Gorbatchev, 30 ans après le Mur

LA CHRONIQUE DU "CONTRARIAN" OPTIMISTE. Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait, prélude à la fin de la guerre froide. L'un des principaux acteurs, Mikhaïl Gorbatchev, persiste et signe dans un ouvrage qui livre son testament politique, actualisant la perestroïka (réforme) et la Glasnost (transparence) au monde d'aujourd'hui.
Robert Jules
Mikhaïl Gorbatchev, en octobre dernier.
Mikhaïl Gorbatchev, en octobre dernier. (Crédits : Reuters)

Mikhaïl Gorbatchev a été un des acteurs majeurs qui ont permis que, le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombe sous les coups de pioches et de marteaux de la population, ouvrant la voie à la réunification de la RDA et de la RFA. La fin de la guerre froide, le démantèlement de l'URSS et la fin de l'expérience communiste ont suscité à l'époque bien des espoirs. Trente ans après, que reste-t-il de ce formidable élan de liberté ? Le dernier dirigeant de l'URSS y répond dans un ouvrage en forme de testament politique, « Le futur du monde global » (*). Deux dangers majeurs menacent l'humanité selon lui : la reprise de la course aux armements nucléaires et l'accélération du réchauffement climatique global, qui ne pourront être réglés que sous l'égide d'organisations internationales comme l'Onu, qui ont été marginalisées à tort.

Les Etats-Unis et leurs seuls intérêts

C'est la conséquence, selon lui du choix, des dirigeants des Etats-Unis - un pays qui le fascine tout comme le Japon qu'il admire - d'avoir, après la chute de l'URSS, « suivi une stratégie de domination en mettant l'unilatéralité au service de leurs seuls intérêts », qui ont conduit à de nombreuses guerres.

L'ex-secrétaire du PC de l'URSS dénonce aussi les dérives de la mondialisation dans le cadre du néolibéralisme, responsables à ses yeux de la montée des inégalités et de l'affaiblissement de l'Etat providence : « Nous n'avons pas le droit d'espérer que le marché libre et le libre-échange vont tout régler ». Politiquement, celui qui se revendique « social-démocrate » voit avant tout dans la démocratie la possibilité pour les citoyens de changer de gouvernement sans violence, grâce au vote. Car ce qui est nouveau, c'est que « les gens rejettent avec une détermination croissante l'emploi de la violence pour résoudre les problèmes, y compris lorsqu'ils sont de nature globale ».

Quant à la Russie, dont le PIB avait presque diminué de moitié dans les années 1990, Gorbatchev met au crédit de Vladimir Poutine d'avoir œuvré à la modernisation et à la stabilisation du pays et de son économie même si 19 millions de Russes vivent sous le seuil de pauvreté. Politiquement, il considère que « la Russie ne peut avoir qu'un seul avenir : la démocratie ». Et s'adressant aux gouvernants de la Russie, il leur dit : « N'ayez pas peur des gens ! (...) Cessez de voir des ennemis dans ceux qui manifestent, qui contestent ou qui signent des pétitions. Une société civile vivante, créative et exigeante est dans l'intérêt aussi bien des citoyens que du gouvernement. Et elle va voir le jour. »

Un message parcourt d'ailleurs ce livre, empreint d'une certaine mélancolie, mais assurément d'une certitude pour l'avenir : pour résoudre les différences et les oppositions des gouvernants, il faut « s'asseoir à la table des négociations et ne pas s'en lever tant que les problèmes ne sont pas réglés ». Cette volonté mérite d'être entendue.

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(*) Mikhaïl Gorbatchev « Le Futur du monde global », éditions Flammarion, 216 pages, 18 euros.

Robert Jules

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Commentaires 3
à écrit le 08/11/2019 à 13:19
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Il n’y aucune raison que les politiques actuels refusent le statut de victime aux citoyens européens : lavage de cerveau en Europe de l’ouest grâce à beaucoup d’universitaires, à une large partie de la presse comme de nombreux politiciens .....et tor...

le 08/11/2019 à 14:56
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Avant il faudrait déjà faire un procès au nazisme et à tout ses collaborateurs français et allemands jamais punis et les héritiers de leur fortune et influence politique dont nous héritons de l'oligarchie actuellement svp, ensuite pas de problème pou...

à écrit le 08/11/2019 à 10:25
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Les américains ont battu les soviétiques à plates coutures c'est flagrant, de ce fait, vu la puissance nucléaire dont disposait l'URSS en déclin, on ne peut que chaleureusement le remercier !

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