L'Allemagne ne triche pas, elle réussit  !

Par Marc Fiorentino, stratège d'Allofinance.com.

On pouvait s'attendre à tout sauf à cela ! Qui aurait pu imaginer que l'Allemagne se retrouverait au banc des accusés par la faute de son principal allié supposé... la France ! A travers la déclaration de Christine Lagarde, c'est toute la France qui a exprimé sa soif d'égalitarisme, pas par l'excellence mais par le nivellement par le bas. "Je ne veux pas voir une tête qui dépasse !" Tous égaux, tout en bas... Vous savez maintenant ce que vous devrez dire à votre enfant s'il vous rapporte un mauvais classement scolaire : "ce n'est pas de ta faute, c'est de la faute des premiers de la classe ! Demande-leur de moins bien travailler ou on ira se plaindre au directeur."

Ce qu'on reproche à l'Allemagne, c'est de réussir là où nous échouons : exportations, PME, modération des salaires, consensus syndicats-patronat pour sauvegarder l'emploi. Nos PME sont abandonnées au profit de grands groupes qui ne paient plus d'impôts en France et ne recrutent pas ici, nos exportations faiblissent et ne sont pas suffisamment diversifiées, la progression des salaires est un dû même si elle se fait au détriment de la solidité de certaines entreprises et nos syndicats ne comprennent rien à l'économie et déclenchent des grèves dans des entreprises en quasi-faillite ce qui achève de les achever.

Quant au discours politique, là aussi le fossé entre la France et l'Allemagne est abyssal. Discours churchillien d'Angela Merkel sur les efforts à faire pour redresser la barre, promesses intenables et populistes ici quand on fait croire qu'on peut éviter un plan de rigueur et qu'on peut maintenir la retraite à 60 ans avec une espérance de vie à 80 ans.

L'Allemagne a été touchée par ces attaques. Et elle a réagi. Violemment. Trop violemment et c'est une erreur ou, je l'espère, un bluff. En proposant ce que personne n'avait jamais osé formuler : l'exclusion d'un cancre de l'euro et de l'Union européenne en cas de laxisme total. L'Allemagne a même fait machine arrière sur la Grèce en acceptant l'idée, inacceptable pour elle jusqu'à présent, d'un recours possible au FMI.

La France n'aurait pas dû se tromper de cible. L'Allemagne n'est pas la Chine. D'ailleurs on entend peu la voix de la France pour critiquer le dumping par le yuan de la Chine, un dumping meurtrier pour nos industries et nos exportateurs. L'Allemagne ne triche pas, elle réussit. Et ça, c'est quelque chose qu'on a du mal à supporter dans notre pays. Celui qui réussit est forcément un tricheur. Celui qui travaille trop est un "jaune". Celui qui ne prend pas toutes les vacances scolaires fait de la "concurrence déloyale". Celui qui accepte un gel de son salaire pour préserver l'emploi est "un suppôt du capitalisme".

Nous, nous protestons, nous parlons, nous annonçons mais nous n'agissons pas. Le gouvernement a, depuis des mois, accumulé les effets d'annonce : les 1.000 mesures pour la relance, les dizaines de faux plans de relance pour les PME, les dizaines de rappels à l'ordre des banquiers pour les prêts aux entreprises, rappels sans effet, les centaines de commissions inutiles, les grands emprunts qui deviennent des petits riens, les taxes carbone qui partent en fumée, les taxes sur tout qui financent les commissions qui ne servent à rien...

Tout cela ne doit pourtant pas faire basculer l'Allemagne dans un populisme anti-européen. L'euro est une formidable avancée et a joué son rôle d'amortisseur de choix pendant les crises successives. L'Allemagne est indispensable à l'Europe mais l'Europe est devenue indispensable à l'Allemagne aussi. Alors, Angela, ne prends pas la mouche et ne fais pas une erreur que tu regretteras. Nous devons trouver une solution européenne pour sauver la Grèce. N'en veux pas à ceux qui expriment leur rancoeur devant vos succès. Ils ne comptent pas. Il y a encore en France des entrepreneurs qui rêvent d'une France qui gagne, comme l'Allemagne, sans tricher, ni pleurnicher.

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Commentaires 3
à écrit le 29/03/2010 à 12:58
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Merci à Marc Fiorentino pour son article, l'Allemagne réussit certes mais à quells coûts ? Les salaires de misère dans les secteurs des services sont légions (2,50,- 3,50 Euro de l'heure), l'exportation se fait sur le dos des salariés allemands puisq...

à écrit le 23/03/2010 à 7:02
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Comment faire pour virer le gouvernenment en place: "ON A ECHANGE NOS GOUVERNEMENTS".... Y a t'il un parti honnete capable de dire ce qu'il fait et de faire ce qu'il dit ??? Les élections ne servent à rien, on sort des noms d'un chapeau (toujours les...

à écrit le 22/03/2010 à 21:23
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Bravo ,voila qui sonne juste . Et qui va encore faire grève demain ? et mettre encore la pagaïe ? toujours notre chère sncf . Pendant ce temps nos voisins germains sont au travail EUX . Ah si les français voulaient bien arrêter de gémir et se mettre ...

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