Chez France Télécom, la crise sociale révélée par la série noire de suicides l'année dernière ne va pas se résoudre d'un coup de baguette magique. Stéphane Richard arrivé aux commandes pour tourner cette sombre page n'a pas sorti lundi de potion miracle. Car il ne peut pas y en avoir. Le corps social de l'opérateur télécoms en France, où l'ex-monopole compte 100.000 collaborateurs, était protégé puisque la plupart ont le statut de fonctionnaire, mais déboussolé par de nouvelles priorités et des changements incessants d'organisation interne.
La première urgence dont Stéphane Richard s'est acquitté était d'arrêter les mutations forcées et de rouvrir le dialogue social. La pression managériale sur les individus s'est relâchée. Mais la pression sur la machine sera maintenue, comme dans toute entreprise en situation concurrentielle. Stéphane Richard a donc entrepris deux actions supplémentaires pour aider le groupe à sortir de ce mauvais pas. D'abord l'écoute. Cela faisait longtemps qu'un patron de France Télécom n'avait pas consacré autant de son temps à la rencontre des salariés, en France comme à l'étranger.
Ainsi en Belgique, où Stéphane Richard s'est rendu récemment, les salariés de Mobistar, l'une des grosses filiales de France Télécom, n'avaient pas vu de "big boss" depuis Michel Bon ! Thierry Breton et Didier Lombard goûtaient manifestement moins à ce genre d'exercice.
L'autre chantier est le rajeunissement des effectifs. La moyenne d'âge, de 47 ans dans l'Hexagone, est une préoccupation en soi. Consacrer davantage de moyens au recrutement de 10.000 personnes en trois ans est un choix volontariste osé. Car le groupe télécoms, par rapport à ses concurrents, n'est pas vraiment en sous-effectifs. C'est un changement de ton après des années avec les yeux rivés sur les objectifs de réduction d'effectifs, même si les objectifs sont toujours là. Surtout, c'est un investissement dans l'avenir de France Télécom, dans le capital humain.
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