Samedi matin à Wingles, dans le Pas-de-Calais. C?est un responsable local du PS qui parle. « Pas question d?envisager une alliance avec Ségolène Royal. On ne peut pas dire le PS, c?est le PS, et moi, c?est moi? On ne peut pas passer son temps à se mettre en marge du parti. » Il soutient Bertrand Delanoë, tout comme François Hollande. Le premier secrétaire sortant est venu répondre aux craintes des militants qui voient les dirigeants socialistes se diviser entre partisans du « vieux » ou du « nouveau » parti. « Ce n?est pas notre existence qui est en cause, ni même notre identité, nous sommes tous des réformistes, ce qui est en cause, c?est notre capacité collective à incarner l?espoir, le changement, et donc la victoire », martèle le député de Corrèze, qui semble soucieux de ne pas laisser les déchirures atteindre un cap irréversible.

Mais les tensions de ces dernières semaines entre les camps Royal et Delanoë risquent de laisser des traces. François Hollande reste toutefois persuadé que, le 6 novembre, les militants choisiront l?ordre contre le mouvement. Et donc donneront une prime majoritaire à la motion défendue par Bertrand Delanoë. Parce qu?il ne fera pas tanguer le navire PS. Il en respecte les codes, les rites et les règles. Dans ses meetings, il prend soin de rendre hommage à tous les dirigeants du PS, « de François Mitterrand à François Hollande, en passant par Lionel Jospin ». « On s?en moque d?incarner ou pas le vieux parti, les militants savent qu?avec Bertrand ils auront un chef, une orientation politique et de surcroît une rénovation de nos pratiques », souligne un des proches du maire de Paris.

Du côté des autres motions, on s?irrite de ce « vrai-faux »affrontement. Pour ce militant parisien, qui défend « l?option de gauche »de Benoît Hamon, « Royal, Delanoë, Aubry, c?est la même chose, ils viennent de la majorité qui a gouverné le PS pendant dix ans, les lignes de partage n?existent que sur le conflit de personnes ». Ce week-end, pendant que Ségolène Royal remplissait le Zénith et prenait son « nouveau départ », avec la présidentielle de 2012 en ligne de mire, le « vieux parti » organisait ses traditionnelles fêtes de la rose. Comme si les socialistes cédaient eux-mêmes à la mise en scène de la querelle des anciens et des modernes. Mais il faut se méfier des apparences.

Dernier tableau. Mardi dernier, salle de la Mutualité où se tient le conseil national du PS, un aparté entre François Hollande et Jean-Noël Guérini. Le patron des Bouches-du-Rhône, maître d??uvre de l?offensive Royal, lâche au premier secrétaire : «je ne suis que ton élève.» L?histoire est un éternel recommencement.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
jmemarre, ok pour les éléphants, pour le reste il te faut repasser en deuxième semaine, car elles sont bizaroïdes tes alliances

à écrit le 08/10/2009 à 15:03
Signaler
En tout cas, je suis curieux de voir comment le PS va se la péter, une fois qu'ils auront mis Delanoë et l'asile de vieux du PS aux commandes. Royal aindiscutablement ce qui manque au PS ; du charisme, une volonté d'innovation et une indéniable prox...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.