Communication non violente, comment savoir parler à vos équipes

LE TRAVAIL DANS TOUS SES ÉTATS. La communication constitue une intarissable source d'opportunités pour que le management marque sa reconnaissance envers les collaborateurs. À condition que cette communication soit non violente. Par Jehanne Essa, préventrice et enseignante vacataire en innovation sociale à l'université de Bordeaux.
(Crédits : Pixabay / CC)

Rose a la boule au ventre. Ses relations avec le DG se détériorent sans qu'elle en comprenne la raison. De son côté, Patrick, le DG, recourt aux sous-entendus pour faire passer ses messages sans, pense-t-il, la blesser. Les mois s'enchaînent et Rose ne reçoit toujours aucun feedback. Elle en devient « parano ». Persuadée que son poste sautera avec la prochaine restructuration, elle part en arrêt maladie...

Dans un autre registre, Jean est fier du nouveau produit que fabrique son usine. Un matin, pour accélérer la cadence, il désactive certains organes de sécurité sur les machines. Son chef d'équipe, Pierre, ferme les yeux pour éviter des tensions. Au bout du compte, cette attitude scinde l'équipe en deux : ceux qui respectent les règles et les autres. Peu à peu, Pierre perd sa légitimité et les salariés n'en font plus qu'à leur tête.

Patrick et Pierre n'ont pas mesuré l'importance d'exprimer leur ressenti à leurs collaborateurs. Ce manque de communication génère du malaise et des tensions dans les équipes. En termes de risques psychosociaux (RPS), les conséquences sont multiples : iniquité managériale, désengagement, souffrance au travail, accroissement des arrêts maladie et des accidents du travail. De son côté, le manager entre dans une douloureuse situation d'échec.

La nécessité de créer un langage commun

En clair, la communication doit relier entre elles différentes strates de toute organisation. Cependant, son importance est fortement sous-estimée. Pourtant, la communication constitue une intarissable source d'opportunités pour que le management marque sa reconnaissance envers les collaborateurs. À condition que cette communication soit non violente. Ce qui présuppose de mettre en place une véritable culture d'entreprise.

Or cette construction réclame la montée en compétences et l'accompagnement des managers ainsi que l'intégration de cet axe dans la stratégie de l'entreprise. Autrement dit, il s'agit d'organiser, sur quelques jours, un stage de formation à la communication non violente à destination des managers. L'objectif est d'acquérir une solide base méthodologique. Par exemple pour apprendre à structurer son message de feedback.

Ainsi, dès que Pierre constate que Jean ne respecte pas la consigne de sécurité, il aborde le sujet avec Jean et fixe le cadre de la discussion. Pierre suscite l'échange en posant des questions ouvertes à Jean qui, de lui-même, met en relief le fait que la machine dysfonctionne et a besoin de réglages. Vient alors l'étape de recadrage ou de reconnaissance : Pierre se positionne en tant que manager et explique la règle à respecter. Ensemble, ils actent les dispositions à prendre. Enfin, Pierre rappelle les conséquences disciplinaires qu'encourrait Jean s'il reproduisait ce comportement.

Fédérateur, cet axe stratégique de la communication non violente du feedback finit par créer un langage commun. Mais la clé du succès vient d'une pratique quotidienne à tous les étages de l'entreprise : au comité de direction, dans les exercices collectifs, lors de l'accueil de visiteurs sur les sites, lors d'audits...

Bref, toute situation est prétexte à donner un feedback aux équipes. Grâce à ces retours réguliers sur le travail effectué, les relations hiérarchiques s'apaisent et les collaborateurs se sentent valorisés. Ce qui les aide à comprendre et accepter les pistes d'amélioration. Mais attention : la culture de la communication non violente ne tient que si, d'une année à l'autre, on revient à la case formation. Piqûre de rappel indispensable.

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Commentaire 1
à écrit le 27/03/2019 à 9:14
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Vous vous rendez compte où nous en sommes ? Conseiller la non violence dans le cadre des relations interprofessionnels, déjà un bilan désastreux en soi... Que font les parents !?

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