Le choc sur les matières premières

Comme chaque année depuis quatre ans, La Tribune est l'un des partenaires des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, organisées sous l'égide du Cercle des économistes. Un Davos provençal dont l'originalité est d'associer le monde universitaire au monde économique, permettant de réunir un parterre international de qualité dans le cadre du Festival d'Aix. Le thème choisi pour 2009 porte sur les nouveaux équilibres du monde, avec pour dominante trois questions clés : croissance, démographie et finance. Huit membres du Cercle des économistes reviennent sur les ruptures et les nouveaux équilibres provoqués par la crise. Aujourd'hui, Jean-Marie Chevalier, professeur à Paris Dauphine.

La crise a détruit la demande de pétrole et accéléré la chute des cours du brut qui avaient culminé au-dessus de 145 dollars le baril en juillet 2008 au terme d'une spéculation effrénée. Les prix sont retombés sous les 40 dollars avant de rebondir autour de 70 dollars. Comment comprendre cette volatilité?? Un nouveau mouvement de spéculation au carrefour de mouvements physiques et financiers est à l'?uvre, contradictoire alors que la demande continue de diminuer et que les stocks sont au plus haut. Est-ce alors un problème d'offre, de limitation des capacités de production??

Tout dépendra de l'ampleur de la reprise, mais si la demande repart, on risque de se heurter à des goulots de production. Les prévisions de prix du pétrole pour 2010 varient ainsi de 40 à 100 dollars le baril. Je crois à une persistante volatilité des prix au cours des années à venir, car à la place du "peak oil" géologique, il se forme une sorte de "peak demand" dans les pays développés. Le comportement des consommateurs, en parti culier des automobilistes, a changé au cours de la dernière flambée des prix et la consommation de pétrole va baisser aux Etats-Unis et dans l'ensemble de l'OCDE.

La grande inconnue reste la demande des pays émergents, Chine, Inde, dont le marché automobile va croître de façon spectaculaire. Mais la Chine se pose aussi la question du prix du pétrole et veut développer une économie "low carbon", et des véhicules à moteurs hybrides électriques. On est donc à un moment critique d'incertitude où l'imprévisibilité de la demande a une influence sur l'offre, à un moment où les contraintes environnementales croisent les contraintes énergétiques. Mais, à terme, on retrouvera un prix du baril à plus de 140 dollars, dans un contexte de plus forte volatilité.

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