C'est officiel, la Chine va mettre fin au "peg" qui liait sa monnaie au dollar depuis deux ans, et qui l'empêchait de s'apprécier. L'annonce a été applaudie par ses partenaires commerciaux éreintés, les Etats-Unis, le Japon, l'Europe, notamment. Enfin, les dirigeants chinois esquissent un geste de nature à calmer leurs appels lancinants à une réévaluation du yuan ! Pour cause de crise économique, Pékin avait interrompu en 2008 un mouvement de hausse de sa monnaie entamé en 2005. En trois ans, elle avait gagné environ 21% face au dollar. Seulement !, s'indignent les éminents chercheurs du Peterson Institute for International Economics, qui la jugent toujours sous-évaluée de 20% à 40%.
Même le Brésil et l'Inde, pourtant solidaires de la cause émergente, se sont agacés de l'avantage concurrentiel dont bénéficie leur puissant partenaire. Sans en attendre de miracles - la Banque de Chine a tempéré les attentes dès hier -, chacun espère que les promesses seront suivies d'effet. Pékin y trouvera aussi son compte car comme le dit si bien l'un des (très) nombreux proverbes chinois, rendre service aux autres, c'est se rendre service. Faute de laisser transparaître dans le cours de sa monnaie les flux de capitaux qui font exploser ses réserves de change à quelque 2.500 milliards de dollars, la Chine est en train de créer chez elle de dangereuses bulles de créances très douteuses.
A coups de taxes foncières et immobilières et de hausses du taux de réserves obligatoires des banques, Pékin tente de calmer, entre autres, le zèle des promoteurs de Shanghai. En 2007, c'est déjà à coups d'impôts que le pays avait maté une euphorie boursière excessive. Mais les capitaux spéculatifs sont là, qui attendent de pied ferme l'inévitable hausse du yuan, corollaire des succès chinois. La Banque de Chine assure qu'elle gardera le contrôle des fluctuations de sa monnaie. Espérons qu'elle ne sautera pas avec le couvercle d'une marmite monétaire en surchauffe.
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