Jean-Claude Mailly (FO) : "Arrêter les contre-réformes, protéger les salariés"

Comment les syndicats français voient-ils leur avenir ? Alors que près de vingt millions de Français, salariés et employeurs, sont appelés à élire leurs conseillers prud'homaux mercredi 3 décembre, La Tribune leur donne la parole. Jean-Claude Mailly (FO) y voit un moyen d'"imposer une autre répartition des richesses".

Je pense que vous posez cette question de façon provocatrice parce qu'il y a peu on a entendu dire qu'en France les grèves ne se voyaient plus ! On a vu récemment, à Air France, dans l'enseignement, à la SNCF et dans les entreprises que les grèves se voient toujours !

Un de mes prédécesseurs disait qu'il croyait à la lutte des classes dans la mesure où les intérêts des salariés et ceux des employeurs seraient toujours antagonistes. La représentation des salariés est donc indispensable et cela à tous les niveaux : national, de branche, d'entreprise.

Aujourd'hui, la plupart des économies se trouvent plongées en récession. Le Bureau international du travail pronostique 20 millions de chômeurs de plus l'an prochain. Qui peut dire que les salariés n'ont pas besoin d'une représentation syndicale, chargée d'imposer une autre répartition des richesses ? C'est le problème numéro un à l'origine de la crise du système que nous traversons. A Washington, la Confédération syndicale internationale (FO était présente) a multiplié les rencontres pour faire entendre le message syndical mais je constate que parmi les orientations adoptées aucune ne s'adressait en propre aux travailleurs. C'est symptomatique : on aide le système bancaire mais les Etats se débrouillent avec les conséquences sociales et humaines.

Or, la crise que nous connaissons n'est pas seulement financière : c'est une crise du capitalisme et l'éthique n'a rien à voir là-dedans ; le capitalisme "moral", c'est du marketing. La question est donc bien de réintroduire de la régulation, de la réglementation et du contrôle sur la base de principes clairs comme d'interdire la spéculation à la baisse, la titrisation de créances, etc., mais aussi d'imposer le respect des normes fondamentales du travail de l'OIT dans l'action de l'OMC ou du FMI et de mettre en ?uvre une véritable politique de relance, appuyée sur une stratégie industrielle.

Or, il n'en a pas été réellement question à Washington et les conférences à venir risquent d'être aussi peu productives. C'est donc sur le terrain que les choses vont se jouer et le rôle du syndicalisme dans la mobilisation des salariés est primordial. Qui d'autre peut réaliser cela ? S'il est vrai qu'il y a aujourd'hui concurrence entre les syndicats vis-à-vis d'échéances électorales sociales, il y a aussi des divergences d'appréciations, par exemple sur la position commune et la représentativité qui va conduire à ce que l'ancien président du Medef, Ernest-Antoine Seillière, souhaitait : privilégier la négociation au seul niveau des entreprises, ce qui serait une rupture du modèle républicain de négociation sociale.

N'oublions pas la remise en cause des 35 heures, l'allongement à 41 ans des cotisations retraite, le report à 70 ans de l'âge limite, l'ouverture du dimanche, les franchises sur les médicaments, la limitation du droit de grève, etc.

Les confédérations se sont revues le 24 novembre et ont arrêté le principe d'une mobilisation massive début 2009. Nous devons, quelles que soient les différences, répondre à la seule interrogation importante : le syndicalisme peut-il arrêter les contre-réformes, protéger les salariés et contrer la crise, comme c'est son rôle ? FO pense que cela est possible et propose une action interprofessionnelle, public-privé avec une journée de grève, dans le but de bloquer l'activité et de faire entendre les revendications sociales. Aujourd'hui comme hier, c'est cela le rôle du syndicalisme.

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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La meilleure façon de protéger les salariés est que les entreprises, seules sources de richesses, puissent s'épanouir et se développer dans une société dégagée des pesanteurs sociologiques, dogmatiques et légales écrasantes de la France actuelle ; ce...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bien que nos entreprises sont d'aprés tout ce que l'on entend depuis des années étranglées par le coût du travail, les entreprises étrangères s'installent en France (vive les aides publiques), Pourquoi? Arrétons le mensonge.Qui placent dans les parad...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Vous êtes tous en train de tirer le drap de votre côté que vous soyez employé ou patron pour une question d'argent. Or, la crise économique actuelle est la faillite des systèmes sociaux occidentaux à venir, alors qu'en parallèle la mondialisation eng...

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