Assurance-vie et contrat de confiance

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Ce n'est pas le texte en lui-même qui dérange. La proposition de loi que vient de déposer le sénateur Hervé Maurey, sur les contrats d'assurance-vie en déshérence, ne contient que des dispositions de bon sens. Non, ce qui surprend, c'est qu'il faille encore un texte deux ans seulement après l'adoption par le parlement, à l'unanimité, d'une loi sur le sujet. Et que le médiateur de la République en personne, Jean-Paul Delevoye, estime que la profession, à l'exception d'Aviva et d'Axa, a longtemps traîné les pieds.

Selon les estimations, ces contrats non réclamés représentent de 1 milliard, l'estimation basse de la profession, à 5 milliards d'euros, selon la société spécialisée Capitaux-Recherche-Déshérence. Des évaluations à prendre avec prudence, mais qui montrent que la loi de 2007 n'a pas fait évoluer les choses en profondeur. Et que le code de déontologie adopté dans la foulée par la profession s'est révélé tout aussi inopérant. Le montant des contrats dont les assureurs n'ont de nouvelles, ni de ceux les ayant souscrits, ni de leurs ayants droit, ne diminue pas. Et le Fonds de réserve pour les retraites géré par la Caisse des dépôts, qui devait percevoir les sommes, trente ans après que l'on ait perdu la trace des souscripteurs ou des bénéficiaires, n'a pas encore reçu un euro.

Cette affaire, ou plutôt sa gestion, est d'autant plus dommageable qu'au final, la profession sera perdante sur tous les tableaux. Elle a laissé accréditer le soupçon. Mezza voce, elle est accusée de faire de la résistance pour protéger un hypothétique magot. Elle a laissé s'instaurer l'idée qu'elle pourrait ne pas respecter les v?ux des souscripteurs d'assurance-vie. C'est une vraie fêlure dans le contrat moral liant l'assureur et l'assuré. Enfin, la profession, à l'exception de quelques-uns de ses membres, a fait la preuve qu'en France rien n'est possible sans un texte de loi. Peut-on imaginer comportement plus contre-productif ?

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Commentaires 4
à écrit le 16/11/2009 à 9:42
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La question des avoirs non réclamés de l'assurance vie n'est pas stratégique pour les assurance. Ces avoirs représentent moins de 0,1 % de l'encourt de l'assurance vie. Mais ce devrait être l'honneur de la profession que de traiter ce problème avec p...

à écrit le 23/10/2009 à 12:46
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Professionnel de la recherche, je peux vous certifier que seuls des enquêteurs dont c'est le métier peuvent retrouver les bénéficiaires. L'assureur assure, l'enquêteur retrouve, encore faut il avoir la volonté de les solliciter...

à écrit le 22/10/2009 à 7:28
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Des fonds non reclames ne signifie pas pour autant qu'il n'y a pas d'heritiers. Certains de ces heritiers sont peut etre dans le besoin. Avant de virer ces fonds dans un fond d'etat il me semblerait judicieux et honnete de faire proceder à une recher...

à écrit le 21/10/2009 à 8:11
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Professionnel de l'assurance, je peux vous certifier que seuls les assureurs peuvent estimer le montant des capitaux non réclamés. Il n'existe aucun moyen de connaître ce chiffre dans le cadre d'une analyse externe (par ex grâce aux comptes publiés)....

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