L'impossible équation musicale

Par Jean-Baptiste Jacquin, rédacteur en chef à La Tribune.

C'était la bonne nouvelle de ces derniers mois. Les offres légales d'écoute gratuite de musique ont fleuri sur Internet. La convivialité, l'ergonomie et la profondeur de catalogue de ces sites légaux offraient même un argument terriblement efficace contre le piratage, elles le ringardisaient ! Deezer, Spotify et maintenant Jiwa, le dernier site qui monte, ont obtenu l'aval des maisons de disques.

Deux conditions étaient mises à ces contrats : 1. Que les titres ne soient pas téléchargeables ; 2. Que les recettes de publicité soient partagées avec les labels et donc les ayants droit. Le droit d'auteur était respecté, la répartition de valeur sur la chaîne aussi. Dans des conditions voisines, des sites d'écoute illimitée sur abonnement ont été lancés. D'une certaine façon, la loi Hadopi contre le piratage, dont l'un des objectifs est de promouvoir les offres légales, a été devancée. Champagne ! Mais...

Une troisième condition n'était pas prévue aux contrats : que ces sites gagnent de l'argent. Or, derrière les succès d'audience, ce sont souvent des "start up" qui grillent du "cash". Et l'impossible équation de l'industrie musicale à l'heure du Net n'est toujours pas résolue. L'effet de ciseaux prend des allures de guillotine : entre 2002 et 2008, le marché français du CD a fondu de 700 millions d'euros ; dans le même temps, la vente de titres via Internet ou le mobile est passé de zéro à 70 millions. C'est que les sites de téléchargement payants, même iTunes, ne font pas de très gros chiffre d'affaires.

La révolution numérique de la musique est donc un échec. Car ne pas pouvoir concilier légal et profitable, alors que le temps moyen d'écoute de musique n'a jamais été aussi élevé, est un échec. Tout n'est pas perdu, car nous avons la chance de ne pas être dans une bulle. Les modèles sans avenir ne feront pas illusion longtemps. Mais le temps presse pour imaginer ce que pourra être cette nouvelle économie.

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Commentaires 4
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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L'industrie musicale cherche à tous prix à trouver des nouvelles sources de revenus et s'accroche à un modèle démodé. Comme il est dit dans cet article, les sites comme Deezer ont été annoncés par les politiques (non pas l'industrie musicale qui les...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Monsieur Jacquin, si vous pensez vraiment que "la révolution numérique est un échec", c'est que vous ne l'avez pas comprise ! Le seul échec notable, c'est celui des maisons de disques, qui se sont réveillées trop tard et qui tentent de rattraper le t...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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...la fin de leur business-model, comme Kodak la fin des pellicules et Chrysler la mort des tanks gourmands. EMI ne pourra peut-être plus payer un vol Paris-Le havre en Concorde aux journalistes pour leur faire écouter en avant-première le dernier CD...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ben oi! Assez d'accord avec les différentes réactions. Les dinosaures sont victimes de leur gourmandise et de leur lourdeur! Ila aurait été pourtant si facile de créer des sites de téléchargement à 0.20 ? la pièce musicale... Tout le monde était gagn...

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