Funeste nostalgie new-yorkaise

Par le directeur de la rédaction de La Tribune.

C'était mieux avant ! À New York, on en rêve encore. Ah, le bon vieux temps, celui de l'autorégulation, de l'argent facile, de ces effets de levier excitants et de ces bonus stratosphériques. Avant, tout était formidable. Aujourd'hui, là-bas, on ne rêve en réalité que de cela, d'un retour à cette si belle époque. Comme avant. Cette nostalgie, on en a entendu la musique tout au long de ces derniers jours alors qu'apparaissaient, de l'autre côté de l'Atlantique, les premières "lueurs d'espoir".
Les unes après les autres, les grandes banques américaines ? celles qui ont survécu ? ont annoncé un retour à meilleure fortune. Un redressement spectaculaire parfois. Les Goldman Sachs, JP Morgan et Citigroup ont dans le même temps exprimé leur intention de retrouver, au plus vite, leur indépendance vis-à-vis de l'État et des autorités de régulation. Objectif : pouvoir reprendre, au plus vite aussi, leurs vieilles habitudes.
Ces banquiers-là n'ont-ils donc rien compris ? N'ont-ils donc par réalisé que cette crise n'est pas un simple accident conjoncturel, qu'elle n'est pas non plus le bas d'un cycle, un affaissement classique destiné à durer seize mois, comme le soutiennent maintenant certains économistes, qu'elle est en revanche le moment d'une véritable rupture ? d'une "grande transformation", pour reprendre l'expression utilisée par l'économiste d'origine hongroise Karl Polanyi au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
La crise des années 1930 ? puisqu'on y fait aujourd'hui souvent référence ? avait donné lieu à un même aveuglement. Nombre d'acteurs avaient cru, à l'époque, que le krach ne durerait pas, qu'il n'aurait surtout aucune conséquence sur le fonctionnement même des économies. La suite a démontré le contraire. Le krach a engendré une longue dépression, débouché sur un conflit mondial et donné naissance à un véritable nouveau modèle économique.
Si l'on peut, si l'on doit espérer que la crise des subprimes ne débouchera ni sur la dépression d'alors ni sur la guerre, il est en revanche certain que l'économie ne fonctionnera plus après la crise comme avant la crise. Les rapports de force ont changé, de nouveaux moteurs vont s'allumer, de nouvelles valeurs s'imposer. L'histoire ne se répète jamais à l'identique.
On recommandera néanmoins à ces banquiers new-yorkais nostalgiques et à ceux qui, ici, seraient tentés de les suivre, la lecture ? la relecture peut-être pour certains de "la Grande Transformation" de Karl Polanyi pour comprendre ce qui est en jeu aujourd'hui.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je certaine que le monde continuera à fonctionner sur le même mode. Les grands feront toujours des profits. Ils ont démontré leur cynisme lorqu'on constate l'étendue des dégâts. Non seulement, ils ne sont pas sanctionnés mais ils comptent sur les moy...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je certaine que le monde continuera à fonctionner sur le même mode. Les grands feront toujours des profits. Ils ont démontré leur cynisme lorqu'on constate l'étendue des dégâts. Non seulement, ils ne sont pas sanctionnés mais ils comptent sur les moy...

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