Eurotunnel : le signal du dividende

Par Valérie Brunschwig-Segond, journaliste à La Tribune.

A ceux qui avaient perdu l'espérance, le conseil d'administration d'Eurotunnel est venu apporter une grande nouvelle : après avoir essuyé vingt ans de pertes abyssales, et avoir été si dilués par les augmentations de capital successives que leur titre ne vaut plus qu'une poussière de sa valeur d'origine, les actionnaires d'Eurotunnel vont recevoir leur premier dividende.

Qu'il soit symbolique ne change rien à l'importance de l'événement. Il dit que, après deux décennies de sacrifices de ses créanciers, Eurotunnel est devenue une vraie société fonctionnant enfin comme un "contrat de partage des bénéfices", selon les termes du Code civil. Et qu'il n'y a pas de situation désespérée.

Mais surtout, cette décision sera décryptée par tous les conseils d'administration qui s'interrogent encore : faut-il récompenser son actionnaire méritant pour lui éviter une double peine et pouvoir le solliciter en cas de besoin urgent ? Ou faut-il garder son cash en réserves au moment où l'argent est redevenu cher et où l'hiver économique s'annonce long ?

Pour l'instant, seuls quelques groupes ayant bénéficié d'une aide publique, comme Dexia, Renault ou Peugeot, ou encore un Alcatel-Lucent qui a dégagé des pertes historiques, ont supprimé le dividende pour 2008. Et s'il y a eu quelques réductions drastiques dans les banques et chez Axa, mais aussi chez Lafarge et Michelin, il est frappant de constater qu'un gros quart des groupes du CAC 40 ont, malgré des résultats en recul, accru leur dividende, entraînant de facto une augmentation de la part des bénéfices revenant à leurs actionnaires.

Certes, c'est un classique dans les périodes de retournement, en particulier dans une région où le rendement influence fortement les choix d'actionnaires. Mais si la volonté de fidéliser ses actionnaires est évidente au moment où la Bourse plonge, la hausse du dividende envoie un signal ambivalent quand plus personne n'est à l'abri d'une crise de financement : quand le brouillard tombe, le marché se méfie des rendements artificiellement élevés.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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n'oublions pas les petits actionnaires qui se sont faient royalement spolies alors que les banques se sont enrichis

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