L'enjeu caché du 19 mars

Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

La semaine qui s?ouvre aujourd?hui sera marquée par une nouvelle journée de grèves et de manifestations, le jeudi 19 mars. Nul doute qu?elle ne soit une réussite. De mécontents, la France ne manque guère, surtout ces temps-ci. Il y aura les vrais, licenciés ou menacés de l?être, et les faux, mécontents éternels, souvent les mieux protégés et les plus démonstratifs, réunis dans le bruyant caravansérail qui défilera entre les places de la Bastille et de la République.

Les commentateurs seront tentés d?y voir un "test" politique pour le gouvernement. Il se pourrait bien toutefois que le test soit réciproque. Et que l?après-19 mars soit aussi délicat pour les syndicats eux-mêmes. D?abord parce que le but de cette journée d?action n?est pas d?une clarté cristalline, son principe ayant été décidé avant même la tenue du "sommet social", le 18 février dernier.

Certes, protester, c?est exister. Mais une grève générale contre la crise n?a pas plus de sens qu?une manifestation pour demander la suppression de l?hiver. A déclencher un mouvement sans objectif, les syndicats prennent le risque de ne pas obtenir satisfaction. Que vont-ils faire au lendemain des cortèges, même si ceux-ci rassemblent largement ? Sur quoi mobiliser ? Question d?autant plus difficile que jusqu?ici, le gouvernement est parvenu à déguiser ses concessions et donne le sentiment de tenir la barre.

Le rapport de force ne lui est pas si défavorable. Dans le même temps, les syndicats eux-mêmes auront fort à faire pour s?adapter à leur nouvel environnement. D?après nos informations, un prochain décret leur enjoindra de tenir des comptes financiers rigoureux, alors qu?ils bénéficiaient jusqu?ici, comme le patronat, d?une tolérance désuète, leur cadre législatif datant de la fin du XIXème siècle. Désormais, un syndicat refusant de rendre publique sa comptabilité pourra voir disparaître sa "représentativité", et avec elle la possibilité de signer des accords d?entreprise. Et la responsabilité pénale des dirigeants pourra être engagée en cas de malversation.

Cette réforme, moins médiatisée et controversée que celle des universités ou celle des tribunaux, n?en est pas moins capitale. Avec la loi récente sur la représentativité et ses décrets d?application, ce sont les fondements de la démocratie sociale française qui se trouveront rénovés, obligeant patronat et syndicats à se tourner vers la "demande" de leurs mandants, plutôt qu?à maintenir des appareils à bout de souffle.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il faut en finir avec les magouilles,transparence,rien que de la transparence.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je suis dubitative Mr. Flenglet. Mettre sur le même plan les déclarations financières des syndicats et du patronat me surprends. Je pense que si le patronat avait joué franc-jeu dans la clarté de ses finances nous ne serions pas dans ce marasme dû à ...

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